Trevor Noah, comédien sud-africain invité  lors de l’émission The Dail Show, une émission télévisée nocturne populaire satirique  aux États-Unis, avait une fois décrit Donald Trump comme le premier Président africain de l’Amérique. En effet, les Américains feraient bien d’examiner le continent en général et le Kenya en particulier pour avoir un aperçu de la vie sous une administration Trump.

  1. Trump, le président-élu, et le Président du Kenya, Uhuru Kenyatta, ont beaucoup en commun. Les deux sont incroyablement riches, ils sont des enfants privilégiés avec un succès douteux aux affaires, et tous les deux ont été accusé d’avoir incité à la haine ethnique et raciale. Tous les deux ont réussi à diriger leur pays selon les circonstances les plus improbables, et face à l’opprobre et le dénigrement d’une certaine frange de la population. Tandis que beaucoup de gens à travers le monde ont souligné la xénophobie de Trump ainsi que son approche imprudente face aux affaires internationales, Kenyatta avait fait face à une opposition similaire à sa candidature trois ans plus tôt. Cela découlait de sa condamnation, avec son colistier à la cour pénale internationale pour les crimes contre l’humanité relatif à la violence post-électorale au Kenya en 2008, qui avait entraîné le mort de plus de 1 000 personnes.

En plus, tous les deux, Trump et Kenyatta, ont des idées similaires sur la manière de gouverner leurs pays.

Par exemple, ils partagent un sens de méfiance et de mépris à l’égard des médias. Trump a utilisé les termes comme « racaille », « illégitime » et « gens affreux » pour décrire les journalistes, et il a déclaré son intention de faciliter le processus pour les poursuivre en justice, tandis que, de façon régulière, Kenyatta dénigre les journaux comme étant seulement bon pour emballer la viande, et son administration a introduit de nouvelles lois visant à réprimer le reportage indépendant. Cette administration a arrêté et battu les journalistes qui continuent à poser des questions gênantes et, en exploitant son influence publicitaire et réglementaire, elle a fait pression sur les institutions médiatiques en  les poussant à la démission ou encore au retrait des articles. Tout récemment,  à la suite d’une série d’articles relatives à la corruption, Kenyatta a déclaré que les médias devraient être tenus de fournir les preuves relatives à l’exposé de toute allégation de malversation gouvernementale, ou bien de faire face aux conséquences.

Quand il s’agit de lutter contre les terroristes, leurs déclarations sont fort semblables. Pour tous les deux, ils préfèrent parler en termes vagues et grandiloquents, et diaboliser les réfugiés musulmans et les immigrés plutôt que d’offrir des propositions  politiques détaillées. Trump déclare que son plan pour  vaincre ISIS est un secret, dont les détails ne seront pas révélés au grand public dans l’immédiat. On espère qu’il va les partager avec les généraux, étant donné le fait qu’il prétend en savoir plus qu’eux sur comment lutter contre les extrémistes. Somme toute, l’administration de Kenyatta a mis trois ans pour trouver une stratégie pour aborder la question de la  radicalisation, et comme Trump, elle n’a pas produit une stratégie pour vaincre Al Shabaab, le groupe terroriste basé en  Somalie, qui a tué presque 800 ressortissants kenyans, la plupart d’entre eux après l’entrée en fonction de Kenyatta.

En plus, il s’agit de savoir si Trump donnera suite à ses promesses, souvent répétées, de faire en sorte que le Mexique organise et paie les frais de construction d’un mur le long de la frontière du sud des États-Unis, pour empêcher l’entrée des immigrés (demande refusée par le Mexique à plusieurs reprises). Là encore, Kenyatta pourrait donner quelques conseils.

Selon quelques responsables, le gouvernement de Kenyatta est en train de construire un mur le long de la frontière avec la Somalie, près de la ville frontalière de Mandera. il a aussi était question de la mise en place d’une barrière physique (on a entendu parler d’un mur humain), dont la construction est en cours.

En sus du mur, Trump s’est engagé à rassembler et à expulser du pays tous les immigrés illégaux, qu’il accuse de spéculer et de parasiter le système, en faisant augmenter le crime, et en prenant les emplois, et de cette façon empêchant les citoyens américains de poursuivre des opportunités et donc faire baisser les salaires. Le fait que très peu de ce qui précède soit vrai ne semble pas avoir beaucoup d’importance. De même, le régime de Kenyatta aime diaboliser les réfugiés Somaliens, en les accusant de n’importe quoi et de tout, en partant des attaques terroristes jusqu’à ponctionner l’économie du Kenya, et il en fait ainsi un moyen de distraction pour cacher ses propres échecs. En 2014, en vertu de l’opération Usalama Watch, il a commencé à les rassembler et à les expulser, mais aussi à borner ceux qui restaient aux camps de réfugiés de Dadaab et Kakuma au nord. Par la suite, au début de cette année, le gouvernement a prononcé son intention de fermer le camp de Dadaab avant la fin du mois de novembre, et depuis ce temps-là, effectivement, il a expulsé les réfugiés malchanceux dans leur pays ravagé par la guerre. (Par suite d’une protestation internationale, ces expulsions sont supendues).

En septembre 2014, le chroniqueur prolifique ougandais, Charles Onyango-Obbo a écrit que la Cour pénale internationale « a fait du Kenya un pays africain, finalement ». Ce qu’il voulait dire c’était que, tout en essayant de faire échouer les procédures contre le Président et son adjoint (et de cette façon d’éviter ainsi toute possibilité de les responsabiliser pour les violences de 2008), elle a fait que le pays s’alignait encore plus avec les régimes autoritaires  en vogue à travers le continent. De même, peut-être il n’est pas très loin de la vérité de suggérer que, suite à l’élection de Donald Trump, les États-Unis sont devenus également partiellment un pays africain.