L’est de la République démocratique du Congo est un véritable bourbier où s’enlisent différentes forces de maintien de la paix. Il faut réfléchir par deux fois avant de s’y engager. La Monusco en sait quelque chose. L’échec cuisant de la mission onusienne en RDC n’est plus à démontrer. Voilà que la force militaire de la East African Community semble, elle aussi, avoir perdu ses repères. Les populations locales la jugent inefficace et donc inutile. Des manifestations ont eu lieu à Goma pour réclamer son départ pur et simple.

Composée entre autres de militaires kényans et burundais, la force régionale de l’EAC a pour mission de lutter contre les groupes armés, en particulier les rebelles du M23 dans l’est de la République démocratique du Congo. Pourtant, plusieurs mois après son déploiement, force est de constater que la situation sécuritaire se dégrade davantage dans la province du Nord-Kivu l’une d’entre celles où elle est censée intervenir. 

Le M23 gagne de plus en plus de terrain. Si bien que la population congolaise se demande à quoi sert cette force régionale. Le gouvernement congolais qui, au départ, était très optimiste au sujet de la force de l’EAC, a commencé à tempérer son discours. Plus grave, la cité stratégique de Bunagana reste occupée par le M23, alors que le président Tshisekedi avait annoncé que la force militaire régionale devrait entrer en RDC par Bunagana. Les Congolais s’attendaient à une force offensive et non inactive.

Des manifestations à Goma 

Des jeunes de Goma sont descendus dans les rues pour réclamer le retrait de cette force de l’EAC. Une manifestation qui a dégénéré. Il faut rappeler qu’avant même le déploiement de cette force en République démocratique du Congo, l’opinion publique congolaise était contre. Les Congolais ne supportent pas sur leur territoire une force dont font partie des militaires ougandais et burundais qu’ils accusent de « violer régulièrement les frontières congolaises et de commettre des exactions en RDC ». 

A Kinshasa, l’opposition a accusé le président Félix Tshisekedi « d’externaliser la sécurité nationale » en laissant des puissances étrangères venir s’installer au Congo sous prétexte de défendre les Congolais. Il est donc clair qu’avec une opinion congolaise hostile, la force de la East African Community ne peut mieux se dédouaner qu’en produisant des résultats attendus par les Congolais, à savoir : la neutralisation des rebelles du M23 et la libération des territoires occupés. Autrement, cette force régionale devra dégager.

Quoi qu’il arrive, il est hors de question que des armées étrangères viennent rester chez nous éternellement comme c’est le cas avec la Monusco. La mission onusienne est aujourd’hui dans sa troisième décennie en République démocratique du Congo. Malgré l’absence criante de résultats en près de 25 ans, elle trouve toujours des excuses et résiste à partir. La force est-africaine risque de s’inscrire dans la même logique. 

 

 

 

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