Par Appolinaire NISHIRIMBERE
Mardi 16 juin 2020, les législateurs burundais ont adopté le projet de loi portant “Ratification par la République du Burundi de l’Accord de financement no.3 IDA6160 entre la République du Burundi et l’Association internationale de développement” en faveur du projet de préparation et de riposte au COVID-19 au Burundi. Le don accordé est de 5 millions de dollars. Mais pour face au nouveau coronavirus, le ministre de Finances a souligné que le Burundi a besoin de 58 millions de dollars. Il a signalé que le gouvernement a déjà mobilisé 17,4 millions de dollars dans la ligne budgétaire relative à la réponse au Covid-19 et à l’Ebola. Ce qui fera le total de plus de 21 millions de dollars après ratification de ce projet de financement.
Cependant, même si la solidarité internationale oblige en cas de pandémie comme celle du nouveau coronavirus, pourquoi manquer de l’argent pour financer de telles urgences et recourir aux aides internationales alors que plus de 100 milliards de francs burundais sont accordés aux riches par le fisc burundais dans les congés fiscaux ?
D’après un article de Jimbere Magazine de ce 17 juin 2020(https://www.jimbere.org/fisc-bilan-mitige-exonerations-burundi/), en 2015, le Burundi a perdu 100 milliards de FBU; en 2017, il a perdu 111 milliards aux congés fiscaux offerts aux riches; et du 1er juillet 2019 au 31 janvier 2020, le taux d’exécution était de 490 % par rapport aux exonérations prévues par la loi.
Alors, on se demande pourquoi l’État abandonnerait de si grandes sommes d’argent quand on sait que l’impôt n’est pas un souci pour les investisseurs étrangers et qu’aucune étude n’a pu prouver la valeur ajoutée socioéconomique de ces incitations fiscales accordées abusivement aux riches et multinationales ? Le marché, la main d’œuvre qualifiée et moins chère, les infrastructures routières, électriques…, stabilité politique et sécuritaire, la force des lois anticorruption et leur application, les matières premières…telles sont les principaux facteurs d’investissements. Les vacances fiscales est le dernier souci des investisseurs ces conditions sont réunies.
Par exemple, vous rendez-vous compte combien de respirateurs, de masques, de recrutements de Dr en médecine, équipements de laboratoire hôpitaux, d’enseignants d’universités pour une éducation de qualité, peut-on faire avec les 100 milliards perdus annuellement rien que dans les vacances fiscales?
Les nouvelles autorités burundaises devraient s’atteler à ce genre de questions et repenser la politique fiscale et le code des investissements pour mobiliser plus de ressources intérieures afin d’efficacement redistribuer les richesses du pays en finançant , entre autres,les services publics de base comme la santé.