À une année et quelques mois de l’élection présidentielle de 2025 en Côte d’Ivoire, les dispositions d’esprit, les discours et les attitudes des politiques ne rassurent pas. On sent les germes de l’élection chaotique de 2011 dans l’air.
Volées de bois vert. Attaques verbales par presses interposées. Positions radicales et rigides tranchées. États d’esprit quasi-guerrier. Le constat saute aux yeux. Les hommes politiques ivoiriens, à une année et quelques mois de l’élection présidentielle de 2025, ne rassurent pas quant à leurs discours et prises de positions. Le parti au pouvoir, le RHDP, n’entend pas lâcher prise de si tôt après quasiment trois mandats consécutifs qui laissent constater une gouvernance où les grosses œuvres voyantes et mirobolantes tapent plus à l’œil que le bien-être d’une population qui aspire à se soigner, ne nourrir, s’instruire, se déplacer, plus convenablement.
Les mêmes causes produisent les mêmes effets…
Si les élections présidentielles de 2010 et 2020, en Côte d’Ivoire, ont produit des étincelles transformées en guerre armée en 2011, surtout, c’est bien parce que les règles du jeu électoral n’avaient pas été clairement établies. Même elles l’avaient été, elles n’avaient pas été respectées. Et tout semble aller dans le même sens pour l’élection présidentielle de 2025 à venir.
De la commission électorale indépendante (CEI)
Les premières élections présidentielles sous le Pdci-Rda, parti unique d’alors, étaient organisées et les résultats proclamés par le ministère de l’Intérieur. Depuis l’avènement du multipartisme, cette tâche est dévolue à une Commission Électorale Indépendante (CEI). Une commission qui crée plus de problèmes à la Côte d’Ivoire qu’elle n’en résout. La guerre de 2011 est survenue suite à une proclamation des résultats qui n’avait pas rencontré l’assentiment de tous les partis politiques en compétition. On connaît la suite. Le même scénario s’est reproduit en 2020, mais avec des conséquences moins graves qu’en 2010. La gangrène de cette commission, c’est qu’elle est composée de membres de partis politiques en compétition. Qui va laisser sa place à qui en interne dans la mesure où chaque formation aspire à gouverner ? L’identification des populations et la CEI sont deux problèmes majeurs auxquels le pouvoir en place et les partis d’opposition devraient pouvoir trouver des solutions avant les élections de 2025.
La volonté affichée d’un 4ème mandat
Le président Alassane Ouattara a cette manie de faire dire à son entourage politique ce que lui-même va affirmer avec le temps. La campagne pour son 4ème mandat consécutif a commencé. Son camp « l’oblige » déjà à se présenter en 2025. Mais comment, lui, « le candidat naturel » pourrait-il refuser la main tendue de son parti ? Que le chef de l’état aspire un autre mandat, il en a le droit selon la nouvelle constitution de 2016 taillée dans ce sens. Mais le problème majeur, c’est que toutes les conditions ne sont pas réunies pour une élection libre et transparente. Et le pouvoir n’y voit aucun inconvénient. Voici tout le nœud du problème qui attend la Côte d’Ivoire politique. À l’état actuel des choses, tous les ingrédients sont réunis pour une élection bâclée. Et les conséquences d’un tel scrutin sont connus. Surtout en Côte d’Ivoire où les séquelles des violences postélectorales restent encore vivaces dans les esprits.
En un mot comme en mille, les élections présidentielles de 2025 ne sentent pas bon en Côte d’Ivoire. En tout cas si les clés politiques et les dispositions d’esprit restent en l’état.
Marie De Dieu
Election Photo by AMISOM