Dix ans de boycott, ont-ils ruiné ou épuisé l’opposition en Côte d’Ivoire ? C’est selon. Pour sûr, le Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) et Ensemble pour la démocratie et la souveraineté (EDS), les bras significatifs de l’opposition ivoirienne ont fait le choix d’aller aux législatives de mars 2021. Après avoir bruyamment boycotté les présidentielles d’octobre 2020.
Le scrutin du 6 mars 2021 s’est déroulé dans un climat relativement apaisé avec une participation active de tous les poids lourds de l’opposition, à savoir le PDCI de l’ex-président Henri Konan Bédié et (EDS) regroupant les partisans de l’ex-président Laurent Gbagbo. Ces deux principales formations politiques de l’opposition ont même formé une coalition (PDCI-EDS), dans le but de se donner beaucoup plus de chance d’obtenir suffisamment de sièges à l’Assemblée nationale.
C’est la première fois depuis 2011, date de l’arrestation de l’ex-président Laurent Gbagbo, que son parti qui avait opté pour la politique de la chaise vide accepte de jouer le jeu des urnes.
Même si les résultats dévoilés par la Commission électorale indépendante (CEI) sont loin de faire l’unanimité par endroit, le Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), parti au pouvoir, conserve sa majorité à l’Assemblée nationale avec 137 sièges, contre 91 pour les partis d’opposition. En effet, la coalition PDCI-EDS décroche 50 sièges, le PDCI seul obtient 23 sièges, et les pro-Gbagbo seuls 8 sièges, soit au total 81. Les autres partis d’opposition se partagent 10 sièges, les indépendants quant à eux obtiennent 26 sièges.
La coalition Ensemble pour la Démocratie et la Souveraineté est parvenue à reprendre la commune de Yopougon, ancien fief de l’ex-président Laurent Gbagbo. Cette commune était dans la main du parti au pouvoir, le RHDP, depuis 10 ans.
Si l’on peut se réjouir du grand bond démocratique réalisé par la Côte d’Ivoire pour ces législatives, on note toutefois une faible avancée pour les femmes qui obtiennent seulement 2 sièges de plus qu’en 2016. La ratio homme-femme reste très déséquilibré, car sur les 254 députés élus, seulement 32 sont des femmes, soit 12,5 %.