La Brigade Anti-Sardinards (B.A.S.) a organisé une manifestation à Genève pour protester contre le séjour du président Paul Biya en Suisse.

Lees activistes camerounais de la diaspora, dont la plupart sont membres de la Brigade Anti-Sardinards (B.A.S.) ont organisé le samedi 17 juillet 2021 à Genève, une manifestation pour protester contre la présence de Paul Biya, président de la république du Cameroun, en territoire Suisse. La manifestation, préalablement autorisée, a par la suite été interdite par les autorités helvétiques, qui ont estimé qu’il y avait des risques de violence. Présents en nombre à Genève, les activistes de la diaspora ont bravé l’interdiction et ont manifesté malgré tout, ce qui a donné lieu à des violences et à une réaction musclée de la police genevoise.

« Attrapez-le ! »

« Opération Catcham », tel est le nom que certains activistes, membres ou non de la Brigade Anti-Sardinards (B.A.S.) aux manifestation de ce 17 juillet. Signifiant littéralement « attrapez-le » en pidgin English, l’opération semblait avoir pour but de capturer le président Biya, comme certains activistes et internautes l’ont martelé sur les médias sociaux.

Pour de nombreux camerounais donc, l’objectif des manifestants n’était pas seulement de s’exprimer, mais aussi de s’en prendre, physiquement si l’occasion se présentait, au président Biya. Mais la B.A.S. ou les manifestants en général auraient-ils pu s’en prendre à Paul Biya ? Il est clair que non. La sécurité du président, de même que les autorités suisses ne l’auraient pas permis. Et les manifestants étaient bien placés pour le savoir.

Si l’opération Catcham n’avait pas pour but de « catch » le président camerounais, pourquoi donc a-t-elle été mise en place ? Une chose est certaine, voir débarquer des centaines de personnes qui viennent protester contre la présence d’un chef d’état dans un pays étranger n’est jamais une bonne chose.

Persona non grata

En 2019 déjà, les membres de la B.A.S. avaient fait du grabuge devant l’Hôtel Intercontinental de Genève lors du dernier passage de Paul Biya sur le territoire Suisse. Après près de 2 années passées au Cameroun, le fait que les mêmes manifestations soient organisées donne mauvaise presse au président Camerounais.

On se souvient que suite aux événements de 2019, le député suisse Sylvain Thevoz avait lancé une pétition adressée au Grand Conseil de Genève, « pour que Genève déclare Paul Biya persona non grata » et que certains députés avaient . En plus, nombre de journaux avaient relayé l’affaire, surtout que lors des échauffourées, des journalistes avaient été violentés par la garde rapprochée de Paul Biya.

Tout ceci avait déjà donné une certaine image du président Biya. Deux ans plus tard, lorsqu’il annonce un séjour privé en Europe, les compatriotes de la diaspora se remobilisent et bravent l’interdiction de manifester.

Comme en 2019 une autre députée suisse, Stéfanie Prezioso, monte au créneau pour demander que Paul Biya ne soit plus accueilli à Genève. Comme en 2019, de nombreux journaux internationaux relaient abondamment l’affaire dans leurs colonnes et sur les réseaux sociaux.

Il semble donc, que ce soit cela le but de la B.A.S. : faire de Paul Biya un colis encombrant pour les pays européens qui voudraient l’accueillir. Donner mauvaise presse au président et profiter pour dénoncer tout ce qui se passe au pays et qu’ils jugent anormal.

« Ça se passe au Cameroun »

Au niveau du Cameroun, les autorités et autres personnalités qui se sont prononcées ont majoritairement condamné les actions de la B.A.S., arguant que s’il faut résoudre un problème qui concerne les camerounais, cela doit se faire au Cameroun et non en suisse.

Seulement, une demande de manifestation déposée quelques jours après par le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (M.R.C.), le parti politique de Maurice Kamto, a été interdite alors même qu’ailleurs au pays des personnes manifestaient librement pour condamner les actions de la diaspora. Un deux poids deux mesures qui justifie peut-être que l’Europe soit devenue le terrain d’expression de certains Camerounais.

Peut-on dire que l’opération « Catcham » était une réussite ? Difficile de se prononcer. Ce qui est sûr, c’est que le président Biya est toujours en Suisse et que les autorités helvétiques n’ont pas jugé opportun de lui demander de plier bagage. Le temps permettra certainement de juger des résultats de cette opération en fonction des prochains déplacements de Paul Biya hors du Cameroun.