Kalev Mutond c’est cet ancien chef de l’Agence nationale de renseignement, les services secrets congolais. Poursuivi pour des crimes commis sous le régime de l’ex président Joseph Kabila, Kalev Mutond a choisi de se volatiliser dans la nature depuis le 10 mars 2021. Selon certaines sources, il serait toujours à Kinshasa, jouant à cache-cache avec les services de sécurité, un jeu qu’il maîtrise très bien en tant qu’ancien directeur de renseignement.

Cette affaire pour le moins rocambolesque, offre aux Congolais des épisodes dignes de romans policiers ou de films fiction. D’abord, Kalev est sous sanctions de l’Union européenne depuis plusieurs années pour des crimes et des violations des droits de l’homme en RDC. Voici les différents épisodes de cette affaire.

Premier épisode : il refuse de se présenter à la justice

Soupçonné plusieurs fois de tentatives de déstabilisation du régime du président Félix Tshisekedi, Kalev a été plusieurs fois convoqué par la justice congolaise, mais il ne s’est jamais présenté. Ce bras de fer de la part d’un ancien chef de renseignement le fait considérer comme quelqu’un qui nargue le pouvoir du président Tshisekedi.

Dans le camp de l’ancien chef de l’État Joseph Kabila, Kalev est présenté comme un héros victime d’une chasse aux sorcières. On sait que depuis que le président Tshisekedi a mis fin à l’accord de coalition qui le liait à Kabila, les intouchables de l’ancien régime, qui jouissaient d’une certaine impunité, sont aujourd’hui exposés aux poursuites judiciaires.

Deuxième épisode : Kalev porté disparu

Après avoir ignoré les convocations de la justice congolaise, l’homme ne pouvait tenir indéfiniment dans cette posture. La pression était tellement forte sur lui qu’il a fini par se cacher et vivre dans la clandestinité.

Le héros est désormais considéré comme un lâche. Un avis de recherche est lancé par les autorités pour le retrouver et l’amener vivant. L’affaire enflamme les réseaux sociaux. Les jours passent, mais Kalev ne fait aucun signe de vie. Sa famille donne l’impression d’être inquiète de sa disparition : elle publie un communiqué le 13 mars pour informer l’opinion. Par contre, les avocats de Kalev semblent être au courant du lieu où il se cacherait. Ils exigent que l’avis de recherche soit annulé afin que leur client « se présente à la justice en homme libre ».

Troisième épisode : une rumeur confirme son arrestation

Quelques jours après, une rumeur court que Kalev Mutond vient d’être arrêté par les services de sécurité au siège de la Conférence épiscopale nationale du Congo où il se serait réfugié. Les réseaux sociaux tirent à boulets rouges sur les évêques catholiques qu’ils accusent d’avoir protégés un criminel.

Le sentiment anti-prélats catholiques est à son comble parmi les partisans du président Tshisekedi depuis que l’Eglise a exigé que l’élection présidentielle de 2023 se tienne dans le respect du délai constitutionnel. Certains cadres de l’UDPS, l’actuel parti au pouvoir, conditionnent la tenue de prochaines élections au recensement préalable de la population.

Quatrième épisode : arrestation démentie

« Faux, Kalev Mutond n’est pas arrêté ! », a démenti le site d’information Politico. L’affaire devient un casse-tête. Du coup, on ignore toujours le lieu exact où il s’est caché. En plus, les évêques catholiques ont également démenti avec la plus grande fermeté les informations selon lesquelles il se serait réfugié au siège de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco). « C’est faux ce qui circule sur les réseaux sociaux. Kalev n’a jamais été à la Cenco ni de jour ni de nuit », a déclaré en substance l’abbé Donatien Shole, secrétaire général de la Conférence épiscopale nationale du Congo.

La polémique est repartie de plus belle. L’ancien chef du renseignement joue au cache-cache avec ses anciens camarades restés en fonctions. Le retrouvera-t-on un jour ?