La ZLECAf : plus grand marché unique mondial, ambitions et promesses
L’Afrique a lancé en Janvier 2021 la Zone de Libre-Échange Continentale Africaine (ZLECAf), le plus grand marché unique mondial.
Ce marché fait suite à l’union de sept zones d’échanges à savoir la Communauté Economique Est Africaine (EAC), Le Marché Commun des Etats de l’Afrique de l’Est et Australe (COMESA), la Communauté de Développement des Etats de l’Afrique Australe (SADC), la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), l’Union Monétaire et Economique de l’Afrique de l’Ouest (UEMOA), la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC) et l’Union Douanière des Etats de l’Afrique Australe (SACU). Cette zone de libre échange regroupe un marché de plus de 1,3 milliards de personnes pour 55 pays membres avec un PIB combiné produit (PIB) évalué à 3,4 billions de dollars américains. Un projet ambitieux, porteur d’espoirs de croissance et de développement du continent africain. Mais face aux crises qui secouent la planète, la ZLECAf peut-elle tenir ses promesses de bouclier économique pour le continent ? Enquête sur un libre-échange encore en rodage.
Quelques données actuelles sur le commerce intra-africain
Face à la volatilité croissante de l’économie mondiale, marquée par des crises à répétition, la Zone de Libre-échange Continentale Africaine (ZLECAf) se présente comme un rempart potentiel pour les pays africains.
La part du commerce intra-régional au sein des Communautés Economiques Régionales (CER) africaines va de 21 % dans la Communauté Economique des États d’Afrique Centrale (CEEAC) à 79 % dans la région de la Communauté de Développement de l’Afrique Australe (SADC), qui comprend l’Afrique du Sud et l’Union Douanière d’Afrique Australe (SACU).
Le commerce intra-africain représente actuellement environ 17 % du commerce global du continent, ce qui reste faible par rapport à d’autres régions du monde. En Europe, plus de 70 % du commerce total est effectué par le commerce intra-régional. Toutefois, certaines tendances récentes indiquent une croissance progressive des échanges intra-africains, en particulier grâce à la création de la ZLECAf. Le commerce intra-africain est principalement entravé par des obstacles tels que les infrastructures de transport et de communication insuffisantes, les obstacles tarifaires et non tarifaires, ainsi que les disparités réglementaires entre les pays.
Officiellement mise en œuvre depuis 2021, la ZLECAf promet de stimuler le commerce intra-africain, de renforcer la compétitivité industrielle, et de soutenir la transformation économique du continent. Ses objectifs incluent l’élimination progressive des droits de douane sur 90% des produits, la réduction des barrières non tarifaires et la facilitation des investissements interrégionaux.
La vulnérabilité de l’Afrique aux chocs extérieurs
L’Afrique a historiquement été vulnérable aux chocs économiques externes tels que la pandémie de COVID-19 (2020), la guerre en Ukraine (2022), les fluctuations des prix des matières premières à l’instar les émeutes de la faim (2008) et le double choc pétrolier (1972 et 1976) ayant conduit aux Plans d’Ajustement Structurels de plusieurs pays du continent. Ces événements ont exacerbé les défis économiques et sociaux du continent, révélant la nécessité d’une plus grande résilience économique. La ZLECAf est donc perçue comme un mécanisme potentiel pour atténuer ces vulnérabilités en renforçant le commerce intra-africain et en réduisant la dépendance aux marchés internationaux.
La ZLECAf peut-elle tenir ses promesses de bouclier économique ?
Trois ans après son lancement, il est crucial de s’interroger sur l’efficacité de la ZLECAf en tant que rempart contre les chocs économiques mondiaux. Réussit-elle à stimuler le commerce intra-africain, à diversifier les économies du continent et à créer des emplois ? Quels sont les succès et les défis rencontrés ? Nous allons explorer ces questions en se basant sur des faits, des données et des avis d’experts.
Évolution du commerce intra-africain depuis le lancement de la ZLECAf : progression, stagnation ou recul ?
