Le score soviétique enregistré par le Rassemblement des Houphouetistes pour la Paix et la Démocratie (RHDP) lors des dernières élections couplées municipales et régionales, reflète-t-il effectivement la réalité démographique, sociologique et politique du terrain en Côte d’Ivoire ? La razzia. 123/201 communes et 25/31 régions acquises lors des dernières municipales et régionales couplées du 2 septembre en Côte d’Ivoire. Le Rassemblement des Houphouetistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) n’y est pas allé de mains mortes. Le parti au pouvoir a fait fort. Faisant même d’une bouchée ses principaux adversaires historiques, le Pdci-Rda et le PPA-CI, nouveau parti de l’ex-président ivoirien, Laurent Gbagbo, à qui le parti présidentiel n’a concédé que des miettes. Mêmes les candidats indépendants ont pointé à la deuxième place derrière le grand vainqueur de cette compétition politique, le RHDP.

Pour ce scrutin considéré comme le baromètre pour la présidentielle de 2025, ce score quasi-soviétique reflète-t-il effectivement la percée nouvelle du parti au pouvoir en Côte d’Ivoire ? Ces résultats stratosphériques, correspondent-ils réellement à la réalité du terrain ? Le scrutin, s’est-il déroulé dans les normes selon les règles de l’art ? Autant d’interrogations qui surgissent quant à la « nationalisation » subite du RHDP sur toute l’étendue du territoire national. Un politilogue se prononce sur la vertigineuse déconvenue de l’opposition.  » Globalement, l’opposition a manqué de préparation. Le RHDP était présent dans toutes les communes alors que le Pdci-Rda était absent dans une vingtaine de communes. L’opposition a surtout manqué de stratégie. À Yopougon, notamment, si les deux partis s’étaient alliés, ils l’auraient emporté. Désormais, l’heure est à l’introspection ».

Selon le politilogue, le Pdci-Rda était absent dans une vingtaine de communes. Si le plus vieux parti ivoirien était absent dans autant de communes, ce n’est pas le PPA-CI de Laurent Gbagbo qui pouvait être représenté sur toute l’étendue du territoire national. Alors questions. Les partis de l’opposition, ont-ils sciemment choisi de briller par leurs absences dans des circonscriptions ou les y a-t-on contraint ? Si oui, par qui ? Et pourquoi ? La liste électorale, a-t-elle été débarrassée de ses irrégularités dénoncées par l’opposition avant cette échéance ? Le découpage électoral, a-t-il respecté la superficie officielle et réelle du pays ? De grosses et fâcheuses interrogations voire préoccupations auxquelles les autorités compétentes devraient trouver réponses.

Comment Bictogo arrache Yopougon à Gbagbo…

Parachuté d’Agboville où il administrait comme maire à Yopougon pour être candidat de la plus grande commune de Côte d’Ivoire, Bictogo Adama s’en est sorti avec le strict minimum à savoir 40,32 % des suffrages exprimés. Largement suffisamment pour démystifier la commune communément appelée  » Yopougon de Gbagbo ». Comment s’y est-il pris ? Au vu des résultats du scrutin, il n’a pas fait beaucoup d’efforts hormis sa campagne classique. Il a juste profité du désaccord puéril de ses deux adversaires dont les scores couplés l’auraient fait déchanter. Comme quoi, le seul nom de Gbagbo, aussi célèbre fut-il, ne suffit plus à fédérer un électorat. Et c’est après leur cuisant échec que confus, Michel Gbagbo (35,38 %) et Dia Mamadou (19,70 %), les deux adversaires de Bictogo, trouvent le triste moyen de se mettre ensemble pour porter réclamation auprès des organismes compétents en la matière.

Pourquoi Bictogo s’est présenté à Yopougon

La candidature de Bictogo Adama à la mairie de Yopougon n’est pas fortuite. Le président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire ne s’est pas présenté dans cette commune de plus d’un million cinq d’habitants par grand amour pour sa population. À priori, il n’y est pas venu pour résoudre forcément les problèmes ou y trouver des solutions. Quand bien même il sera maintenant obligé de s’y faire puisque la situation de Yopougon relève désormais de ses prérogatives.

Adama Bictogo est arrivé à « Yopougon de Gbagbo » pour un challenge politique personnel, celui d’être éligible à la succession du président Alassane Ouattara à l’élection présidentielle de 2025.

Ce n’est un secret de polichinelle. Le président Alassane Ouattara est usé par le pouvoir. Il n’a plus cette santé optimale pour tenir encore de longues années possibles.

Le chef de l’état se cherche donc un digne successeur au RHDP

Suite au décès subit de son dauphin naturel, Amadou Gon Coulibaly. Pour se montrer digne de succéder à Alassane, Bictogo a pris le pari de gagner la mairie de Yopougon considéré comme le bastion naturel de Laurent Gbagbo. La plus grande commune de Côte d’Ivoire considérée comme un « petit pays » dans un pays, y gagner une élection surtout que la commune ne lui est pas favorable d’emblée. Voici le pari que Bictogo a gagné à Yopougon.

Avec cette victoire à la mairie de Yopougon, le président de l’hémicycle ivoirien, est désormais éligible pour figurer sur la liste des potentiels candidats à la succession du chef de l’état pour l’élection présidentielle de 2025.

On le voit, Adama Bictogo a gagné le pari de la mairie de Yopougon, mais il ne compte pas s’arrêter en si bon chemin.

Maria de Dieu

Photo by AMISOM via Iwaria