Quand on est une ancienne puissance coloniale et que l’on a commis de grands crimes au Congo comme l’a fait la Belgique, le minimum à faire c’est de présenter des excuses. Or, ce n’est pas ce qu’a fait le roi Philippe à Kinshasa. En effet, le souverain belge a soigneusement évité de s’excuser et de parler de réparations, préférant plutôt le mot « regrets ». Il m’a déçu.

Dans un discours devant l’esplanade du Palais du peuple, siège du Parlement congolais, le roi belge en séjour en RDC depuis le mardi 7 juin, n’a pas répondu à la principale attente des Congolais. Celle de voir l’ancienne puissance coloniale présenter officiellement les excuses à la population pour tous les crimes commis par son pays en 80 ans de colonisation au Congo. Le monarque belge a choisi d’exprimer plutôt ses « profonds regrets ».

Il se moque des Congolais ?

Nul doute qu’il  l’a fait volontairement parce qu’il sait qu’en 2020, les Congolais dans un tollé général avaient déjà rejeté ses regrets hypocrites. Et donc, il s’entête et réitère les mêmes regrets en ces termes : « A l’occasion de mon premier voyage au Congo, ici même, face au peuple congolais et à ceux qui aujourd’hui encore en souffrent, je désire réaffirmer mes plus profonds regrets pour ces blessures du passé. »

Dommage que les autorités congolaises se soient contentées d’applaudir le roi. Le président Félix Tshisekedi a préféré s’appesantir sur l’avenir. Il a déclaré : « Le passé colonial était à la fois glorieux et triste. Nous voulons regarder l’avenir. » D’accord, mais il nous est impossible d’oublier un passé au cours duquel une puissance étrangère, le royaume de Belgique, nous a ôté toute dignité.

Respecter nos morts et nos martyrs

Pour nous Congolais, nous continuons à exiger des excuses et des réparations. Bien sûr, celles-ci ne remplaceront jamais nos morts et nos martyrs de l’indépendance. Mais on aurait aimé voir un roi Philippe beaucoup plus sincère.

Surtout qu’il a lui-même reconnu les crimes coloniaux belges au Congo. « Le régime colonial comme tel était basé sur l’exploitation et la domination. Ce régime était celui d’une relation inégale, en soi injustifiable, marqué par le paternalisme, les discriminations et le racisme. Il a donné lieu à des exactions et des humiliations », a déclaré le roi Philippe à Kinshasa.

Trop de sang congolais avait coulé pendant la colonisation. Des corvées inimaginables, des tortures, des animalisations, des atrocités, mais aussi des pillages de ressources naturelles et d’œuvres d’art. Bref, des crimes contre l’humanité pour lesquels de simples regrets ne suffisent pas.

A propos, du vol d’œuvres d’art congolaises, le roi Philippe a rendu à la RDC un masque volé par les Belges en période coloniale. La cérémonie de remise de ce masque a eu lieu au musée national de Kinshasa devant le président Félix Tshisekedi. Ce fut beaucoup d’émotions de voir ce masque revenir au bercail après des décennies passées en Belgique.

Nsenga Kola

State Department photo by Freddie Everett/Public Domain