Avec deux morts d’étudiants en moins de 6 ans, le Président Macky Sall vient de battre le record macabre de ses prédécesseurs. Pire, on se rend compte que les événements qui ont conduit à la mort de Bassirou Faye et Fallou Sene sont quasiment les mêmes : le paiement de la  bourse et les conditions de vie au sein du campus universitaire.

Il faut savoir que la question des bourses a, de tout temps, été le principal motif de grèves, parfois sanglantes, au sein de l’espace universitaire. On se rappelle de ce 19 octobre 1967, date à laquelle le président Senghor décidait de fractionner les bourses estudiantines, celles-ci n’étant versées que dix mois sur douze. Ce fut le début d’une vaste contestation qui s’est rapidement inspirée des mouvements estudiantins de France. A partir de mai 1968, l’université de Dakar est occupée par les étudiants et le mouvement s’étendit rapidement dans toutes les grandes villes. Le bilan : un mort, plusieurs dizaines de blessés (69 selon les autorités), l’enrôlement de force d’étudiants sénégalais dans l’armée et l’expulsion d’étudiants étrangers.

En 2001, la même de violence s’est emparée de l’université de Dakar avec comme principal motif le paiement tardif des bourses. Encore une fois, elle s’est soldée par la mort de Balla Gaye. Face à l’émotion de l’opinion publique nationale, le président Wade décida de généraliser la bourse pour tous les étudiants.

En 2015, les réformes engagées dans l’enseignement supérieur, notamment au niveau des inscriptions, des bourses et des conditions de vie dans le campus déclenchèrent de nouveaux affrontements entre étudiants et forces de sécurité. Pendant 2 jours, les forces de l’ordre envahirent le campus de Dakar et délogèrent les étudiants de force. Bilan : plusieurs blessés et la mort par balles de Bassirou Faye.

Avec le meurtre de Fallou Sene, c’est une  nouvelle victime que l’Etat va devoir assumer en pleine année préélectorale et face à une opinion publique qui n’a pas fini de s’émouvoir.

Comment en est-on arrivée là,  malgré les réformes engagées en 2013 et les promesses sur le délai de paiement des bourses (non tenues) en 2015?

Le fait est que l’État du Sénégal croule sous le poids des dettes et, assure difficilement  le paiement à temps des salaires, ceux-ci étant échelonnés par ordre de priorité. Bien entendu, les salaires des fonctionnaires, des députés, de la pléthore de ministres, des transhumants que l’on cherche à caser, des femmes des diplomates et des griots professionnels ne tardent jamais.

L’État du Sénégal, à travers ses nombreux emprunts pour financer un hypothétique Plan Sénégal Émergent, entend à tout prix satisfaire les exigences du FMI qui est un organisme dont le but a toujours été de s’assurer de la solvabilité des pays débiteurs. Il faut alors, à un moment donné, sacrifier un certain groupe dont font malheureusement partie les étudiants et les enseignants. Ce qui justifie que l’État n’ait pas hésité à ponctionner les salaires de ces derniers durant leur précédent mouvement de grève. Une bouffée d’air dont il ne pouvait se priver.

Les étudiants, quant à eux, sont les éternelles victimes du manque de vision et d’organisation d’un État qui peine à gérer une année préélectorale largement entamée et une pression économique de tous bords (dette interne et externe).  Attendre (encore) qu’il y ait mort d’homme pour agir est tout simplement honteux et frôle l’amateurisme.

Cependant, il est clair qu’on n’en serait pas là si l’argent du contribuable n’était pas utilisé pour satisfaire une clientèle politique sans aucun sens du patriotisme ou pour financer des projets largement surfacturés et dont le but inavoué est de plaire aux bailleurs, en  particulier, la France.

Il devient urgent de savoir qu’aucun pays au monde ne s’est jamais développé avec des IDE (investissements directs étrangers). Ceux-ci sont source d’instabilité sur le plan économique et social.

Ça suffit !!!