En mars 2020, le gouvernement Camerounais a dû prendre la décision de suspendre les cours sur toute l’étendue du territoire. Aujourd’hui encore les effets de cette décision se ressentent sur le niveau scolaire des apprenants.

Le 17 mars 2020, le Premier Ministre, Chef du Gouvernement Joseph Dion Ngute annonçait dans une déclaration spéciale l’arrêt des cours et la fermeture de tous les établissements publics et privés. Ce point s’inscrivait avec 12 autres dans la stratégie gouvernementale de riposte face à la pandémie de Coronavirus qui venait de s’inviter au Cameroun où 10 personnes infectées avaient déjà été identifiées.

Reprise et exigences

Le 1er juin 2020 la reprise des cours est annoncée, même si tout le monde ne reprend pas le chemin de l’école. En effet, autant au primaire qu’au secondaire, seuls les apprenants des classes d’examen sont autorisés à se rendre dans les écoles qui sont tenues de respecter scrupuleusement les mesures de distanciation sociale. Les cours reprennent tant bien que mal, et les examens officiels de tiennent malgré le calendrier fortement perturbé.

Lorsque les cours reprennent, la priorité est donnée aux classes d’examen. Cela peut se comprendre au vu des exigences de sécurité à ce moment-là. Par exemple, le fait que le nombre d’élèves par classe était limité à 50 a obligé les chefs d’établissements réaménager les salles de classes, certaines devant être éclatées en 2 ou 3.

De l’autre côté, la gestion des enseignants dont le nombre d’heures de cours avait été multiplié par l’augmentation des salles de classes, était également devenue plus compliquée. Il était donc impossible dans ces circonstances d’envisager une reprise des cours dans toutes les classes. Mais, c’est exactement cela qui a eu et continue à avoir une mauvaise incidence sur le niveau scolaire des élèves.

Cours non rattrapés

En mi-mars lorsque les établissements sont fermés, de nombreux enseignants n’ont pas encore achevé les programmes. D’ailleurs, certains établissements au secondaire sont soit en train d’évaluer les élèves, soit s’y préparent.

Pour les classes intermédiaires qui ne reprendront pas les cours en juin avec les classes d’examen, l’arrêt des cours signe la fin de l’année scolaire. Facile d’imaginer que les élèves perdent de nombreuses leçons qui ne seront jamais rattrapées. Or, ils vont pour la plupart en classe supérieure, y emmenant leurs lacunes.

Les effets de cet arrêt des cours sans compensation se ressentent dès l’année scolaire 2020 – 2021 : les élèves qui sont promus en classe d’examen et qui l’année précédente avaient arrêté les cours en mars, n’ont pas le niveau. De l’autre côté, les programmes n’ont pas été allégés, histoire de permettre aux enseignants de revenir sur les parties non couvertes l’année précédente.

Solutions inefficaces

Durant l’année scolaire 2020 – 2021, la restriction sur le nombre d’élèves par classe n’est pas levée, et vu que toutes les classes reprennent les cours, les chefs d’établissements sont obligés de trouver des stratégies pour caser tous les élèves dans l’établissement en respectant le quota des 50 par classe.

Dans la plupart des établissements, un système de mi-temps est mis en place : certaines classes occupent les salles le matin et les libèrent pour que les autres les occupent le soir. Devant l’impossibilité de couvrir les programmes avec ces nouveaux emplois du temps, il est conseillé aux enseignants d’employer la méthodologie de la classe inversée et de la combiner avec le ‘distance learning’.

Une plateforme est mise en ligne à cet effet et des groupes WhatsApp sont créés dans les établissements pour permettre aux enseignants de continuer à enseigner après 17 heures. Malheureusement, l’obstacle de l’accès à internet et parfois de la disponibilité de l’électricité se dressent contre ces mesures, réduisant leur efficacité de beaucoup.

Résultats

Le plus étonnant dans tout ceci, c’est le pourcentage de réussite aux examens officiels. En 2021 le baccalauréat général a enregistré un taux de réussite de plus de 73% ! Ce taux, qui contrastait fortement avec ce qui ressortait des établissements lors des examens blancs, amenait à se poser des questions sur les conditions de délibération des examens de cette session.

Mais plus encore, il renseignait sur un élément : le gouvernement n’était pas prêt à remettre en question sa gestion chaotique de la crise sanitaire dans le secteur de l’éducation, et ne pourrait probablement pas réexaminer ses stratégies pour les améliorer. Le constat qu’on fait malheureusement sur le terrain, c’est que les lacunes que les élèves ont accumulées vont pendant longtemps encore contribuer à faire baisser le niveau scolaire au Cameroun.

Photo par AMISOM via Iwaria