La République démocratique du Congo a toujours connu des élections contestées. Et ces contestations commencent dès la nomination du président de la Commission électorale. Cette année, le président Tshisekedi avait l’occasion de changer ce paradigme, mais il vient aussi de faire ce que ses opposants qualifient de « passage en force ».

Le samedi 16 octobre dernier, l’Assemblée nationale a entériné la désignation de Denis Kadima comme nouveau président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni). Problème : l’homme ne fait pas l’unanimité dans la classe politique congolaise. Rien que son nom exacerbe les tensions entre partisans et adversaires du président Félix Tshisekedi.

Denis Kadima était déjà rejeté par l’opposition et une partie de la société civile en raison de sa proximité supposée avec le président Tshisekedi. Malgré tout, l’Assemblée nationale a entériné sa désignation pour qu’il succède à Corneille en fin de mandat.

Les espoirs déçus

Après l’entérinement par la Chambre basse de la RDC, plusieurs voix se sont élevées demandant à Félix Tshisekedi de ne pas valider la désignation de Denis Kadima comme nouveau président de la Commission électorale. Membre de la coalition au pouvoir, Moïse Katumbi par exemple, avait adressé une correspondance à Félix Tshisekedi l’exhortant à rejeter Denis Kadima puisqu’il ne réunit pas le consensus nécessaire. La même demande était faite par les églises catholique et protestante, et même certaines organisations internationales.

Malheureusement cette attente n’a pas trouvé satisfaction, car Denis Kadima a bel et bien été investi par une ordonnance présidentielle vendredi 22 octobre. « J’ai décidé d’investir le nouveau bureau de la Commission électorale nationale indépendante entérinée par l’Assemblée nationale », a déclaré en substance Félix Tshisekedi dans une adresse à la nation le même vendredi. Il a avancé un certain nombre de raisons qui l’ont poussé à prendre cette option. A ce sujet, les critiques et les condamnations ont fusé de partout, accusant le président d’avoir opéré un passage en force pour s’octroyer un second mandat.

Ce qu’en pensent les pro et anti Kadima

Les partisans du chef de l’État disent soutenir Denis Kadima parce qu’il dispose d’une expérience internationale incontestable en matière d’organisation des élections. Il a participé aux missions d’observation des élections dans plusieurs pays africains. Sur ce point, aucun autre candidat n’avait un tel curriculum vitæ. Il est le directeur exécutif de l’Institut électoral pour une démocratie durable en Afrique (EISA). Raison pour laquelle les pro- Tshisekedi accusent ses adversaires de refuser Denis Kadima simplement par haine tribale, parce qu’il est de la même tribu que le président de la République.

En revanche, ceux qui sont contre Denis Kadima allèguent que ce dernier a été désigné sur la base des pressions du régime et des tentatives de corruption par les proches du chef de l’État. Pour les détracteurs de Denis Kadima, le nouveau bureau de la Céni est mis en place pour tripatouiller les élections de 2023, dans le but de donner coûte que coûte un deuxième mandat à Félix et Tshisekedi. Mais certains observateurs de la politique congolaise attendent de juger Denis Kadima sur les actes.

 

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