« L’année 2023 sera essentiellement électorale », a déclaré le président Félix Tshisekedi lors de son discours sur l’état de la nation devant les deux Chambres du Parlement. Sont donc prévues en cette nouvelle année : les élections législatives et présidentielles conformément au calendrier électoral publié le 26 novembre 2022 par la Commission électorale nationale indépendante (Céni).

Le scrutin présidentiel est prévu le 20 décembre 2023. D’ores et déjà, je constate que le paysage politique congolais a commencé à se redéfinir. Les différents leaders politiques se mettent en ordre de bataille. Et les discours deviennent beaucoup plus tranchés et dangereux.

Au vu des déclarations des uns et des autres, j’ai bien peur que l’ambiance électorale en décembre ne soit très agitée en République démocratique du Congo. Dans la classe politique, beaucoup disent ne pas être disposés à laisser se reproduire ce qu’ils qualifient d’ « élections chaotiques de décembre 2018 ».

Défections et nouvelles alliances politiques

Candidat à sa propre succession, Félix Tshisekedi aura fort à faire face à certains de ses anciens alliés désormais passés dans l’opposition. C’est le cas de Moïse Katumbi, ancien gouverneur de la riche province congolaise du Katanga. Il y a aussi Jean Marc Kabund, ancien bras droit de Tshisekedi, devenu l’un de ses plus farouches opposants. Kabund a, lui aussi, déclaré sa candidature à la présidentielle.

Également présenté comme potentiel candidat, le prix Nobel de la paix, Denis Mukwege, mais aussi les opposants Martin Fayulu et Matata Ponyo, ont publié une déclaration commune dans laquelle ils critiquent sévèrement le régime de Félix Tshisekedi. Cette unité de pensée et de vision entre les trois hommes fait croire à une possible future alliance électorale anti-Tshisekedi, d’autant plus que Matata et Fayulu sont d’ores et déjà des candidats déclarés.

Au fur et à mesure qu’on va s’approcher de la date des élections, on devra s’attendre à de nouvelles candidatures à la présidentielle du 20 décembre. D’aucuns évoquent la possible candidature de Jean-Pierre Bemba, leader du Mouvement de libération du Congo, acquitté en 2018 par la Cour pénale internationale après 10 ans passés en prison à La Haye. Pourtant, pour le moment, Jean-Pierre Bemba fait encore partie de la coalition qui soutient le chef de l’État.

Moïse Katumbi

L’autre front anti-Tshisekedi se joue du côté de Moïse Katumbi. Il a annoncé sa candidature à l’élection présidentielle après avoir claqué la porte de l’Union sacrée, la coalition au pouvoir menée par le président Tshisekedi. Moïse Katumbi passe jusqu’à présent pour le prétendant le plus sérieux face à l’actuel occupant du Palais de la nation.

« Je suis candidat, car la situation du pays est chaotique et je dois sauver un peuple en danger », a déclaré le président du Tout Puissant Mazembe. Il promet de renforcer les Forces armées de la RDC pour faire face aux défis sécuritaires qui se posent dans l’est du pays. La candidature de Katumbi à la présidentielle a été officiellement validée par le congrès de son parti Ensemble pour le changement le 22 décembre 2022 à Lubumbashi.

Moïse Katumbi a également recommandé aux ministres membres de son parti à quitter le gouvernement pour le rejoindre dans l’opposition. Message bien reçu, car trois de ses ministres ont déposé leur démission pour marquer leur loyauté à l’ancien gouverneur du Katanga. Il s’agit du ministre des Transports Chérubin Okende, de celui du Plan Christian Muando Nsimba et de la vice-ministre de la Santé, Véronique Kilumba Nkulu.

En revanche, certains proches de Katumbi ont choisi de rester dans le camp de l’actuel président Félix Tshisekedi. C’est le cas de plusieurs députés du parti ‘’Ensemble pour le changement’’, mais aussi des ministres, notamment ceux des Affaires étrangères (Christophe Lutundula), des Affaires sociales (Modeste Mutinga) et de l’Enseignement supérieur et universitaire (Muhindo Nzangi).

À mon avis, ce qu’il faudra éviter au cours de ce processus électoral, ce sont les discours de haine et de xénophobie, mais aussi des appels à la violence. Chaque Congolais, qui en a la qualité et les compétences, a droit à aspirer à diriger son pays. Il y aura plusieurs candidats, mais c’est la population qui désignera le meilleur dans les urnes.

 

Photo by Aimee via Iwaria