» L’ennemi, c’est celui qui vous hait et veut vous détruire, l’adversaire, c’est celui qui vous aime et veut vous transformer. Les démocraties cultivent leurs ennemis ; elles liquident leurs adversaires. « 

Le 30 juillet les Sénégalais iront voter pour choisir leurs représentants au sein de l’Assemblée Nationale. Depuis le 09 juillet 2017 la campagne électorale bat son plein et prendra fin au soir du 28 juillet. A ce niveau nous sommes en mesure de tirer le bilan de la phase préélectorale mais aussi de la première quinzaine de la campagne et faire les perspectives en ce qui concerne la période postélectorale.

Bilan de la phase Préélectorale

Une élection comporte trois phases : préélectorale, électorale et postélectorale.

La phase préélectorale a été marquée principalement par la refonte totale du fichier électoral et l’élaboration de nouvelles cartes d’identité biométriques CEDEAO.

Les législatives en chiffres

15.256.346 Sénégalais selon les prévisions de l’ Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie
5.973.178 d’électeurs
150 députés issus de la liste nationale et des listes départementales
15 issus de la diaspora
47 listes en compétition
6357 lieux de vote
13989 bureaux de vote
1700 Tonnes de papier seront nécessaire pour confectionner les bulletins de vote selon Baba Tandian imprimeur sur la Radio Futurs Médias
25000 Isoloirs de plus commandés

Diaspora

318 lieux de vote
645 bureaux de vote
267356 électeurs
La polémique
Le débat est d’actualité et porte sur la méthodologie du vote, comme le prévoit le protocole additionnel de la CEDEAO sur la démocratie et la bonne gouvernance toute réforme devra faire l’objet du consentement d’une large majorité. Pour l’expert en procédure électorale Ndiaga Sylla « à ce jour 40% des 4,5 millions de cartes produites sont en souffrance dans les commissions. Il s’y ajoute le gap de deux millions de cartes à éditer d’ici la date des élections. Avec la capacité de production actuelle (60.000 à 70.000 cartes par jour) on va forcément poursuivre la production des cartes jusqu’à la dernière semaine d’avant scrutin sans être assuré que celles-ci seront remises aux électeurs malgré le dispositif déployé par les services centraux DGE, la DAF et les autorités administratives »

La phase électorale
Cette partie sera close le 28 juillet avec la fin de la campagne électorale qui aura débuté le 09 et duré 21 jours.
Cependant, ce qui est dommageable à cette phase électorale est le fait que la phase préélectorale soit inachevée.

– Les citoyens sénégalais ne disposent pas tous de leur carte nationale d’identité, la distribution desdites cartes est prolongée jusqu’au 29 juillet veille des élections

– La modification de l’article 78 du nouveau code électoral qui biaise le principe du secret du vote des citoyens

– La carte électorale devrait être mise à la disposition des listes depuis le 29 juin 2017 donc 30 jours avant le scrutin

– La mise à disposition de la liste des électeurs par bureau de vote 15 jours avant la date du scrutin donc à la date du 14 juillet 2017 a été effective bien plus tard.

Les faits marquants

Le gouvernement anticipe les vacances gouvernementales, il n’y a pas eu de conseil des ministres depuis le début de la campagne cela est dû au fait que le chef du gouvernement le Premier Ministre Mohamed Boun Abdallah Dione est la tête de liste de la coalition du parti au pouvoir, et qu’il y a aussi de nombreux ministres investis.

Il faut aussi noter le retour tonitruant au pays de l’ancien Président et non moins tête de liste de la coalition Wattu Senegaal Maitre Abdoulaye Wade. Qui à 92 ans et après avoir dirigé notre pays pendant 12 ans revient à la charge.

Cependant, les faits les plus marquants sont les actes de violences notées çà et là et mettant en scène le plus souvent le parti au pouvoir :
– Bagarres au sein de la coalition Benno Bokk Yakkaar (BBY)
– Bagarres entre BBY et Mankoo Taxawu Senegaal coalition dirigé par le maire de Dakar présentement en prison
MICHAUD dans son ouvrage Violence et Politique distingue plusieurs types de phénomènes de violence qui peuvent coexister mais qui n’ont ni les mêmes causes, ni les mêmes résultats, nous prenons pour exemple ici:
– « la violence politique diffuse, celle des émeutes, révoltes et manifestations y compris le banditisme. Cette forme de violence locale et peu organisée est liée essentiellement à des mouvements de foule. Elle constitue en quelque sorte une forme d’autodéfense des communautés. »

La phase postélectorale

Cette phase sera déterminante pour l’avenir du Sénégal. L’organisation de la phase préélectorale et de la phase électorale a été décrié par la plupart des acteurs même si l’Etat du Sénégal promet que ces élections se dérouleront dans le calme et la sérénité. Le rôle des différents acteurs que sont la CENA, le Ministère de l’Intérieur, les autorités administratives, la CNRA, les 47 listes engagées et les populations sera déterminant.

La frange particulière de la population que sont les jeunes aura un rôle important à jouer dans la stabilisation du pays en faisant preuve de maturité en ne prenant part ni n’organisant de manifestations violentes.
Nous estimons aujourd’hui que la stabilité du pays dépend d’un seul organe qui est l’ETAT du Sénégal qui se doit de garantir des élections libres, démocratiques et transparentes. Il convient de souligner que les élections ne sont pas la seule cause de violence pré- ou post-électorale. Souvent, les élections fournissent l’opportunité pour le peuple d’exprimer d’autres griefs de nature politique ou sociale, au sujet du partage des ressources, de la justice sociale, de la marginalisation, des rivalités ethniques, de l’intimidation ou d’autres malaises perçus ou réels.

  1. Les conflits en Afrique sont principalement causés par les élections donc une seule certitude pour nous : en juillet 2017 au Sénégal nous assisterons à des Législatives à enjeux.