Le Mali, la Guinée et maintenant le Burkina Faso. Trois pays subsahariens empêtrés dans des coups d’État. Une situation qui risque d’embraser toute la sous-région et à laquelle Abdoulaye Diop, chef de la Diplomatie malienne trouve un complice indirect, la France.

L’Afrique de l’Ouest est dans la tourmente. La sous-région subsaharienne est agitée par un cycle de coups de force avec l’irruption des militaires au pouvoir. Après le Mali et la Guinée, c’est au tour du Burkina de subir le courroux des militaires, avec l’éviction, le 24 janvier 2022 dernier, sans effusion de sang, de Rock Kaboré du pouvoir. Une situation devenue préoccupante sur laquelle Abdoulaye Diop, chef de la Diplomatie malienne, n’est pas allé de mains mortes dans un entretien accordé à RFI. Le diplomate n’a pas, non plus, porté de gants pour indexer la France dans cette valse de coups d’État en Afrique de l’Ouest.

 » Le Mali est puni parce que le choix politique des nouvelles autorités du Mali ne convient pas à certains. Nous devons pouvoir sortir de ça. Et la France applaudit les coups d’État quand ça va dans le sens de ses intérêts. Elle les condamne quand ça va dans le sens contraire de ses intérêts. Non. Cette politique de deux poids deux mesures doit cesser. Il y a eu beaucoup de pays où il y a eu des situations de deux poids deux mesures de la part de la France. Et même de nos organismes africains« .

 

Quand le djihadisme « explique » les coups d’État en Afrique de l’Ouest

Des trois pays, le Mali, le Burkina Faso, et la Guinée qui viennent de subir des coups d’État ces derniers mois, c’est la raison sécuritaire qui est évoquée dans les deux premiers cités. La mauvaise gestion de l’activité funeste des djihadistes dans ces deux pays a engendré ces coups de force que ces nations viennent de connaître. Plus grave, les populations avaient impression que ces chefs d’État n’éprouvaient aucune empathie envers leurs populations suite aux dégâts humains et matériels, mais plutôt des mépris érigés en comportement. D’où la désinvolture avec laquelle certains d’entre eux avaient abordé la dégradation de la situation sécuritaire chez eux. En quelque sorte, on peut donc que dire rien d’étonnant si l’armée vient exploiter le fossé entre ces « roitelets » et leurs populations. Rien d’étonnant également si partout leurs chutes sont bruyamment célébrées avec faste.

En dehors même de la raison sécuritaire, il n’est pas nauséabond d’affirmer que l’Afrique de l’Ouest fait aussi les frais de la décadence éthique de certains de ces dirigeants. Et non des moindres. Deux d’entre eux, illustrent particulièrement ce recul préjudiciable à cette zone de l’Afrique subsaharienne. À savoir l’ancien président de la Guinée, Alpha Condé, déchu, et celui, actuel, de la Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara. Deux anciens opposants qui ont pris, avec une arrogance assumée, le malin plaisir de s’offrir des troisièmes mandats. Envoyant ainsi de mauvais signaux à toute la zone ouest-africaine.

Et ce qui s’est passé au Mali, en Guinée et au Burkina Faso peut se rependre à toute la zone Ouest africaine. Tout cela dans un contexte où la France est perçue comme la complice du diable.

Maria De Dieu

 

Crédit photo : Ousmane Makaveli