Il est clair que depuis près de deux décennies, Kigali a adopté une seule stratégie : celle de tout nier. Le gouvernement rwandais nie même les évidences. Dernier cas en date : le rapport d’experts de l’ONU qui donne des preuves de la présence des troupes rwandaises sur le sol congolais. Encore une fois, Kigali a nié, sans pour autant avancer d’arguments convaincants.

Je suis chaque fois choqué que le président Kagame rejette en bloc tout ce qu’il fait pourtant au grand jour au Congo. C’est un peu comme un voleur qui, en plein jour, dérobe dans une maison habitée tout en pensant que personne ne le voit. Or, il n’est  un secret pour personne que les troupes rwandaises font régulièrement des incursions au Congo et que des ressources naturelles congolaises traversent illicitement la frontière en direction du Rwanda. Des images et des rapports l’attestent. Nier cela comme le fait Kagame c’est  se rendre ridicule.

L’armée rwandaise aux côtés du M23 sur le sol congolais

Cette fois, ce ne sont plus de simples accusations congolaises contre Kigali. C’est un nouveau rapport indépendant qui accable le régime de Paul Kagame. Il s’agit du rapport des experts de l’ONU. Et il est on ne peut plus formel : des soldats rwandais se battent bel et bien aux côtés des rebelles rwandophones du M23. Ils leur apportent soutien, armes et munitions. Le rapport avance entre autres comme preuves des images prises par des drones.

C’est ridicule que le Rwanda nie alors que deux de ses soldats avaient même été capturés sur le sol congolais et en tenues militaires rwandaises. Ils n’avaient été libérés qu’après réclamation du gouvernement rwandais. Déjà en 2013, un rapport de Human Right Watch pointait le soutien des forces rwandaises à ces mêmes rebelles du M23. En niant systématiquement ce que tout le monde sait et voit, de qui Kagame se moque-t-il ? De lui-même, de la communauté internationale ou de nous Congolais ?

En fait, pour nous Congolais, nous exigeons que la communauté internationale se serve de ce nouveau rapport et en tire toutes les conséquences. On ne peut pas continuer à amadouer un Kagame qui ne respecte ni la démocratie et les droits de l’homme au Rwanda, ni les frontières de ses voisins.

Le président rwandais devrait savoir que le contexte est en train de changer. Ce n’est plus le même Congo où il pouvait manipuler les politiciens, l’armée et certains membres de la société civile. Il est lui-même témoin de l’unité qu’affichent aujourd’hui les Congolais de tout bord face à l’agression menée par le Rwanda sous couvert du M23. Cela signifie tout simplement que les ambitions hégémonistes de Kigali sur le Congo sont vouées à l’échec.

Curieux que l’ONU sorte ce rapport si tard !

Ce rapport d’experts de l’ONU est tombé à un moment où une bonne partie de la population congolaise exige avec violence le départ de la Monusco, la mission de maintien de paix de l’ONU au Congo. Peut-on dire que c’est seulement aujourd’hui que les Nations Unies découvrent que le Rwanda agresse la RDC ? Ces drones de l’ONU qui ont vu des soldats rwandais sur le territoire congolais étaient-ils aveugles toutes ces années et que c’est maintenant qu’ils voient ? Cela a fait dire à certains que la Monusco participe à un complot qui déstabilise la RDC. C’est ce qui explique l’hostilité grandissante de l’opinion publique congolaise contre la cette mission onusienne.

Ces deux dernières semaines, des manifestations anti-casques bleus ont eu lieu dans plusieurs villes de l’est de la République démocratique du Congo. Le dernier bilan humain fait état de 36 morts dont 4 casques bleus. Au total, 32 civils congolais ont été tués dans des affrontements avec la Monusco. Qui donc a tiré sur eux ? On attend les résultats de l’enquête. Et s’il est établi que ce sont les casques bleus, ce serait une chose très grave.

Par contre, dans l’incident de Kasindi sur la frontière avec l’Ouganda, ce sont les casques bleus de la Monusco qui ont ouvert le feu et tué deux civils congolais. Et voilà la Monusco qui tire sur des gens qu’elle  est censée protéger. De même que le Rwanda nie ses exactions en RDC, le représentant spécial adjoint du secrétaire général des Nations Unies, Khassim Diagne, a lui aussi déclaré que les casques bleus n’ont pas tiré sur les manifestants.

 

Photo d’illustration : Photo-by-AMISOM-via-Iwaria-7.jpg