Trois ans après l’entrée en vigueur de la ZLECAf, les échanges commerciaux entre les pays africains ont connu des avancées assez intéressantes. D’après les données de la Banque Africaine de Développement (BAD), la croissance du commerce local en Afrique a été de 20% entre 2021 et 2023. Selon un rapport publié le mercredi 12 juin 2024 par la Banque Africaine d’Import-Export (Afreximbank), les échanges commerciaux intra-africains ont connu une augmentation de 7,2% en 2023, atteignant ainsi 192 milliards de dollars. Selon le rapport de l’ African Trade Report 2024: Climate Implications of the AfCFTA Implementation, le commerce intra-régional a donc constitué 15% du total des échanges commerciaux du continent l’année dernière, contre 13,6% en 2022.
Cependant, cette croissance reste inégale entre les régions. L’Afrique australe a enregistré des augmentations significatives avec 41,4% et reste le moteur des échanges commerciaux sur le continent, tandis que les économies de l’Afrique de l’Est (14,1%), certaines parties de l’Afrique centrale et de l’Ouest ont connu des progressions plus modestes soient 6,6% et 25,7% respectivement ainsi que 12,4% pour l’Afrique du Nord.
De plus, selon ce rapport, les échanges commerciaux intra-régionaux et extra-régionaux en Afrique ont montré une diminution de 6,3% en 2023, atteignant environ 1300 milliards de dollars. Cela est dû à divers éléments qui ont entravé la demande mondiale de matières premières et ont impacté les exportations de marchandises du continent, tels que l’augmentation des tensions géopolitiques liées à la guerre prolongée en Ukraine et au conflit au Proche-Orient, la persistance de taux d’intérêt élevés et le ralentissement de la croissance économique en Chine et dans plusieurs pays développés.
Avec plus de 36% des exportations africaines, la volatilité des prix du pétrole brut a eu un impact négatif sur les performances commerciales du continent. En effet, les prix ont chuté à une moyenne de 82,62 dollars le baril en 2023, contre environ 99,82 dollars le baril en 2022. Les principaux exportateurs de pétrole tels que le Nigeria, l’Angola, la Guinée équatoriale, le Gabon, le Cameroun et la Libye ont particulièrement ressenti cet impact. Le Nigeria quant à lui a connu une baisse de 19,08 % du total de ses échanges commerciaux avec les autres pays du monde en 2023.
Impact concret sur les économies africaines : croissance, diversification, création d’emplois.
D’après une étude de la Banque Mondiale intitulée Zone de libre-échange continentale africaine : effets économiques et redistributif, la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) représente une véritable occasion de stimuler la croissance, de réduire la pauvreté et d’élargir l’inclusion économique dans les pays concernés. Sa mise en œuvre permettrait:
- de sortir 30 millions d’Africains de l’extrême pauvreté et d’augmenter les revenus de près de 68 millions d’autres personnes qui vivent avec moins de 5,50 dollars par jour ;
- d’augmenter les revenus de l’Afrique de 450 milliards de dollars d’ici à 2035 (soit une progression de 7 %) tout en ajoutant 76 milliards de dollars aux revenus du reste du monde ;
- d’accroître de 560 milliards de dollars les exportations africaines, essentiellement dans le secteur manufacturier ;
- de favoriser une progression salariale plus importante pour les femmes (+10,5 %) que pour les hommes (+9,9 %) ;
- d’augmenter de 10,3 % le salaire des travailleurs non qualifiés et de 9,8 % celui des travailleurs qualifiés.
Sur les 450 milliards de dollars de revenus supplémentaires générés par la ZLECAf, 292 milliards proviendraient du renforcement des mesures de facilitation des échanges qui visent à lever les freins bureaucratiques et à simplifier les procédures douanières.
Cela signifie que la ZLECAf aurait également un impact significatif sur les économies africaines. Prenons l’exemple de pays tels que l’Afrique du Sud, l’Éthiopie et le Kenya qui ont enregistré une hausse de leurs exportations de produits manufacturés, ce qui a contribué à diversifier leurs économies. En ce qui concerne la création d’emplois, bien que les domaines comme l’agriculture, les textiles et l’industrie légère ont profité, des données probantes ne sont pas encore disponibles pour évaluer cette croissance.
