En dépit de son blocage lié à son absence sur les listes électorales du fait d’une condamnation de 20 ans de prison qui le guette, Laurent Gbagbo est coopté dans son parti, le PPA-CI, pour être son candidat pour la présidentielle de 2025.

Président-fondateur de son parti, le Parti des Peuples Africains de Côte d’Ivoire (PPA-CI), c’est le plus logiquement du monde que Laurent Gbagbo soit désigné par les instances de celle-ci pour être son candidat à l’élection présidentielle de 2025. Seulement voilà. L’ancien chef de l’état ivoirien est sous le coup d’une condamnation de 20 ans liée aux braquages présumés de banques BECAO en Côte d’Ivoire pendant la crise postelectorale. Cette décision de ce parti n’est pas fortuite.

Combat et pression internes

 

En se faisant adouber par son parti, le PPA-CI, Laurent Gbagbo ne s’y met pas de façon débonnaire. Des raisons profondes émaillent cet acte politique de haute portée. S’il ne règle pas des comptes internes à sa formation politique, on n’en est pas loin.

Tout le monde, au PPA-CI, n’est pas pour la candidature de Laurent Gbagbo. Quand certains le trouvent déjà trop fatigué, d’autres estiment que c’est le candidat naturel le plus représentatif du parti à l’heure actuelle. Et comme il a été poussé et convaincu qu’il est le candidat idéal, Gbagbo a fait prononcer sa candidature pour tuer dans l’œuf des velléités de candidatures comme celle d’Ahoua Don Mello par exemple. Ce dernier pourrait être le plan B du parti de Laurent Gbagbo si ce dernier venait à recaler pour raison carcérale pendante.

En dehors de toutes les considérations purement politiques, il y a, de source bien informée, la pression de sa femme, Nidiani Bamba. Qui fait de la candidature de son concubin un combat de vie. On le voit, en interne Gbagbo subir diverses pressions pour l’échéance de 2025..

De la stratégie politique

En politique, tous les schémas sont possibles. Si éventuellement, l’ancien président ivoirien ne réussit pas à se faire inscrire sur la liste électorale pour en devenir éligible, ce sera certainement un autre candidat que le parti va présenter. Dès lors, il devrait s’ouvrir ce qu’on appelle un deal politique. Et Gbagbo préfère dealer directement avec un Thiam par exemple. Et y mettre un package de quatre ou cinq ministères significatifs pour son parti par exemple.

Gbagbo, une question d’honneur

La candidature annoncée de Gbagbo Laurent est, au de-là de toutes considérations politiques, une question d’honneur et de dignité personnelle. Acquitté par la CPI et blanchi de tous les chefs d’accusation contre lui, il veut prouver par cette candidature qu’il n’est pas celui que le pouvoir actuel voulait montrer à la face du monde.

Aussi, rejette-t-il catégoriquement l’idée d’une condamnation de 20 ans qui plane sur lui et liée au braquage de plusieurs BECAO en Côte d’Ivoire. En se faisant élire à nouveau chef de l’état, cette condamnation va mourir de sa belle mort et de transformer en une fable.

Voici, en un mot comme en mille, les raisons secrètes qui font que Laurent Gbagbo a annoncé sa candidature par le biais de son parti. Le PPA-CI.

Maria De Dieu

Credit photo : Nadi Jessica