L’Ouganda est un magnifique pays, connu pour quantité de belles choses, mais tristement célèbre pour le traitement de la communauté LGBTI+. Comme de nombreux pays d’Afrique, les politiques ougandaises ont été héritées des colonisateurs et des chefs religieux. Et en raison de ces influences, la communauté LGBTI+ est considérée comme illégale et inacceptable.

Le 14 octobre 2009, le projet de Loi anti-homosexualité de 2009 a été présenté au parlement ougandais, et les délibérations se sont éternisées jusque dans le courant de l’année 2012 ; le projet a finalement été adopté le 28 décembre 2013 et le président ougandais, Yoweri Museveni, a promulgué la loi le 24 février 2014. Le 1er août 2014, la Cour constitutionnelle ougandaise statuait que la loi était invalide, car elle n’avait pas été adoptée avec le quorum requis.

Le gouvernement ougandais était supposé faire appel, mais ne l’a pas fait. Il semblerait que le Parlement ait réfréné sa volonté de le faire en raison de la pression exercée par la communauté de bailleurs en Ouganda et à l’étranger. En définitive, la loi a été annulée.

Déjà, un grand nombre de jeunes membres de la communauté LGBTI+ avaient connu une dégradation de leur situation. Les tabloïdes publiaient des récits insoutenables, la police les poursuivait et interrompait leurs réunions, et les discussions sur leur immoralité et leur illégalité étaient monnaie courante.

On pourrait penser qu’après de tels épisodes, la communauté déciderait de se mettre en retrait et de mener une vie tranquille plutôt que d’endurer de tels traumatismes. Deux femmes sont cependant à l’avant-garde du maintien de la communauté LGBTI+ ; celles-ci travaillent quotidiennement sur les questions des droits humains eus égard à la communauté LGBTI en Ouganda.

Gloria est associée à Freedom and Roam Uganda (FARUG), une organisation féministe qui travaille avec des femmes lesbiennes, bisexuelles et queer en Ouganda et leur apporte du soutien.

Je lui ai posé trois questions :

1. Pourquoi le Mois des Fiertés est-il important ?

« Le Mois des Fiertés est important, car au cours de cette période, nous célébrons la résilience et le pouvoir. Nous célébrons le fait de pouvoir exister et de rester visibles dans un pays au sein duquel notre existence est interdite et considérée comme un crime ».

2. A quels défis les membres de la communauté LGBTI+ sont-ils confrontés en Ouganda ?

« A une homophobie à la fois structurelle et alimentée par la religion ».

3. Quelle est l’étape la plus importante franchie jusqu’à présent ?

« Il y a eu tellement d’étapes, mais la plus importante pour moi a été l’annulation de la Loi anti-homosexualité (Anti-Homosexuality Act (AHA)) en 2014 ».

Ophélie est avocate spécialisée dans les droits humains et travaille avec Chapter 4 Uganda, une organisation de défense des droits humains, basée à Kampala, en Ouganda. Elle est également membre de la communauté LGBTI+.

Ophélie considère également le Mois des Fiertés comme un rappel de l’existence des communautés LGBTI+. Mais elle considère également que ce mois est « un moment idéal pour rappeler à tous notre droit d’exister et de vivre sans discriminations, quelles qu’elles soient », nous dit-elle.

Elle reconnaît également que l’homophobie reste l’un des principaux défis auxquels les Ougandais appartenant à la communauté LGBTI+ sont confrontés, et que l’annulation de l’AHA a constitué un tournant majeur, car cela a permis de mettre en lumière les difficultés que rencontraient les personnes LGBTI+ et a été pour chacun une opportunité d’apprendre.

Le message qu’elle souhaite communiquer au monde est le suivant :

« Informez-vous et ne restez pas sans réaction lorsque vous êtes témoins d’homophobie, de biphobie et de transphobie dans vos sphères d’influence. Vous pouvez simplement dire à vos amis qui font des blagues homophobes que ce n’est « pas cool ». Mon désir de voir chaque personne vivre dans la dignité me pousse à poursuivre mon travail. Intégrez les personnes LGBTI+ à vos programmes et à votre travail quand vous le pouvez ».

Le mois de juin est le Mois des Fiertés ; il s’est achevé sans qu’aucune activité publique n’ait été menée en raison des pressions exercées par les forces de police au cours des deux dernières années. Mais la détermination est toujours forte, et rien n’indique qu’elle faiblisse ou disparaisse.