Le quota minimum imposable de femmes dans les assemblées élues est passé à 30 % en Côte d’Ivoire. Cela a été entériné par la loi n° 2019-870 du 14 octobre 2019. Malgré cela, le nombre de femmes dans ces instances reste maigre.

La preuve pour les législatives du 06 mars prochain, sur un total de 1291 candidatures, les femmes ne représentent que 13,36 % soit 212 candidates alors que les hommes sont à 1375 candidats, soit un pourcentage de 86,64 %. Ce qui est insuffisant quant au quota minimum exigé par la loi.

En effet, les listes de l’ensemble des formations et coalitions politiques n’ont pas respecté le quota de 30 % de femmes. Si le système de quota est apparu comme une solution idoine au déficit des femmes en politique, force est de reconnaître que cette mesure à elle seule ne suffira pas à changer la donne.

« La loi sur le quota est une étape importante dans la volonté de l’état ivoirien à œuvrer pour une représentation des femmes dans les sphères de décisions. Cependant, elle n’est aucunement une garantie de la participation réelle des femmes aux décisions. En plus de cette loi, d’autres dispositions sont indispensables pour rendre réelle la participation des femmes aux prises de décisions. Par exemple, il faut une disposition légale ferme sanctionnant le non-respect de la loi des quotas, il faut une gouvernance électorale réelle en Côte d’Ivoire », suggère Magnatié experte Genre et Développement.

Pour elle, la loi des quotas pourrait avoir, à la longue, des effets pervers dans son application. En effet, prétextant cette loi, la prise en compte des femmes dans d’autres aspects de la société pourrait être souvent balisée à 30 %, alors que la loi dit clairement au moins 30 %.

Manque de motivation

Si la loi sur les quotas est assez récente, la présence des femmes dans les partis politiques ne date pas d’hier. Mais en dépit de leur militantisme au sein des partis politiques, très peu de femmes aspirent à briquer des postes électifs.

Parmi les obstacles qui freinent la pleine participation des femmes à la vie politique en Côte d’Ivoire, le politologue Sylvain N’Guessan cite les perceptions culturelles et les préjugés. En effet, toutes les instances de gestion et de décision, que ce soit en zones rurales et/ou urbaines, sont en grande partie gérées par des hommes et cela est perçu comme une norme dans la communauté. « En interrogeant l’histoire de la Côte d’Ivoire, d’un point de vue psychologique et sociologique, on pourrait affirmer que les populations ne sont pas encore prêtes à voir les femmes aux commandes » dira-t-il.

En outre, les crises sociopolitiques qui ont émaillé la Côte d’Ivoire ont rendu le climat politique très délétère. De plus, avec ces crises marquées par des viols et assassinats, très peu de femmes sont motivées à s’engager dans le jeu politique. Celles qui parviennent, tant bien que mal, à s’inscrire dans l’arène politique, sont très souvent victimes d’intimidation et de violence.

« La volonté des femmes qui font preuve de bravoure en se présentant est parfois mise à rudes épreuves par les cas de menaces, d’intimidations. Pour ces législatives de 2021, plusieurs femmes candidates ont été victimes. C’est le cas d’une candidate d’Alepé dont le suppléant a dû se retirer sous la pression à un jour de la validation des listes avec le risque de voir sa candidature rejeter par manque de suppléant », révèle Marie-Flore BEGOU, Coordonnatrice de l’ONG Citoyenne Engagée pour le Leadership et la Démocratie Côte d’Ivoire (CELDci).

En définitive, la loi sur les quotas à elle seule ne suffira pas à garantir la représentativité des femmes aux postes électifs. La volonté étatique doit aller plus loin, car même si les partis et groupements politiques venaient un jour à respecter le quota de 30 % de candidature féminine, combien de femmes, sur les 30 % en lice, pourront-elles passer face aux hommes ? A l’évidence, on aura toujours moins de 30% de représentation féminine à l’hémicycle.