Si la composition de la Commission électorale indépendante ivoirienne est contestée, les dates des élections municipales et régionales demeurent inchangées. Malgré l’injonction de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP), la grogne des partis de l’opposition et la société civile qui exigent une reforme la Commission électorale indépendante (CEI).
Et pourtant, à la veille de la célébration de l’indépendance de la Côte d’Ivoire, le chef de l’État, Alassane Ouattara avait annoncé un ensemble de mesures parmi lesquelles figurait la réforme de la Commission électorale indépendante. Cette annonce avait réjoui l’ensemble de la classe politique ivoirienne. Une joie de courte durée car contre toute attente, le mercredi 5 septembre 2018, le chef de l’État apportera la précision pour dire que la réforme de la CEI concerne uniquement la présidentielle de 2020 et non les élections locales prévues pour le 13 octobre prochain.
« Vouloir utiliser cette CEI pour des élections locales et la changer avant la présidentielle semble incongru. Les municipales et les régionales sont tout aussi importantes que la présidentielle, car ces élections touchent de manière directe au développement du pays », s’insurge Jean-Pascal Koné, assistant suivi-évaluation de l’Ong MESSI (Mission des jeunes pour l’Éducation, la Santé, la Solidarité et l’Inclusion).
La Commission électorale indépendante (CEI) dirigée par Youssouf Bakayoko continue ainsi de fonctionner avec son ancien squelette. Sur les dix-sept membres que compte la commission, neuf appartiennent au pouvoir en place, faisant de cette commission l’appendice du pouvoir. La liste des candidats retenus pour ces élections locales a été rendue publique. Et la campagne électorale s’ouvre le 28 septembre prochain, pour 14 jours.
Le poids de l’opposition
De nombreux observateurs pensent que ce bras de fer entre le gouvernement et l’opposition relatif à la réforme de la CEI n’entachera en rien l’issue de ces élections locales. « Le seul impact qu’il pourrait avoir sur ces élections, c’est que les résultats ne seront pas acceptés par tous les acteurs », annonce l’expert en stratégies militaires et politiques, Philippe Arthur Banga Louis, interrogé sur la question.
Gnondé Guei Cédric, bénévole chargé des projets à Amnesty internationale Côte d’Ivoire, lui est perplexe quant à l’issue du processus électoral en Côte d’Ivoire. « La décision de reformer la CEI ne date que de cinq semaines, les partis qui voulaient véritablement participer au scrutin sont donc prêts à le faire. L’impact de cette décision est à situer le long des années 2019 et 2020, à l’approche des élections présidentielles. Si le chef de l’État ne respecte pas son engagement ou que, par une ingénierie électorale, il réussit à reformer la CEI que de forme et non de fond (équilibre des forces en présence), alors des soubresauts et autres conflits peuvent être envisagés », prévient-il.
Ces élections municipales et régionales donnent un aperçu de ce que pourraient être les élections présidentielles de 2020.
Une sorte de test avant la lettre.