Depuis le début de l’année 2024, précisément le 04 Janvier date à laquelle la campagne d’inscription sur les listes électorales a débuté pour cette année, nous assistons à un regain d’intérêt et une mobilisation sans précédent par les populations camerounaises en faveur des inscriptions sur les listes électorales à travers le pays. Cette volonté citoyenne observée dans les dix régions du pays et particulièrement les grandes villes à l’instar de Douala et Yaoundé) est portée par une synergie d’actions entre les organisations de la société civile (OSC), les partis politiques d’opposition et Elections Cameroon (ELECAM), l’organe en charge de la gestion des processus électoraux. Cet enthousiasme témoigne d’une prise de conscience citoyenne croissante et d’une volonté des populations de participer activement à la vie politique du pays.

Un contexte politique favorable à la mobilisation

La mobilisation pour les inscriptions sur les listes électorales s’inscrit dans un contexte politique marqué par l’approche de plusieurs échéances électorales à savoir législatives, municipales, sénatoriales et présidentielles en 2025. Ces échéances électorales, considérées comme des étapes cruciales pour le renforcement de la démocratie camerounaise, suscitent une forte attente au sein de la population surtout que le Président de la République en exercice ayant un âge avancé, il se murmure un possible changement à la tête de l’Exécutif.

Les citoyens camerounais, désireux de faire entendre leur voix et d’influencer le choix de leurs dirigeants, se mobilisent pour s’inscrire sur les listes électorales et exercer leur droit de vote.

Selon le Directeur Général d’ELECAM, le Dr Erik Essousse, ses équipes sont en ordre de bataille depuis le début de l’année pour la révision des listes électorales en vue des prochaines échéances électorales prévues en 2025 à savoir l’année prochaine. Et l’année prochaine étant une année électorale, il ne sera plus possible d’effectuer une campagne d’inscription sur les listes électorales, c’est l’une des raisons pour laquelle les populations se mobilisent au maximum pour avoir le fameux sésame au moment opportun, à savoir la carte d’électeur.

L’activisme des Organisations de la Société Civile et des partis politiques d’opposition

Plusieurs organisations de la société civile et des partis politiques d’opposition à l’instar du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), le Parti Camerounais pour la Réconciliation Nationale (PCRN) et le parti au pouvoir le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) jouent un rôle déterminant dans la mobilisation des populations en investissant divers quartiers et carrefours. Les membres de ces différentes formations politiques usent de plusieurs stratégies pour motiver et inciter les populations à s ‘inscrire sur auprès des agents d’ELECAM qui s’installent de façon périodique à travers plusieurs coins des différentes villes du Cameroun. Ces volontaires de partis politiques qui ont pris d’assaut plusieurs quartiers en fonction des déplacements des agents d’ELECAM utilisent des slogans pour faire entendre leur plaidoyer « Venez vous inscrire sur les listes électorales ! » « L’heure est au changement ! » « Faites entendre votre voix !». Ces derniers n’hésitent pas à discuter avec les populations et partager avec ces derniers des astuces.

Les réseaux sociaux, catalyseurs de la mobilisation citoyenne

Les réseaux sociaux, notamment Facebook et Twitter, jouent un rôle déterminant dans la sensibilisation des citoyens. Les hashtags #JeMInscris, #MonVoteCompte, #CartedElecteur et #Elections2025, #Vote2025 sont largement relayés, permettant de toucher un public jeune et connecté. Les jeunes, les influenceurs, les artistes, comédiens/humouristes, leaders d’opinion et les sportifs mettent également leur notoriété au service de la cause, incitant leurs fans à s’inscrire.

Nous avons également deux slogans qui sont très tendance en moment à savoir :

– La carte d’électeur tu l’as ? (Inspirée d’une comédie)

– Qui a sa carte d’électeur a droit à une bière ? (Inspirée d’un groupe du 2:0 dominical)

Le phénomène a également pris de l’ampleur dans les foras ayant des milliers de membres où de nombreux administrateurs invitent les membres de ces plateformes à s’inscrire également sur les listes électorales.