L’une des plus-values de la ZLECAf, est la reprise économique rapide avec la croissance africaine qui recouvre de la vigueur après la récession mondiale de 2020 : estimée à 3.7 % en 2023 et projetée à 4.2 % en 2024.
Comparaison avec d’autres zones de libre-échange : l’Afrique est-elle à la traîne ou en avance ?
Comparée à d’autres zones de libre-échange comme l’Union Européenne (66%) ou l’Accord de Libre-Echange Nord-Américain (ALENA) (50%), celui des pays de l’Asie du Sud-Est (ASEAN)(25%), le Marché Commun des pays d’Amérique du Sud (Mercosur) (16%) la ZLECAf dont le pourcentage est estimé à 18% (2023) est encore en phase de développement. Cependant, elle montre un potentiel significatif. Selon la Commission Économique pour l’Afrique (CEA), la ZLECAf pourrait augmenter le commerce intra-africain de plus de 50% d’ici 2030, ce qui serait une avancée majeure par rapport à d’autres régions du monde.
Les secteurs qui tirent leur épingle du jeu : exemples concrets d’entreprises et de filières qui profitent de la ZLECAf
Dans certains secteurs, la ZLECAf a été particulièrement favorable : le secteur agroalimentaire au Nigéria a connu une augmentation des exportations vers les pays voisins grâce à la diminution des droits de douane, tandis que des entreprises comme Dangote Cement ont pu étendre leur présence sur le continent grâce à l’accès facilité aux marchés régionaux.
Le Cameroun a effectué ses premières exportations dans le cadre de la Zlecaf en 2022 et il s’agissait des produits agroalimentaires (ananas, safou, gingembre, thé..) via les entreprises Gic Acatex, Ndawara Tea Estate et la Cameroon Tea Estate. On peut aussi citer l’exportation de 99,4 tonnes de lingots d’Aluminium vers l’Algérie via l’entreprise Alucam en juillet dernier.
d’après l’Institut National de la Statistique du Cameroun, sur les 2988,6 milliards de FCFA de recettes d’exportation, 358,6 milliards soit 12,7% proviennent des partenaires commerciaux africains en 2023.
Les obstacles persistants : barrières non tarifaires, infrastructures insuffisantes, lourdeurs administratives…
Malgré ce démarrage prometteur, de nombreux obstacles demeurent. Le commerce est toujours entravé par des obstacles non tarifaires, comme les réglementations sanitaires et phytosanitaires. l’insuffisance des infrastructures de transport et d’énergie, l’absence d’une monnaie unique restreint également l’utilisation pleine du potentiel de la ZLECAf. Finalement, les échanges commerciaux sont entravés par la bureaucratie et les contraintes administratives.
Les leçons de la pandémie : la ZLECAf a-t-elle aidé l’Afrique à mieux résister à la crise ?
La résilience économique de l’Afrique a été mise à l’épreuve lors de la pandémie de COVID-19. Bien que la ZLECAf est encore dans sa phase embryonnaire, elle a joué un rôle essentiel en favorisant la coopération régionale et en atténuant certains effets économiques. Par exemple, des initiatives conjointes ont été mises en place pour garantir l’approvisionnement en biens essentiels, démontrant ainsi la capacité du continent à s’unir face à des crises. Nous pouvons citer le cas de l’Afrique du Sud où U-Mask a réorienté sa production de masques de protection pour l’exploitation minière et l’agriculture vers celle des masques respiratoires médicaux, et du Nigéria où l’Agence nationale pour les infrastructures scientifiques et techniques a fabriqué des ventilateurs sur le territoire nigérian.
Lors de la Conférence Économique Africaine ténue du 02 au 04 Décembre 2021 au Cap Vert, Mme Joy Kategekwa, Conseillère stratégique de l’administrateur adjoint et du directeur régional du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) déclare : «La zone de libre-échange continentale africaine est une incitation pour la reprise socio-économique de l’Afrique après la crise de COVID-19, et un moteur de développement durable, en particulier pour les femmes et les jeunes en Afrique ».
