Déjà en 1236, la charte du Mandé stipulait en son article 16 que : les femmes, en plus de leurs occupations quotidiennes doivent être associées à tous nos gouvernements. Une reconnaissance de l’apport inestimable des femmes dans la survie et le bon fonctionnement de notre société.
Après la démission précipitée du président Ibrahim Boubacar Keita, à la faveur du coup de force des militaires, le 19 août 2020. On pouvait entendre dans les rues, la nécessité et la possibilité de confier les rênes du pays à une femme.
Même si de telles idées font croire à une évolution des mentalités sur le rôle et la place de la femme dans la politique et la société. Nous sommes loin d’être dans une société complètement progressiste. Ni le président de la transition, le Vice-président et le Premier ministre ne sont des femmes. Aucun ministère clé comme la défense, l’administration, la réconciliation et la sécurité n’est confié à des femmes. Sur 24 ministres, seules 4, sont des femmes.
Le non-respect de la loi 052 quota qui demande une représentativité de 30% des femmes aux postes électifs et nominatifs n’est pas respectée. « Au sein du Parlement, l’évolution du niveau de représentation des femmes est négative : 12,2% en 1997 contre 9,52% en 2019. Au niveau du gouvernement, la part des femmes augmente sensiblement, mais de façon irrégulière depuis les 18 dernières années : 6 sur 27 (22%) en 2007, 4 sur 33 (12%) en 2011, 10 sur 32 (31%) en 2018. » *
Au Mali, il y a un adage populaire qui dit : « Le meilleur parfum d’une femme est le parfum du succès de son mari ». En vrai, au Mali, les femmes participent à la politique, mais la politique au final se fait sans elles. Elles ne sont impliquées que pour mobiliser les foules ; aller voter contre de vils présents. Et même les partis politiques qui inscrivent les femmes sur les listes électorales, le font pour convenir aux lois, mais pas par conviction. Ce qui prédestine les femmes à des rôles secondaires dans notre démocratie.
Les travaux ménagers ne laissent pas beaucoup de temps aux femmes afin de s’investir en politique. Plus, la méconnaissance des textes et de lois et aussi la précarité font qu’elles ont rarement l’opportunité d’exprimer leurs potentiels. Pourtant, les femmes ont un rôle considérable à jouer dans la politique. Déjà, elles sont les plus grandes électrices. Elles peuvent aussi par les idées et les compétences apporter un plus à notre démocratie.
Plus que des lois
« Les lois ne font pas les hommes, c’est l’inverse », dit-on. Les lois ne serviront à rien si en dessous des programmes d’éducation ne sont pas initiés pour une meilleure vulgarisation et appropriation. Parce que ce dont nous avons besoin est un changement de paradigme, par ricochet de comportement.
On doit intensifier la communication pour conscientiser sur les droits des femmes. Toucher les cœurs et les esprits à tel point qu’avoir une femme à la tête d’un parti politique ou d’un poste électif ne soit plus un fait exceptionnel, mais quelque chose de normal. Les femmes dans les partis politique se doivent d’être plus solidaires et se s’impliquer pour le respect de la formation politique des membres féminins.
Les leaders religieux
Rappelons-nous en 2009 le code de famille adopté par l’Assemblée nationale a été combattu avec vigueur par les religieux. Nous sommes en 2020 le Mali traverse une crise multiforme et sous l’influence des religieux le président est contraint à la démission.
Nous ne devons plus voir les leaders religieux comme des opposants, il faut les impliquer dans les programmes visant l’amélioration de la condition des femmes. C’est seulement en ayant les religieux à nos côtés, engagés pour la cause des femmes que nous pourrons connaître des avancées significatives. Ils peuvent amplifier les messages et facilement convaincre la société sur les bienfaits de l’implication des femmes dans la politique.
Les technologies
Aujourd’hui nous disposons tous de smartphones et beaucoup de femmes les utilisent déjà pour s’informer et communiquer. Les barrières de la langue dépassées par les fonctionnalités vocales, la simplicité des applications les rendent accessibles à tous.
Cette révolution technologique est une aubaine pour outiller les femmes avec les clés de compréhension de la politique, la démocratie. Car en plus d’avoir facilement accès à l’information, elles peuvent réagir, prendre la parole et se faire entendre. Défendre leurs droits, dénoncer les dérives, et même participer activement à la démocratie.
Makaveli Ousmane
*Rapport inclusion des jeunes et femmes de Kayes dans la vie politique.