Les Organisations de la Société Civile tel le mouvement Jeunesse et citoyenneté active, notamment celles spécialisées dans la promotion de la démocratie et des droits civiques, déploient des équipes sur le terrain pour sensibiliser les populations sur l’importance de l’inscription sur les listes électorales.

Les partis politiques d’opposition, quant à eux, voient dans la mobilisation des électeurs un moyen de renforcer leur base électorale, de recruter des membres et de peser sur les prochains scrutins.

La Diaspora s’y met également

La diaspora n’est pas en reste car elle est un véritable facteur de mobilisation et détient une force électorale qui n’est pas à négliger. Plusieurs ambassades à l’instar des ambassades du Cameroun en France, au Canada et en Allemagne qui ont entamé le processus d’inscription sur les listes électorales sous la supervision d’ELECAM. Malheureusement, certaines conditions à l’instar de la carte consulaire et le titre de séjour légal qui sont exigés aux camerounais de la diaspora, les jours ouvrables (3 jours par semaine pour la plupart) pour les inscriptions constituent des freins pour un bon nombre de pouvoir s’inscrire.

La collaboration d’ELECAM : Un acteur clé du processus

ELECAM, l’organe en charge du processus électoral, joue un rôle crucial dans la facilitation des inscriptions sur les listes électorales. L’institution a mis en place un dispositif multiforme pour permettre aux citoyens de s’inscrire facilement et dans les meilleures conditions possibles.

ELECAM a multiplié les centres d’inscription sur l’ensemble du territoire national. Ces centres sont généralement installés dans des lieux publics accessibles aux populations, tels que les mairies, les écoles, les marchés, les carrefours et à proximité des buvettes.

Enfin, ELECAM a intensifié ses campagnes de communication pour sensibiliser les populations sur les conditions et les délais d’inscription sur les listes électorales. L’institution utilise divers canaux de communication, tels que la télévision, la radio, les réseaux sociaux et les affiches publicitaires, pour diffuser ses messages. Cependant la demande est très forte car de nombreux citoyens se plaignent de ne pas toujours savoir où se trouve le centre d’inscription ELECAM à proximité de leur zone d’habitation.

L’engouement des populations : Un signe d’espoir pour la démocratie camerounaise

Le regain d’intérêt pour les inscriptions sur les listes électorales traduit l’engouement des populations pour le processus électoral et leur volonté de participer activement à la vie démocratique de leur pays. Cet élan citoyen est un signe d’espoir pour la consolidation de la démocratie camerounaise et enfin mobiliser un nombre record d’inscrits sur les listes électorales mais aussi de votant depuis 1992. il faut le rappeler en 1992, sur 4 195 687 d’inscrits pour 3 015 448 de votant soit moins de 21% d’abstention.

Par contre en 2018, nous avons enregistré 6 667 754 d’inscrits pour 3 590 681 de votants avec plus de 45 % d’abstention.

Déjà il faut le rappeler, les conditions pour être éligible pour s’inscrire sur les listes électorales :

  • Les citoyens camerounais, jouissant de leurs droits civiques sans distinction de sexe, âgés de vingt (20) révolus, et résidant depuis au moins six (6) mois dans la commune concernée ;
  • Les citoyens camerounais ne remplissant pas les conditions d’âge ou de résidence au moment de l’inscription, mais qui les rempliront avant la clôture définitive des inscriptions ;
  • Les militaires et assimilés de toutes armes, sans condition de résidence, au lieu où se trouve leur unité d’attache.

La mobilisation des Organisations de la Société Civile, des partis politiques d’opposition, d’ELECAM et même du parti au pouvoir jouent un rôle déterminant dans l’éveil citoyen observé ces derniers mois. Ces acteurs sont en train de réussir une sensibilisation des populations sur l’importance de l’inscription sur les listes électorales et leur permettre de s’inscrire facilement et dans les meilleures conditions possibles.

L’engouement des populations pour les inscriptions sur les listes électorales laisse présager une forte participation aux prochaines échéances électorales. Cette participation massive est essentielle pour le renouvellement de la classe politique et la construction d’une démocratie plus inclusive et plus représentative au Cameroun.

