L’insécurité et la criminalité deviennent-elles incontrôlables à Kinshasa ? En tout cas, ces deux derniers mois ont été pénibles à supporter pour les habitants de la capitale congolaise. Des cas d’enlèvement signalés presque tous les jours. Et le phénomène semble continuer.

Il y a une année, quand on parlait de l’insécurité en République démocratique du Congo, on voyait plutôt la partie Est du pays où grouillent les groupes armés. Aujourd’hui, l’insécurité s’est généralisée. On en parle dans presque tout le pays : à Lubumbashi (sud de la RDC), à Kwamouth dans l’Ouest, et à Kinshasa, siège des institutions de la République. Les Congolais sont inquiets !

Des enlèvements le jour comme la nuit

Ce qui est frappant c’est le fait que ce phénomène augmente en intensité à l’approche des élections. Presque chaque jour, des hommes et des femmes sont enlevés à Kinshasa, sans qu’on ne sache la destination et le mobile de l’enlèvement. Oser prendre un taxi la nuit ou le jour, est devenu très risqué, car l’engin peut être celui des kidnappeurs. Les rumeurs les plus alarmantes évoquent un trafic d’organes humains lié à ces kidnappings. Mais cela reste à prouver. Surtout que certaines des personnes enlevées ont été retrouvées en vie, mais souvent droguées par leurs kidnappeurs.

Récemment, la télévision publique congolaise a montré une femme qui venait d’échapper à un enlèvement dans la capitale. Elle s’est tirée d’affaires quand elle a fortement résisté en criant au secours. Des bandits essayaient de l’embarquer de force dans une voiture. Les services de sécurité ont également réussi à mettre la main sur une vingtaine de criminels présentés à la télévision comme une bande de kidnappeurs. Parmi eux, des femmes, des hommes, des influenceuses, et même des agents de la police nationale. Ils détenaient des machettes et des armes de guerre.

La peur au sein de population de la capitale congolaise est telle que le président du Conseil national de la jeunesse, Nathanaël Atibu, a du lancer ce message aux jeunes de Kinshasa : « J’invite les jeunes de tous les quartiers et communes, les étudiants, les scouts, les mouvements citoyens et les organisations de la jeunesse, à se mobiliser et à former des groupes de vigilance, pour dénoncer tout cas suspect. A collaborer avec nos services de l’ordre et de sécurité pour mettre hors d’état de nuire tous ces réseaux criminels, ainsi mettre fin à ce phénomène ignoble de kidnappeurs. »

 

 

Qui serait derrière ce phénomène ?

Aucune hypothèse n’est à écarter. L’ampleur du phénomène suggère l’existence de certaines complicités dans les services de sécurité et dans la justice. Sinon, comment expliquer que des policiers soient comptés parmi les kidnappeurs ? Pour le député Léon Nembalemba, ce phénomène « c’est du théâtre, car tout se passe avec la complicité des magistrats ».

D’aucuns soupçonnent aussi une main noire travaillant à rendre le pays invivable en période électorale. Certainement, dans le but d’affaiblir le président Tshisekedi, étant donné qu’il est candidat à sa propre succession.

Ce qui est vrai c’est que ce phénomène est aussi le résultat d’une politique complaisante vis-à-vis de terribles criminels dénommés Kuluna. Au lieu de les mettre en prison pour leurs actes, on les laisse vagabonder dans la capitale ; ou alors, on les utilise dans les travaux publics. Ce qui leur fait jouir d’une certaine impunité.

 

Photo by Emmanuel Ikwuegbu