Le Togo comme nombres de pays africains est frappé par le Coronavirus. Au compteur du gouvernement, 18 cas confirmés, une cinquantaine de cas suspects ce 23 mars 2020. Même si aucun décès n’est enregistré, les signaux sont inquiétants au sein de l’opinion nationale qui déplore l’état catastrophique du système sanitaire. Pas un seul hôpital de référence. Le scanner reste un luxe dans les centres hospitaliers. C’est dans ce contexte des plus préoccupants que le Covid 19 s’invite au pays de Faure Gnassingbé.
Quinze ans de gouvernance sans qu’aucune structure sanitaire ne sorte de terre, sans non plus la réhabilitation des existantes. Dans le domaine de la santé, le bilan est quasi nul.
‘’Les hôpitaux au Togo sont des mouroirs’’, la formule consacrée.
Il y a quelques années les professionnels de la santé ont multiplié les grèves réclamant de meilleures de conditions de vie et de travail sans succès. Les hôpitaux manquent de tout. Equipements, ressources humaines, ressources financières. Pire, les produits les plus élémentaires manquent parfois. (Alcool, éther, lits, gants, eau courante, etc.) Tout ou presque manque.
Aucun pays sans un minimum de structures sanitaires aux normes moyennes ne peut faire face au Covid 19 et le Togo en la matière ne peut juguler de façon efficace et efficiente la pandémie, le croire relève de l’utopisme.
Le gouvernement togolais, s’est contenté de s’aligner sur les mesures standards de précautions. (Lavage fréquent et au savon des mains, éternuer dans le coude, éviter les contacts trop rapprochés…) ce sont à ces mesures que doivent s’accrocher les populations togolaises qui ne les respectent qu’à minima. Certains se confiant à la providence, d’autres encore aux recettes à base de plantes médicinales africaines. Grâce aux réseaux sociaux ces messages atteignent un grand nombre. ‘’Mieux vaut ne pas atterrir dans un hôpital togolais’’ est la prière du citoyen ordinaire. Avec un sarcasme-ironique et pour beaucoup, le virus de la dictature installée depuis 54 ans tue plus que le Covid 19.
Quant au personnel de la santé il crie au secours. Plus de moyens, plus de protection.
Le Docteur Gilbert Tsolényanu du Syndicat des Praticiens Hospitaliers du Togo (SYNPHOT) demande vivement à la population d’observer les mesures barrières les seules à même de les aider à ne pas contracter le virus. A l’endroit du gouvernement il souhaite la mise à disposition de matériels de soins ainsi que de protection ; (masques, combinaisons, gants, solutions hydro alcooliques…) permettant de soigner les malades sans risque de contamination ainsi que des moyens thérapeutiques en cas de complications ; notamment des masques simples et des masques à hautes concentration pour oxygéner des patients en soins intensifs ainsi que pour des patients admis en réanimation. « Nous avons besoin de respirateurs d’oxygène, d’air médical et il est impératif de mieux équiper les centres de santé notamment le CHR Lomé commune réquisitionné pour la prise en charge des personnes contaminées. Le matériel disponible est insuffisant », a martelé Gilbert Tsolenyanu secrétaire général du SYNPHOT
Le gouvernement pour sa part se contente du service minimum, avec des communiqués pour la plupart laconiques.
Se sachant défaillant, le gouvernement togolais aurait pu mettre l’accent sur les mesures préventives et s’y prendre beaucoup plus tôt. II a trainé à fermer les écoles puis les frontières terrestres.
Les avions continuent de survoler l’espace aérien du Togo ; les marchés fonctionnent à plein régime comme si de rien n’était ainsi que les débits de boissons.
Depuis le début de la pandémie pas un seul message radio-télévisé du Chef de l’Etat ou du Ministre de la Santé pour rassurer et indiquer avec pragmatisme et espoir comment l’Etat du Togo compte sécuriser les citoyens, comme tous les autres pays normaux essayent de le faire.
La communication est quasi inexistante. Les structures diplomatiques et religieuses font mieux que le gouvernement togolais en matière de communication et de proximité avec les couches sociales. Tous les ministres reconnus pour leur zèle outrancier sur les sujets touchant au pouvoir observent en ces temps de Covid 19 un silence assourdissant.
De l’avis de plusieurs professionnels de la santé, la situation va se compliquer davantage et le gouvernement ferait mieux de prendre la mesure de la gravité du moment.