Le président congolais Félix Tshisekedi a remanié son gouvernement. Sans doute en prévision des élections. L’une des grandes surprises de la nouvelle équipe gouvernementale, c’est la nomination de Jean-Pierre Bemba Gombo au ministère de la Défense. J’avoue que nul ne pariait que Bemba pouvait accepter un tel poste. Lui qui avait des ambitions présidentielles.
Désormais, sur le curriculum vitæ de Jean-Pierre Bemba, il sera mentionné qu’après près de 10 ans de prison à La Haye, il est devenu vice-Premier ministre et ministre de la Défense de Félix Tshisekedi. Malgré tout, c’est un poids lourd de la politique congolaise qui fait son entrée au gouvernement. Ce remaniement ministériel fait suite à la démission en décembre 2022 de trois ministres membres du parti de l’opposant Moïse Katumbi. Le président Félix Tshisekedi a non seulement remplacé les démissionnaires, mais aussi réaménagé l’ensemble de l’équipe gouvernementale, tout en maintenant Jean-Michel Sama Lukonde au poste de Premier ministre.
Jean-Pierre Bemba de retour aux affaires
Le nouveau vice-Premier ministre et ministre congolais de la Défense n’est autre qu’un ancien vice-président de la RDC, également ancien chef de guerre et ancien prisonnier de la Cour pénale internationale. Jean-Pierre Bemba avait passé environ 10 ans en détention à La Haye pour des crimes commis par ses miliciens en Centrafrique, avant d’être acquitté et libéré en 2018.
Après sa tentative ratée de se présenter à la présidentielle de 2018 (sa candidature avait été rejetée par la Céni.) le leader du Mouvement de libération du Congo (MLC) est longtemps resté discret. Pourtant, son rapprochement avec Félix Tshisekedi n’était plus qu’un secret de polichinelle. Mais il faisait rarement des déclarations publiques. De là à devenir ministre de Félix Tshisekedi, nul ne pouvait se l’imaginer, alors que les positions de deux hommes étaient irréconciliables lors de la présidentielle de 2018. Du coup, accepter d’être ministre signifie aussi accepter de recevoir les ordres du chef de l’État. Bemba, se soumettra-t-il à Félix Tshisekedi ?
D’où cette question : comment se passera la cohabitation entre le président congolais et son nouveau ministre de la Défense ? En-tout-cas, il y a lieu de craindre un conflit de leadership, tant on connaît l’égo de Jean-Pierre Bemba. Rappelons-le : c’est un ancien rebelle, ancien vice-président de la RDC et candidat malheureux à l’élection présidentielle de 2006.
On se souvient qu’à l’époque, son refus initial de reconnaître sa défaite à l’élection présidentielle (remportée au second tour par Joseph Kabila), avait provoqué une guerre entre sa milice et l’armée loyaliste en pleine ville de Kinshasa. Près de 600 personnes avaient été tuées.
Aujourd’hui ministre de la Défense, Jean-Pierre Bemba devrait se comporter en homme d’État et non en chef de faction. Le Congo n’a pas besoin de querelles intestines inutiles au gouvernement. On attend de Bemba qu’il apporte plutôt son savoir-faire et des stratégies militaires efficaces pour restaurer la paix dans l’est de la République démocratique du Congo.
Jean Hubert Bondo