Des entraves au processus et des défis à relever

Malgré cet engouement, le processus d’inscription n’est pas exempt d’obstacles. Certaines autorités locales, notamment certains élus locaux (maires) et le ministère de l’Administration territoriale, ont été accusées de freiner les inscriptions, notamment en limitant ou interdisant l’accès aux points d’inscription temporaire/journalier.

Le gouvernement étant sur ses gardes. Paul Atanga Nji, Ministre de l’Administration Territoriale, a fait une sortie pour mettre en garde les hommes politiques contre « toute tentative de manipulation pernicieuse de l’opinion publique tendant à faire de l’inscription sur les listes électorales une surenchère politique ou un facteur de perturbation de la tranquillité des citoyens ».

Ces entraves, dénoncées par la société civile et l’opposition, risquent de compromettre la crédibilité du processus électoral.

Par ailleurs, le manque de moyens matériels et humains dans certains centres d’inscription, ainsi que les lenteurs administratives, constituent autant de défis à relever pour garantir un processus d’inscription fluide et efficace.

Nous avons également certains citoyens et organisations de la société civile qui ne sont pas favorables à cette campagne d’inscription à l’instar de la leader de l’opposition Edith Kah Walla, Président du Cameroon People’s Party (CPP) et promotrice du mouvement Cameroon Ô Bosso. Pour elle et ce mouvement, il est souhaitable de procéder à une transition au Cameroun puisque le processus électoral est vicié et la fiabilité pas du tout garantie.

En conclusion, le regain d’intérêt pour les inscriptions sur les listes électorales au Cameroun est un phénomène positif qui traduit l’engagement des populations pour la démocratie. Ce dynamisme citoyen est porté par une synergie d’actions entre les OSC, les partis politiques d’opposition et ELECAM. L’engouement des populations pour les inscriptions sur les listes électorales.

Un nombre record d’inscrits et des perspectives encourageantes

Lors de la 2è session ordinaire du Conseil Electoral d’ELECAM présidé par le Dr Enow Abrams Ebe, officiant comme Président de ce démembrement, ce dernier a annoncé qu’à date du 27 Juin 2024, 461 559 nouveaux inscrits ont été enregistrés sur les listes électorales portant à 7 823 434 citoyens enregistrés sur les listes électorales avec cible de 7 500 000 pour l’année 2024.

Ce chiffre record qui témoigne d’une volonté de changement et d’une aspiration à une démocratie plus participative des citoyens camerounais alors que nous avons encore deux mois avant la clôture de la campagne des inscriptions prévue le 31 Août 2024.

Cette mobilisation citoyenne est porteuse d’espoir et elle permet de percevoir que d’ici la fin du processus d’inscription, nous pouvons compter davantage de citoyens inscrits sur les listes électorales. Elle montre également un engament des citoyens pour leur pays et disposer à prendre leur destin en main. Il appartient désormais aux autorités de mobiliser davantage d’agents pour les inscriptions sur les listes électorales et réduire considérablement les entraves observées sur le terrain afin de garantir un processus électoral transparent, équitable et inclusif afin de maintenir motiver cette mobilisation citoyenne.

Enjeux et perspectives pour les échéances électorales 2025

Les prochaines échéances électorales, prévues en 2025, s’annoncent cruciales pour l’avenir du Cameroun. La forte mobilisation que nous observons lors de cette campagne d’inscription sur les listes électorales laisse entrevoir une participation massive et une compétition électorale forte.

Cependant, de nombreux défis importants restent à relever pour garantir la fiabilité du processus électoral. Notamment, il s’agit de :

  • Assurer la transparence et l’équité du processus électoral ;
  • Lutter contre la fraude et les irrégularités ;
  • Garantir la sécurité des électeurs et des candidats ;
  • Assurer une couverture médiatique impartiale et équilibrée.

La réussite de ces élections dépendra en grande partie de la volonté politique des autorités et de l’engagement de la société civile. Il est essentiel que tous les acteurs concernés travaillent ensemble pour garantir un processus électoral libre, transparent et démocratique, à la hauteur des attentes des citoyens camerounais.

Le Citoyen Actif

Photo : AMISON/Iwaria