Que l’on vive dans un pays développé ou émergent, qu’on soit riche ou pauvre, privilégié ou défavorisé, homme ou femme, le droit à la santé est un droit fondamental et universel, mais son accès est souvent conditionné par plusieurs facteurs ou déterminants donc l’un des plus pertinents est le genre.

L’égalité de genre est le principe selon lequel les femmes et les hommes reçoivent un traitement égal sans discriminations basées sur leur appartenance à l’un ou l’autre sexe.

La couverture (sanitaire) universelle quant à elle consiste à veiller à ce que l’ensemble de la population ait accès aux services préventifs, curatifs, palliatifs, de réadaptation et de promotion de la santé dont elle a besoin, et à ce que ces services soient de qualité suffisante pour être efficaces, sans que leur coût n’entraîne des difficultés financières pour les usagers.

On peut donc penser que l’égalité de genre conditionne la couverture sanitaire universelle et que la pratique de l’une aiderait à améliorer l’autre. L’égalité de genre reste une notion pour certains, une affaire de quotas pour d’autres alors qu’elle devrait être inexistante au regard de la déclaration universelle des droits de l’homme. C’est un des déterminants transversaux des inégalités en santé car on le retrouve sur toutes les strates des sociétés, qu’on soit bénéficiaire ou prestataire de soins de santé.

Dans le milieu professionnel sanitaire, le genre conditionne le parcours professionnel dans le système et on observe des inégalités hiérarchiques dans la structure même et le fonctionnement des services.

Dans la plupart des pays, le personnel de santé rémunéré est composé à plus de 70% de femmes. En général, elles sont au bas de l’échelle et exécutantes (aides-soignantes infirmières, sage-femmes etc.). Mais, elles sont très peu représentées aux postes de direction et de responsabilité. De plus, les préjugés sexistes, la violence physique, sexuelle et le harcèlement demeurent des problèmes importants pour les agents de santé et les travailleurs sociaux.

Dans le secteur sanitaire et social, l’écart de salaire entre hommes et femmes dépasse les 20% constatés dans le monde du travail et atteint en moyenne 26% dans les pays à revenu élevé et 29% dans les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure. En ce qui concerne les bénéficiaires de soins de santé, les personnes vulnérables, et/ou pauvres sont parfois marginalisées et souvent pas en mesure de jouir de leur droit à la santé.

Les populations les plus pauvres du monde sont sujettes à des épidémies, mais aussi aux maladies non transmissibles qui pèsent lourdement sur les économies surtout des pays en développement. En même temps, ces populations vulnérables peuvent être visées par des lois et des politiques qui aggravent encore cette marginalisation et qui rendent encore plus difficile l’accès aux services de prévention et de soins.

Lorsqu’on a le double poids d’être pauvre/vulnérable et femme, c’est encore plus complexe car on associe à la fois le facteur genre aux autres facteurs déterminants l’accès aux soins or le genre influe sur la santé et le bien-être y compris quand ils se conjuguent à d’autres déterminants sociaux et structurels ; aux comportements en santé définis par le genre ; et aux prestations du système de santé conditionnées par le genre.

Selon l’OMS l’équité est le fondement pour parvenir à la couverture-santé universelle. Toutes les femmes et les filles, qu’elles soient riches ou pauvres, qu’elles vivent en zone urbaine ou rurale, aient suivi une scolarité ou soient illettrées, doivent avoir une égalité d’accès aux services de santé. C’est un fait ! Pour améliorer l’accès aux soins de santé pour tous et ainsi transformer le mythe en réalité, il est primordial de faire comprendre à toutes les parties prenantes son rôle pour le bon fonctionnement du système de santé

Pour les décideurs (gouvernements, parlements, lobby, etc.) : Il faut s’assurer de la disponibilité en nombre suffisant des établissements, services et programmes de santé publique et de soins de santé ; favoriser l’accès pour tous à ceux-ci et rendre compte aux populations en prenant soins de sanctionner le non-respect des droits de l’Homme.

Pour les prestataires de soins : Il faut administrer les soins sans discrimination aucune fondée sur la race, la couleur, le sexe, la langue, la religion, l’opinion politique ou toute autre opinion, l’origine nationale ou sociale, la fortune, la naissance ou toute autre situation comme le handicap, l’âge, la situation matrimoniale et familiale, l’orientation sexuelle et l’identité sexuelle, l’état de santé, le domicile ou la situation économique et sociale et dans le respect de l’éthique médicale et des différences culturelles et sexuelles.

Pour les bailleurs de fonds et organisations internationales : Il faut orienter les financements vers des établissements qui ont une approche de la santé fondées sur les droits de l’homme car celle-ci fournit des stratégies et des solutions pour affronter et rectifier les inégalités, les pratiques discriminatoires et les rapports de force injustes, qui sont souvent au cœur de l’inégalité des résultats sanitaires. Aussi aider les États à promouvoir des systèmes de santé qui tiennent compte des questions de genre pour réduire les inégalités en santé et enfin sortir la résolution 1325 du conseil de sécurité des Nations Unies du contexte du maintien de la paix et l’appliquer à la santé.

En 2017, l’OMS a instauré une politique d’égalité des sexes au sein du personnel et s’est engagée à augmenter d’au moins 1,5% tous les ans pendant cinq ans la proportion de femmes occupant des postes de niveau P4 au titre d’engagements à durée déterminée ou d’engagements continus, en tenant compte des progrès plus ou moins importants réalisés au Siège et dans les bureaux régionaux. Un exemple à suivre…

Cajo Alemoka

Photo : Iwaria/Iwaria