A sa suite, le Directeur de la Division de l’intégration régionale et du commerce, à la Commission économique pour l’Afrique (CEA), Stephen Karingi renchérit en disant que « Stimuler le commerce intra-africain peut servir de plan de relance alternatif pour la création d’emplois, les devises, le développement industriel et la croissance économique ».
Il ajoute que si l’Afrique avait mis en œuvre les accords et les cadres tels que la ZLECAf, le Plan relatif à la fabrication des médicaments pour l’Afrique, le Programme détaillé pour le développement de l’agriculture en Afrique (PDDAA) et le Plan d’action pour le développement industriel accéléré de l’Afrique (AIDA), « nos économies auraient été plus diversifiées, plus fortes et moins affectées par le COVID-19».
Points de vue divergents : optimisme vs. scepticisme quant à l’efficacité de la ZLECAf
Les opinions des spécialistes concernant l’efficacité de la ZLECAf varient. Certaines experts, tels que Vera Songwe, ancienne Secrétaire Exécutive de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), considèrent la ZLECAf comme une « occasion historique » pour l’Afrique de changer son économie et de diminuer sa dépendance envers les marchés extérieurs. Elle met en évidence les avancées réalisées dans la facilitation des échanges et encourage à accélérer la mise en place des réformes.
Pour Albert Zeufack, Economiste en Chef de la Banque Mondiale pour l’Afrique, «La Zone de libre-échange continentale africaine a la capacité d’accroître les possibilités d’emploi et les revenus, ce qui contribue à élargir les perspectives de tous les Africains. Elle devrait permettre de sortir de la pauvreté modérée environ 68 millions de personnes et de rendre les pays africains plus compétitifs. Néanmoins, la réussite de sa mise en œuvre sera primordiale et il conviendra notamment de suivre attentivement ses effets sur tous les travailleurs femmes et hommes, qualifiés et non qualifiés dans tous les pays et secteurs afin de garantir que l’accord porte pleinement ses fruits.»
Selon l’économiste senior à la Brookings Institution, le Dr. John Mukum Mbaku, « la ZLECAf a le potentiel de changer les économies africaines, mais cela exigera des réformes structurelles et des investissements considérables dans les infrastructures. » Quant aux dirigeants d’entreprises tels qu’Aliko Dangote, ils mettent en évidence l’importance de l’intégration régionale pour favoriser le développement industriel.
Carlos Lopes, autre ancien Secrétaire Exécutif de la CEA surenchérit, pour lui la ZLECAf est un moteur de croissance économique durable. Toutefois le Professeur Landry Signé, prévient de l’excès d’enthousiasme et met en évidence l’importance de surmonter les difficultés logistiques et réglementaires afin de tirer pleinement parti des avantages attendus.
Cependant, certains observateurs encore plus sceptiques quant à la capacité de la ZLECAf à tenir toutes ses promesses. L’économiste Kasirim Nwuke, ancien de la Commission économique pour l’Afrique qui relève un problème de timing inadéquat, des financements insuffisants et des risques élevés.Il relève la disparité économique entre les pays africains, avec des écarts significatifs en termes de développement industriel, d’infrastructures et de capacité institutionnelle, pourrait limiter les bénéfices potentiels de la ZLECAf. Les pays les moins développés pourraient avoir du mal à concurrencer leurs homologues plus avancés, exacerbant ainsi les inégalités économiques sur le continent.
En outre, les difficultés non liées aux tarifs, comme les réglementations complexes, les infrastructures insuffisantes et la corruption, pourraient entraver la réalisation concrète de la ZLECAf. Les tensions géopolitiques entre certains pays africains et l’absence de volonté politique pourraient également représenter des défis importants pour l’intégration économique. Finalement, la ZLECAf pourrait entraîner de nouveaux dangers pour les économies africaines, comme la plus grande vulnérabilité aux crises économiques mondiales en raison de l’interdépendance grandissante.
Quelles réformes pour renforcer la ZLECAf et maximiser son impact ?
Pour maximiser l’impact de la ZLECAf et en faire un véritable rempart contre les chocs économiques mondiaux, plusieurs réformes et mesures peuvent être envisagées.
