Les Guinéens semblent « libérés » depuis le 5 septembre 2021, date du coup de force perpétré par une junte militaire amenée par le colonel Mamady Doumbouya.

Le coup d’État militaire qui a emporté Alpha Condé du pouvoir en Guinée, le 5 septembre 2021, est le déversement interprété. Quasiment trois mois après. Aussi bien par les Guinéens eux-mêmes que par des observateurs politiques. La Cedeao qui s’est auto saisie de la situation a envoyé un émissaire en Guinée pour une médiation visant à faire libérer l’ancien président, Alpha Condé. Réponse froide du colonel Mamady Doumbouya.  » La Guinée n’est pas en crise », a-t-il répondu à la Cedeao.

Et depuis sa prestation de serment le 1er octobre 2021, le président de la transition agit dans le sens de « refonder l’Etat » de la Guinée comme il l’a promis. Il a commencé par nommer un Premier ministre en la personne de Mohamed Béavogui, 68 ans. Cet dernier a d’abord eu pour mission de former un gouvernement, ensuite soumettre un plan d’action au colonel Mamady Doumbouya. Le tout devant aboutir à l’organisation d’une élection présidentielle après la transition dont la durée n’a toujours pas été élucidée.

Mais déjà, les Guinéens vivent dans un désormais « confort » relatif. Plus de dispositifs militaires contraignants dans les quartiers. Le couvre feu allégé. Même le coût du carburant a été revu à la baisse. Un début du changement ? Trop prématuré pour l’affirmer.

Seulement voilà. Durant le temps que va durer la transition, quel modèle de gouvernance le colonel Mamady va-t-il adopter ? Un modèle type adapté à la réalité de son pays ou va-t-il « importer » un schéma à la française ? 

Qu’à cela ne tienne. Mamady Doumbouya et sa nouvelle équipe ont promis au peuple guinéen de leur proposer un nouveau modèle de vie. En assurant déjà leur sécurité. En leur permettant de vivre avec le moins de pression possible sur leur propre sol. En luttant contre la cherté de la vie et la corruption galopante.

Si tout ce que promet la junte militaire devient réalité et se réalise, si elle arrive à donner un contenu politique à la transition et en fixer enfin un délai, si les élections qui s’en suivent ont lieu sans qu’aucun membre du gouvernement de transition ne soit candidat comme promis, et que la Guinée en retrouve une stabilité dans la durée, on peut se permettre de lâcher que ce coup de force, dans le cas spécifique de la Guinée, n’a pas été exceptionnellement nocive. Même si dans l’absolu, un coup d’État étant antidémocratique à la base, est une mauvaise option de conquête du pouvoir.

 

Crédit photo : Alpha Ousmane Souare