Alors que la RDC était sur le point de fêter la fin du virus Ebola qui a ravagé trois provinces du pays depuis août 2018, voilà que le coronavirus pose ses valises à Kinshasa. Un homme de 52 ans, arrivé dimanche 8 mars dans la capitale congolaise en provenance de France, est porteur du coronavirus. La nouvelle a fait l’effet d’une bombe au sein de la population. La RDC est donc le premier pays d’Afrique des grands Lacs à être frappé par le virus parti de Wuhan en Chine.
Après 21 jours sans nouveau cas d’Ebola en RDC, la population commençait à pousser un ouf de soulagement. Mais c’est une joie de courte durée, car avec l’arrivée du coronavirus à Kinshasa, c’est parti pour une nouvelle descente aux enfers dont personne pour l’instant ne peut prédire l’issue. On sait qu’une épidémie peut arriver en un seul jour, mais il faut des mois , voire des années pour l’éradiquer.
La RDC a-t-elle les moyens de contenir une épidémie comme le coronavirus ?
Le gouvernement à travers le ministère de la Santé tente de rassurer : le ministère a annoncé que l’homme malade de coronavirus est déjà placé en quarantaine et que les recherches sont lancées pour retrouver tous ceux avec qui il était en contact, depuis l’aéroport jusqu’à son hôtel. Un pari difficile, sinon impossible, tant on sait la promiscuité dans laquelle vivent la plupart des habitants de Kinshasa. Et donc les Congolais sont inquiets. Beaucoup se demandent même pourquoi la RDC devient le pays de toutes les épidémies meurtrières : choléra, rougeole, Ebola et aujourd’hui coronavirus.
A mon avis, le pays a des hommes et des femmes capables de vaincre le covid-19, mais n’ont pas de moyens suffisants. Il y a quelques jours, deux scientifiques congolais de l’Université de Lubumbashi présentaient un « protocole » à même de maitriser le coronavirus. Mais pour mener à bien leurs recherches, les deux personnes, un homme et une femme, ont besoin de moyens. Un autre chercheur congolais vivant à Montréal dit avoir trouvé un produit susceptible de vaincre le virus. La question est : pourquoi toutes ces compétences congolaises ne sont pas prises en charge par le gouvernement pour les aider à concrétiser les résultats de leurs recherches ?
L’OMS avait déjà prévenu
Connaissant la faiblesse des systèmes sanitaires des pays africains, l’Organisation mondiale de la santé avait demandé à l’Afrique de se préparer à l’arrivée du coronavirus. Se préparer veut dire : mettre des moyens, construire de nouveaux hôpitaux et des infrastructures de mise en quarantaine. Tout cela demande de l’argent et l’a République démocratique du Congo n’en a pas. Elle ne peut guère compter sur l’aide extérieure car les pays donateurs (l’Italie, la Chine, la France, les Etats-Unis…) sont eux-mêmes durement frappés par l’épidémie et ils consacrent leurs moyens à lutter contre la maladie chez eux. L’Europe vient de disponibiliser 25 milliards d’euros pour combattre le coronavirus. Alors que la RDC ne peut même pas se permettre d’y affecter ne serait-ce qu’un milliard de dollars américains. Conséquence : les Congolais se tournent à Dieu et à la religion pour être épargnés de la pandémie.
Ce qui accentue la psychose c’est le fait que les pays développés, avec leurs gros moyens, sont incapables de contrôler le coronavirus. Les scientifiques peinent à trouver un vaccin. Pendant ce temps, les économies mondiales frôlent la récession. En attendant un éventuel vaccin, les mesures préconisées contre le coronavirus sont : le port de masque de protection, le lavage des mains, le confinement, la mise en quarantaine, etc. Pour l’instant en RDC, les masques font défaut dans plusieurs pharmacies. Malgré tout, nous devons prendre toutes les précautions : se laver les mains, tousser dans le creux de son coude, éviter des rassemblements, des embrassades et des poignées de mains.
Des caméras thermiques ont été installées dans plusieurs aéroports du pays. Mais au cas où il faudrait un confinement si la maladie se propageait rapidement à un nombre élevé de personnes, j’imagine qu’il ne serait pas facile de confiner une ville de 12 millions d’habitants comme Kinshasa. D’autant plus que pour vivre, les citoyens lambda sont obligés de sortir chaque jour pour se débrouiller. Dans un tel scénario, l’épidémie sera difficile à contenir en République démocratique du Congo.