Développement des infrastructures
Il est essentiel de réaliser des investissements importants dans les infrastructures, telles que les transports, l’énergie et les technologies de l’information et de la communication (TIC), afin de favoriser le commerce intra-africain. Il est nécessaire de moderniser et d’étendre les corridors de transport, les ports, les chemins de fer et les réseaux routiers afin de diminuer les frais de transaction et d’améliorer la connectivité entre les pays africains.
Harmonisation des politiques commerciales et des réglementations
Il est crucial d’harmoniser les politiques commerciales et les réglementations afin de diminuer les obstacles non tarifaires. Il est essentiel que les pays africains collaborent afin de faciliter les démarches douanières, harmoniser les normes et les certifications, et combattre la corruption. La création de dispositifs pour résoudre les conflits commerciaux pourrait aussi renforcer la confiance entre les partenaires professionnels.
Renforcement des capacités institutionnelles
Il est essentiel de développer les compétences institutionnelles et humaines afin de garantir une mise en œuvre efficace de la ZLECAf. Il est essentiel que les gouvernements africains investissent dans la formation et le renforcement des compétences des fonctionnaires, des responsables de ports, des agents douaniers et d’autres acteurs essentiels du commerce international. L’efficacité de la ZLECAf peut également être renforcée par la coopération régionale en matière de gouvernance économique et la mutualisation des ressources.
Promotion de l’industrialisation et de la diversification économique
Afin que la ZLECAf soit bénéfique pour tous les pays africains, il est primordial que les gouvernements africains mettent en œuvre des politiques visant à développer les secteurs manufacturiers et les services à forte valeur ajoutée, et que la création de zones économiques spéciales et de clusters industriels favorise la croissance économique et la compétitivité.
- Soutenir et facilitation de l’accès au financement pour les PME : Faciliter l’accès des PME au financement, à l’information et aux marchés, renforcer leurs capacités de production et d’exportation.
- Développer les chaînes de valeur régionales : promouvoir la transformation locale des matières premières, encourager les investissements dans les secteurs à forte valeur ajoutée.
- Création d’une monnaie Unique : Bien que les économies du continent soient diversifiées, avec des spécificités disparates, la création d’une monnaie unique devrait davantage renforcer et accélérer le processus d’intégration régionale et développer le commerce intra-africain. Comme nous pouvons le constater avec l’Union Européenne, l’existence d’une monnaie unique est l’un des facteurs qui grandement contribué à l’accélération du libre échange dans cette atteignant près de 70%.
L’avenir du libre-échange africain
La ZLECAf est un projet à long terme, qui demandera du temps et de l’investissement pour se concrétiser. Il est essentiel pour l’Afrique de renforcer son intégration économique et sa résilience face aux défis du XXIe siècle, tels que les bouleversements politiques, les chocs économiques, les changements climatiques, la digitalisation, la transition énergétique et la concurrence internationale accrue.
La ZLECAf peut constituer un moyen efficace pour atteindre cet objectif, à condition de surmonter les difficultés et de mettre en place les réformes solides et indispensables. Il est question de l’avenir du libre-échange africain, ainsi que du développement économique et social du continent.
La ZLECAf est-elle un rempart efficace ou une promesse non tenue ?
En tant que zone de libre-échange la plus importante au monde en termes de pays membres et de la population, la ZLECAf constitue une initiative prometteuse visant à renforcer l’intégration économique de l’Afrique et à préserver ses économies des chocs économiques mondiaux. Toutefois, sa réussite sera conditionnée par la capacité des pays africains à relever les défis liés aux infrastructures, aux réglementations, aux capacités institutionnelles et à l’industrialisation.
Du point de vue géopolitique, la ZLECAf pourrait également jouer un rôle essentiel dans le renforcement de l’unité africaine et de la position du continent à l’échelle mondiale. En favorisant la collaboration économique et en établissant des interdépendances positives entre les pays africains, la ZLECAf pourrait jouer un rôle dans la réduction des tensions régionales et la promotion de la paix et de la stabilité. Au niveau mondial, une Afrique économiquement intégrée et florissante pourrait jouer un rôle plus puissant dans les négociations commerciales et dans la gouvernance économique mondiale.
Photo : AMISOM/Iwaria
Boutchouang Nghomsi Chanceline