Selon une certaine opinion, la seule possibilité qu’a l’opposition camerounaise de multiplier ses chances lors de la prochaine élection présidentielle, c’est de s’unir, former une coalition qui affrontera le candidat sortant qui a, sans surprise, annoncé qu’il serait candidat à sa propre succession. Si l’attitude des différents candidats laissait déjà présager qu’ils se jetteraient dans la bataille en rangs dispersés, les événements depuis la convocation du corps électoral montrent qu’il n’y a aucun espoir de voir l’opposition combattre sous la même bannière.
Les avantages d’une coalition
L’opposition au Cameroun a perdu toute crédibilité aux yeux des électeurs, et ce pour plusieurs raisons. Après des alliances nouées par certains leaders de l’opposition avec le parti au pouvoir, les meetings organisés par d’autres pour collecter des fonds destinés à la campagne du candidat sortant ou encore les appels à candidature lancés par l’opposition au candidat du parti au pouvoir, on comprend que le peuple mette toute l’opposition dans le même bateau, celui des arrivistes plus inquiets pour leur ventre que pour l’avenir du pays.
Le fait de s’unir aurait permis de restaurer un peu de cette crédibilité qui s’est dangereusement effilochée au fil des scrutins car ce serait la preuve que l’opposition est prête à faire des concessions et faire passer les intérêts individuels après l’intérêt commun.
Une union aurait également un avantage pratique, celui de la représentativité : lors des scrutins il arrive que certains partis n’aient pas de représentants dans certains bureaux de vote, peut-être faute de moyens, ou encore faute d’effectifs. Cette absence permet que d’éventuelles irrégularités passent sans être mentionnées, pourtant chaque voix compte.
Pourquoi il n’y aura pas coalition
Ces derniers mois, la question de coalition a été abordée plusieurs fois par certains candidats déclarés à la présidentielle. Si en général ils n’écartaient pas l’éventualité d’une coalition, la vérité c’est qu’ils n’ont rien fait non plus pour en former une. Visiblement chacun d’eux avait une conception de la coalition unique, et différente des autres. Du moins, les conditions dans lesquelles aurait pu se réaliser l’union différait d’un candidat à l’autre.
L’un des problèmes de l’opposition camerounaise, c’est l’égo des candidats. On en entendu plusieurs d’entre eux déclarer à la télévision que seuls ils pouvaient venir à bout du parti au pouvoir. C’est ce genre de posture qui rend toute coalition difficile, chacun pensant qu’il est l’élément central de l’union. Dans la même lancée, lors d’un meeting, le candidat du principal parti de l’opposition, le SDF, a déclaré que pour gagner l’élection, point n’était besoin d’un candidat unique de l’opposition.
Depuis la convocation du corps électoral, les faits tendent à donner raison aux sceptiques : parmi les candidatures enregistrées par Elections Cameroon (ELECAM), l’organe en charge de l’organisation des élections, on note plusieurs déposées par les candidats de l’opposition, dont plusieurs s’étaient déclarés favorables pour une éventuelle coalition.
Instructions de vote ?Il y a encore peut-être une possibilité d’union. Au cas où certaines candidatures sont rejetées par ELECAM, peut-être ces candidats consentiront enfin à rejoindre ceux qu’ils trouvent crédibles, ou peut-être à donner des instructions de vote à leurs militants. Avouons tout de même ce sera une tentative désespérée et que cette manœuvre pourrait s’avérer insuffisante pour convaincre certains électeurs.
Image : REUTERS/Noel Kokou Tadegnon