Depuis des décennies, des milliards de personnes utilisent des vaccins et les reçoivent chaque année en toute sécurité. Plusieurs nouveaux vaccins sont en cours de développement qui, s’ils sont approuvés, contribueront à prévenir des maladies plus graves comme le virus COVID-19, le virus Zika ou le virus Nipah, ou à améliorer l’efficacité des vaccins existants. L’OMS veille à ce que chacun, partout, soit protégé par des vaccins sûrs et efficaces en aidant les pays à mettre en place des systèmes de sécurité rigoureux pour les vaccins, ainsi que pour d’autres médicaments, et à élaborer les normes les plus strictes pour leur réglementation.

Malgré toutes ces précautions, certaines personnes, influencées par un ensemble complexe de déterminants historiques, politiques, sociaux et comportementaux, hésitent à se faire vacciner ou refusent de le faire. En raison de cette hésitation vaccinale, ces populations sont exposées à de nombreuses maladies qu’elles auraient pu éviter. Si l’hésitation vaccinale est aussi ancienne que la vaccination elle-même, la nature du défi change avec le temps. La communication numérique, et les médias sociaux en particulier, catalysent la diffusion rapide de fausses informations, menaçant la santé publique. En 2019, l’OMS a classé l’« hésitation vaccinale » parmi les dix principales menaces pour la santé mondiale, citant son potentiel à saper les efforts mondiaux d’éradication de la poliomyélite, d’élimination de la rougeole et de lutte contre le cancer du col de l’utérus.

Selon l’OMS, les vaccins sauvent plus de cinq vies chaque minute, aidant les gens à grandir et à vieillir en bonne santé. Grâce aux vaccins, plus de 18 millions de personnes qui auraient été paralysées par la polio peuvent aujourd’hui marcher, jouer et danser. Les enfants vaccinés réussissent mieux à l’école et leurs communautés en bénéficient sur le plan économique. Les vaccins font progresser le bien-être mondial et comptent parmi les moyens les plus rentables d’y parvenir. Malgré cela, 20 millions d’enfants ne sont pas vaccinés chaque année et près de 30 % des décès d’enfants de moins de 5 ans sont dus à des maladies évitables par la vaccination.

L’hésitation face aux vaccins est un facteur clé de la sous-vaccination. Comme tous les médicaments, chaque vaccin doit subir des tests approfondis et rigoureux avant d’être introduit dans un pays. Une fois qu’ils sont utilisés, ils doivent faire l’objet d’une surveillance continue afin de s’assurer qu’ils sont sans danger pour les personnes qui les reçoivent. Il est clair que les acteurs de la lutte contre la vaccination opèrent souvent à partir d’une stratégie. Les données actuelles suggèrent qu’ils peuvent avoir une portée nettement plus grande que les défenseurs des vaccins et atteindre les indécis avec un contenu souvent plus persuasif. Sur Facebook, les pages anti-vaccins sont « fortement enchevêtrées » avec les utilisateurs indécis, tandis que les sites pro-science s’adressent aux convertis.

Lors d’une épidémie, on peut observer une surabondance d’informations qui peut conduire les gens à la confusion. Il n’est pas facile dans ce flot d’informations de distinguer le vrai du faux pour certains, et la résurgence des médias sociaux qui n’ont pas de filtre et dans lesquels toutes les couches socioprofessionnelles de la société peuvent se retrouver n’aide pas à contrer la propagation de la désinformation. Compte tenu de ces faits, certaines mesures doivent être prises par les parties prenantes pour lutter contre la propagation de la désinformation.

Les médias jouent un rôle important dans la diffusion de l’information et dans les campagnes de désinformation. Ne dit-on pas que « qui a les médias a le pouvoir » ? Il est possible de combattre la désinformation avec les mêmes armes que celles qui l’ont produite. Alors que les médias traditionnels sont faciles à réguler, les médias sociaux sont omniprésents et il est important de montrer aux gens comment les utiliser par le biais de formations sur l’utilisation des réseaux, mais aussi sur la manière de combattre les fausses nouvelles et de toujours vérifier la source d’une information avant de la partager.

Il est important de développer et de renforcer la recherche scientifique en Afrique, d’encourager l’accès à la formation scientifique et de promouvoir l’esprit d’entreprise, d’encourager la consommation de produits fabriqués en Afrique dans le secteur de la santé, d’accroître la collaboration Nord-Sud et Sud-Sud dans le domaine de la recherche scientifique, d’expliquer la distinction entre information, désinformation et fausse information et de voter des sanctions en cas de diffusion de fausses nouvelles. Il est nécessaire d’utiliser le plaidoyer pour amener les propriétaires de sites web à succès à aider la recherche scientifique. Nous avons vu par exemple comment WhatsApp a décidé de lutter contre la diffusion de fausses nouvelles en limitant le partage de données de 20 à 5 personnes. Il s’agit là d’un effort considérable qui peut être poussé plus loin si les actions de plaidoyer sont bien menées

La communication est la discipline la plus transversale qui peut aider à contrer la désinformation ; en effet, des actions médiatiques et non médiatiques peuvent être entreprises pour convaincre les sceptiques des mérites de la vaccination, telles que des conférences de presse, des publicités sur l’acceptabilité des vaccins, la publication du nombre de personnes sauvées par les vaccins, la communication permanente sur les effets du vaccin et l’assurance que les gens reçoivent de bonnes informations provenant de sources fiables. Les messages de communication doivent être adaptés aux cibles identifiées et des formations à la communication des risques doivent être organisées pour les journalistes et les responsables de la communication.

Les experts de l’OMS, en collaboration avec des scientifiques externes, surveillent et actualisent en permanence le profil de sécurité de plus de 20 vaccins. Avec des partenaires extérieurs, l’OMS aide également les pays à enquêter et à communiquer en cas de problèmes potentiels. Par ailleurs, l’Union africaine a créé les Centres africains de contrôle et de prévention des maladies pour apporter une réponse africaine aux problèmes de santé en Afrique en renforçant les capacités, les compétences et les partenariats des institutions de santé publique africaines afin de détecter et de répondre rapidement et efficacement aux menaces de maladies et aux épidémies sur la base d’interventions et de programmes fondés sur la science, la politique et les données. Africa CDC est une institution technique spécialisée de l’Union africaine créée en 2017 pour soutenir les initiatives de santé publique des États membres.

Cajo Alemoka