Alors que le nombre de cas de Covid-19 est en augmentation en République démocratique du Congo, surtout avec l’arrivée du variant Delta, la campagne de vaccination, quant à elle, piétine. Le seul vaccin disponible à l’heure actuelle dans le pays c’est AstraZeneca. Mais les gens en ont peur en raison de ses effets secondaires qui seraient « parfois mortelles » selon certains témoignages pas toujours vérifiables. Parmi les réticents, figure le président Tshisekedi lui-même.
Dans plusieurs pays, ce sont les autorités qui donnent le ton du lancement des campagnes de vaccination contre le Covid en se faisant vacciner elles-mêmes devant les caméras. Ce geste a pour effet de stimuler les autres citoyens à emboîter le pas. Par contre en RDC, la campagne de vaccination a été lancée, mais aucune haute autorité ne s’est présentée pour être vaccinée. De quoi décourager la population et renforcer la méfiance. Ce sont plutôt les expatriés et quelques rares volontaires congolais qui ont pris leur dose de vaccin.
Pendant ce temps, le variant Delta progresse. L’OMS et l’Institut national de recherche biomédicale de Kinshasa (INRB) ont noté une augmentation de nouveaux cas et du nombre de décès. La troisième vague de la pandémie est confirmée. Ce qui a poussé le chef de l’État à remettre en place certaines mesures de protection telles que la fermeture des bars et des terrasses, mais aussi le maintien du couvre-feu de 22h à 4h ; l’interdiction de tout rassemblement de plus 20 personnes ; l’interdiction de l’organisation de veillées mortuaires dans les salles et dans les parcelles ; la fermeture des discothèques et boîtes de nuit…
Le doute du président Tshisekedi contribue au rejet du vaccin
La RDC avait commandé 1,7 millions de doses de vaccin AstraZeneca. Mais le stock est resté inutilisé pendant plusieurs mois, alors qu’une partie approchait la date de péremption. Pour éviter l’expiration, ces doses ont été redistribuées dans d’autres pays qui les ont rapidement utilisées. Conséquence : la campagne de vaccination fait du surplace en RDC.
Plus grave, dans une interview aux médias nationaux, le président Tshisekedi affirme qu’il ne veut pas se faire vacciner à l’AstraZeneca. Une position qui complique la tâche aux vaccinateurs. Pour étayer son refus, il donne des exemples de plusieurs personnes qui selon lui sont décédées après s’être fait vacciner avec AstraZeneca. « D’autres types de vaccins arrivent d’ici la mi-juillet. C’est alors que moi et mon épouse nous nous ferons vacciner. Pas AstraZeneca », a dit en substance le président.
Cette malheureuse déclaration a été condamnée par plusieurs personnes et organisations qui luttent contre le coronavirus. Sur les réseaux sociaux, beaucoup ont déploré une sortie médiatique « calamiteuse » du président, allant jusqu’à se moquer de son service de communication. Surtout lorsque, sur un autre sujet, Tshisekedi a déclaré : « Je ne connais pas mon salaire. »
Aujourd’hui force est de constater que la méfiance vis-à-vis du vaccin est totale chez la majorité des Congolais. Certains persistent à croire que le Covid-19 n’existe pas du tout et que c’est juste un business international des vendeurs des vaccins. Je pense que le président Tshisekedi a donné de l’eau au moulin des anti-vaccin. Il aurait dû se taire. Pourtant, s’il avait donné l’exemple en se faisant lui-même vacciner, il y aurait eu moins de sceptiques en République démocratique du Congo.