La grâce présidentielle accordée à l’ancien chef de l’état ivoirien, Laurent Gbagbo, par son successeur, Ouattara Alassane, n’a pas rencontré l’assentiment de ce dernier et de son camp. Ils y ont opposé un refus politique catégorique.

Le petit peuple ivoirien, la Côte d’Ivoire politique, toutes les couches sociales, associés, ont tous sauté au plafond quand les trois leaders politiques ivoiriens, en l’occurrence, Laurent Gbagbo (PPA-CI), Henri Konan Bedié (Pdci-Rda) et le président, Alassane Ouattara, se sont rencontrés le 14 juillet 2022 dernier à la présidence de la République à Abidjan en Côte d’Ivoire. Une rencontre qui a suscité un réel espoir de décrispation de l’environnement socio-politique ivoirien.

Un espoir que les Ivoiriens attendaient se renforcer davantage à travers la grâce présidentielle accordée, le 6 août 2022, par le chef de l’état, Alassane Ouattara, à Laurent Gbagbo lors de la célébration de la fête de l’indépendance à Yamoussoukro.

Seulement voilà. En Côte d’Ivoire, quand un vent d’espérance politique souffle sur le pays, un autre, contraire, de crispation vient s’y mêler.

Sinon, comment comprendre que l’ex-président, Laurent Gbagbo, et son nouveau parti politique, le PPA-CI, refusent, en bloc, la grâce à lui accordée. D’où son absence à la cérémonie de célébration de l’indépendance à la capitale politique, à Yamoussoukro.

Sur la question, le PPA-CI a officiellement prononcé le refus de la grâce par la voix de son porte-parole, Koné Katinan  au cours d’une conférence de presse :

 » Pour nous, la grâce, telle qu’elle est donnée, est déjà un pas. Mais ce n’est pas ce que nous attendions. Donc nous continuerons notre lutte pour que la totalité de ses droits soient reconnus au président Laurent Gbagbo.Nous ne sommes donc pas d’accord avec la grâce. Ça, c’est clairement établi. Nous sommes dans un processus politique qui, pour nous, doit aller au bout. Et attendre ce que nous attendions ; l’amnistie. Parce qu’au-delà des questions politiques, il y a la question d’honneur et de la dignité des personnes. Il ne faut que nous perdions l’humanisme en nous. Et attendre ce que nous attendions ; C’est même une méprise pour la fonction présidentielle. En plus, pour des faits qui n’ont jamais existé ».

Et il poursuit.  » L’amnistie efface les faits à l’égard de tous. L’ordonnance interdit même d’évoquer les faits, même pas par un magistrat. Matériellement, on dit, c’est moi, Katinan, qui a pris l’argent à la BCEAO. Si moi qui étais alors « l’auteur principal » suis amnistié, pourquoi pas mes « complices » dont le président Laurent Gbagbo ne devraient pas l’être ? Raison pour laquelle nous ne sommes pas d’accord avec la grâce qui n’est qu’une mesure de clémence. Sinon, ce n’est pas parce que c’est lié à l’échéance de la présidentielle de 2025″.

Quel impact sur la réconciliation nationale ?

Le refus de la grâce présidentielle de Laurent Gbagbo à lui accordée par le chef de l’état va-t-il plomber le processus de la réconciliation nationale ? Doit-on en rire ou s’en offusquer ?

Avant même l’épisode de la grâce présidentielle, que disent, entre autres, les douze recommandations sur les trente questions débattues par les partis politiques et organisations de la société civile lors du récent dialogue politique ? Quelles mesures fondamentales ont-elles été prises qui garantissent une paix durable avant, pendant et après les futures échéances électorales ?

Des douze recommandations politiques, par exemple, il ressort qu’il faut se départir de la violence comme mode d’accession au pouvoir. Poursuivre le renforcement de la culture démocratique et du civisme au sein de la société. Promouvoir et renforcer la cohésion nationale. Le réaménagement de la commission électorale indépendante (CEI). Régulariser les subventions des partis politiques. La réflexion sur le découpage électoral. Réexamen du mécanisme de financement des candidats à la présidentielle et du remboursement des frais de campagne.

À dire vrai, le politique demeure dans son même jeu favori aérien de chaises musicales. Sinon, rien de suffisamment solide, concret au plan politique, social et du droit qui puisse renverser la table. Encore et toujours les mêmes résolutions qui contribuent au mal-être de la Côte d’Ivoire et de ses habitants depuis maintenant trois décennies. L’Ivoirien lambda ne dit-il pas que quand tu as compris la politique en Côte d’Ivoire, c’est que tu n’as encore rien compris ? 

 

Maria de Dieu