Les faits
Tout est parti du 19 août et de son initiateur. Tikpi Atchadam. Il a réussi le pari d’organiser des manifestations de rue dans plusieurs régions du pays et de la diaspora de façon simultanée.
Le peuple en lutte depuis des décennies reprend un nouveau souffle grâce à son parti le PNP, le Parti National Panafricain qui lance un cri de ralliement pour un rassemblement autour de deux objectifs principaux.
Le retour à la constitution de 1992 avec comme conséquence le retrait de monsieur Faure Gnassingbé du pouvoir et le vote de la diaspora.
Ces mots d’ordre ont vu – des centaines de milliers de togolais dans les rues de Lomé. La crise s’accentue. Quatorze partis de l’opposition se coalisent afin de mutualiser les forces pour une unicité d’actions dans l’atteinte des objectifs fixés.
Le rapport de force est bénéfique à l’opposition, le régime cinquantenaire est de nouveau ébranlé et appelle la CEDEAO à la rescousse.
Les erreurs de la coalition, elles sont congénitales à l’opposition togolaise depuis au moins vingt-cinq années.
La coalition accepte de s’enfermer dans un processus de dialogue sans tête ni queue sous l’égide la CEDEAO.
Laquelle CEDEAO qui s’est déjà négativement illustrée en cautionnant avec la communauté internationale la succession monarchique permettant ainsi que Faure Gnassingbé succède à son défunt père de président, Eyadema Gnassingbé malgré les centaines de vies fauchées.
La CEDEAO disqualifiée et pas crédible, réussi à enfermer l’opposition dans un dialogue et l’oblige à renoncer aux manifestations de rues. Elle paye cher et cash cette erreur tactique et cette trop grande politesse qu’elle voue à la CEDEAO qui ne le mérite nullement.
La suite de cette facilitation de la CEDEAO donne raison au peuple en lutte qui s’est opposé à l’arrêt des manifestations. Certains partis de la coalition il faut le reconnaître n’ont pas adhéré à cette formule d’un dialogue dont le seul but est de calmer la rue. Mais ils étaient minoritaire et n’ont pas été entendus.
La facilitation de la CEDEAO, un an après, un résultat fiasco.
Après une année de facilitation de la CEDEAO le résultat est un fiasco pour l’opposition qui doit en tirer toutes les leçons.
Les détenus politiques sont toujours en prison en violation de la fameuse feuille de route de la CEDEAO par le régime en place sans que les facilitateurs ne bougent le petit doigt. Mieux des citoyens continuent d’être bastonnés et arrêtés selon le bon vouloir du régime. Si la ‘’grande’’ CEDEAO est incapable de faire libérer des citoyens arbitrairement détenus, comment peut-elle faire entendre raison un régime réfractaire à l’alternance qu’elle a toujours soutenu ?
Les réformes préconisées dans la feuille de route ne sont pas faites et pourtant la CEDEAO veut voir des législatives s’organiser le 20 décembre 2018. Par quelle alchimie ? elle seule le sait.
Toujours est-il que de connivence avec la CEDEAO, le régime de monsieur Faure Gnassingbé poursuit de façon unilatérale le processus électoral, biaisé, vicié et gage d’élections truquées, l’un des domaines de prédilection du pouvoir togolais.
La coalition de l’opposition se retrouve bien piégée de nouveau par la monarchie du Togo avec l’appui une énième fois de la CEDEAO et de la communauté internationale.
Face à ce constat, il est impérieux que la coalition cesse de divaguer et se focalise sur ces premiers objectifs pour lesquels le peuple reste constamment mobilisé et déterminé.
Le peuple du Togo n’a jamais été dans les rues pour réclamer des élections truquées aux conditions d’un régime réfractaire à l’alternance et qui a des acolytes comme la CEDEAO et les puissances du monde. Le peuple en lutte réclame le départ de Faure Gnassingbé et s’oppose avec force au quatrième mandat du fils d’Eyadema.
Ainsi donc les partis au sein de la coalition qui perdent de vue cet objectif pour penser à participer à quelque élection que ce soit feraient mieux de renoncer à ce projet illogique et irréaliste. Qu’on soit à ce stade au sein de la coalition obligé de passer au vote pour éviter de basculer dans un schéma électoraliste aux antipodes des aspirations du peuple en lutte est regrettable et inquiétant pour la lutte.
Le peuple en lutte n’est plus prêt à accepter ses erreurs répétées de la part d’une classe politique de l’opposition qui a tendance à laisser la proie pour l’ombre depuis des décennies. Mettre de côté, l’objectif premier des togolais de bouter ce régime hideux contre des strapontins pour le plaisir de quelques plaisantins politiques est inadmissible.
Le complot international dont est victime le Togo depuis le coup d’état de 1963 est de nouveau démontré et comme tel, la coalition qui ne mesure pas assez souvent le sens des aspirations profondes de ce peuple doit se ressaisir et rester focaliser autour des mots d’ordre que sont le retour à la constitution de 1992 avec toutes ses conséquences et le vote de la diaspora.