La République démocratique du Congo compte officiellement plus de 10 800 cas de Covid-19 pourun peu plus 275 décès depuis le 10 mars 2020. Malgré ces chiffres, plusieurs personnes à Kinshasa refusent de croire à l’existence de la pandémie.Cette ignorance est l’une des causes de la multiplication des contaminations dans le pays.

Ville de Mbujimayi, vendredi 16 octobre 2020. https://www.radiookapi.net/2020/10/08/emissions/coronavirus-parlons-en/covid-19-rdc-15-nouvJe prends un vol de Congo Airways pour me rendre à Kinshasa. Sur place à Mbujimayi, le test de Covid-19 n’existe pas. Le ministère provincial de la Santé a juste implanté unpetit bureau dans un conteneur à l’aéroport pour prélever la température des voyageurs avec un thermo flash, et c’est tout. Pas de test dans le nez ni dans la bouche, non plus.

En plus, les agents qui y travaillent n’hésitent pas à mendier auprès des voyageurs. Chaque fois, ils tendent la main : « Laisse-nous un peu d’eau à boire », ce qui veut dire : « Laisse-nous un pourboire, un peu d’argent. » Et comme presque tout le monde leur glissait dans la main 500 ou 1000 francs congolais (environ 0.25ou 0.5 dollars américains), moi aussi j’en ai fait autant.

Mais dans ce bureau j’ai remarqué quelque chose : une femme avait une température de 39 degrés lorsqu’on a approché le thermo flash sur son visage. Les deux agents de contrôle ont essayé plusieurs fois sa température, ça indiquait toujours 39. Malgré cela, ilsl’ont laissé voyager. Quelle irresponsabilité ! J’en ai parlé à l’un des agents de l’aéroport, mais personne ne s’en préoccupait. J’ai compris que les gens n’ont pas conscience du danger que représente le coronavirus.

A l’embarquement

A 13h 45, l’avion qui devait m’emmener à Kinshasa atterrit. Un genre de Fokker 50 de la compagnie aérienne Congo Airways. Il venait de Lubumbashi en partance pour Kinshasa. Nous étions une trentaine à embarquer, sans aucun respect de la distanciationphysique. Pareil à bord de l’avion. On était assis côte-à-côte comme d’habitude. Et il y avait des gens qui ne portaient pas de masques.

Après près de 2 heures de vol, nous sommes arrivés à Kinshasa. Les agents du service d’hygiène de l’aéroport de N’djli (aéroport de Kinshasa) nous ont alignés au bord du tarmac pour nous distribuer les fiches de renseignements Covid-19 à remplir. Là encore notre ligne ne respectait aucune distanciation physique. Un à un, nous avons rempli les fiches et les formalités, puis avons retiré nos bagages et nous sommes sortis de l’aérogare.

Départ en ville

A l’extérieur de l’aéroport de Kinshasa, rares étaient les personnes qui avaient un cache-nez. Policiers, militaire, civils, etc., tous avaient le visage à découvert. Les quelques uns qui avaient un masque le portaient mal : ils le portaient sous le menton, laissant voir la bouche et le nez. Cela m’étonnait et m’inquiétais en même tempsau vu du nombre élevé des cas de Covid-19 enregistrés dans la ville de Kinshasa.

Quant à moi, je portais strictement mon masque, parce que j’avais peur de me faire contaminer. Et chaque fois que je touchais quelque chose, je m’appliquais vite un désinfectant sur les mains.

Dans le taxi qui m’a pris, le chauffeur n’avait pas de masque. Cela me gênait beaucoup, car il parlait à haute voix, criait sur ses collègues, etc. En plus il avait bu. Del’aéroport jusqu’au centre ville, je voyais très peu de gens avec un cache-nez. Aucun respect des gestes barrières. Pourtant, c’est ici même à Kinshasa que le gouverneur de la ville a décrété un port obligatoire demasques assorti d’une amende de 5000 francs congolais (0.5 dollars) contre les contrevenants. C’est la preuve que la mesure n’est pas accompagnée d’un suivi par les autorités.

« Le Covid-19 est un vaste mensonge »

J’ai alors posé la question au chauffeur de taxi qui me conduisait. Pourquoi tu ne portes pas un masque ? Tu n’as pas peur du Covid-19 ? Avec sourire, il me répond :« Covid ? Ça n’existe pas ! C’est un vaste mensonge. Personnellement, je n’ai jamais vu quelqu’un atteint de Covid-19. Mais on entend des chiffres à la radio : 9000, 10 000 cas, etc. C’est faux ! Il n’y a pas de Covid-19 à Kinshasa. »

J’ai rencontré plusieurs autres personnes disant la même chose. Certains allant jusqu’à parler de « Covid business » des ONG. J’ai alors compris que mon pays a encore grandement besoin de la sensibilisation sur les ravages du Covid-19. L’Etat, les ONG et les communautés doivent aller à la rencontre de ces Covido-sceptiques pour les ramener à la raison. Ils constituent une menace sur la santé publique dans les différentes villes.

Bref, je voudrais dire à mes compatriotes de Kinshasa que le Covid-19 existe bel et bien. Plus d’un million de personnes en sont mortes dans le monde. Et la pandémie continue à se propager. Presque toutes les provinces de la RDC sont touchées. Ignorer l’existence du Covid est une attitude tout simplement suicidaire. Combattons cette épidémie en respectant les gestes barrières.