Désespérés des régimes qui se succèdent sans apporter des solutions concrètes à leurs problèmes, de plus en de plus de jeunes africains s’abstiennent de voter.
Le dimanche 29 juillet 2018, les Maliens étaient appelés aux urnes pour élire un nouveau dirigeant. Bakary Cissoko, jeune malien âgé de 30 ans vivant en Côte d’Ivoire, ouvre son magasin dans la capitale économique ivoirienne. À la question de savoir s’il ira voter, il répond non, car pour lui son vote ne changera en rien l’issue des élections dans son pays. « Je ne compte pas aller perdre mon temps devant un bureau de vote. Les politiciens sont tous les mêmes. Je n’ai plus confiance aux politiciens» déclare désespérément le jeune Cissoko.
Comme lui, de nombreux jeunes africains accordent moins d’importance aux élections. Quand ils ne font pas allusion aux trucages des élections, ils parlent de la mainmise des puissances occidentales sur les élections en Afrique ou encore de l’incapacité des candidats à tenir leurs promesses de campagnes.
Le blogueur malien Ousmane Traoré est allé aux urnes pour élire un nouveau dirigeant pour son pays. Il affirme vouloir participer à l’avènement d’un nouveau Mali.
« Dans cette élection ce qui saute aux yeux c’est la carence des citoyens en éducation politique. Ils n’ont ni les outils pour décortiquer les programmes des candidats ni les grilles de réflexion pour évaluer les élus. Cette élection comme par le passé est émaillée par des cas d’achats de conscience, de promesses irréalistes. Ce sont les candidats les plus fortunés qui arrivent en tête. J’espère qu’unanimement les résultats officiels seront acceptés de tous », déplore-t-il tout de même.
Démocratie en danger
En Afrique, les jeunes rêvent d’un lendemain meilleur, mais ne considèrent plus les élections comme source de changement. Ils préfèrent critiquer et dénoncer la gestion du pouvoir sur les réseaux sociaux plutôt que de s’impliquer véritablement dans la politique, faire entendre leurs voix et surtout susciter les changements qu’ils souhaiteraient voir.
À quoi servirait la démocratie en Afrique sans la participation citoyenne et l’engagement social des jeunes ? S’interroge Mikael Dassi Zadi, Président de la fédération des jeunes socialistes de Côte d’Ivoire.
« Sachant que les jeunes en Afrique comptent pour 70% des populations africaines, si ces 70 % ne participent pas aux choix des dirigeants, alors c’est une minorité qui décide pour toute la majorité. Il est important, voire impérieux que les jeunes s’engagent dans le jeu politique, pour que les élus aient l’assentiment du plus grand nombre de la population », préconise le Président de la fédération des jeunes socialistes de Côte d’Ivoire.
En Côte d’Ivoire, sur une population estimée à 25 millions d’habitants, le corps électoral est constitué de 6,3 millions de personnes. En 2018, les nouveaux majeurs estimés par la Commission électorale indépendante (CEI) à plus de trois millions de personnes ont répondu par un faible taux de participation à la révision du fichier électoral qui s’est tenue du 18 au 24 juin 2018 sur toute l’étendue du territoire ivoirien. La commission n’a enregistré que 428 233 nouveaux inscrits.
« On fait de la politique pour créer de meilleures conditions de vie pour les populations. Ce à quoi les jeunes qui représentent la plus grande marge de cette population aspirent est l’amélioration de leurs conditions de vie. Pour que les jeunes soient accrochés à la politique, il faut que la politique leur garantisse un mieux-être. Lorsque ce mieux-être manque ou n’est pas garanti, cela est une des raisons fondamentales du désintéressement des jeunes. Il y a eu dans bien de cas, des élections où les jeunes ont manifesté de l’intérêt et ont apporté leurs soutiens à certains hommes politiques, mais une fois au pouvoir, ces élus se sont détournés de ces jeunes. Les hommes politiques résument la politique à la seule élection, mais la politique va au-delà », explique Bakayoko Falikou, Président du mouvement d’avenir de Côte d’Ivoire en abrégé Maci.
Une société civile active sur le continent
La société civile consciente de la nécessité de l’engagement social des jeunes s’active sur le continent à l’approche des élections pour mobiliser les jeunes à s’inscrire sur les listes électorales et à voter. Plusieurs mouvements ou encore structures tentent sur le terrain de faire améliorer la participation politique des jeunes.
En Côte d’Ivoire, la campagne dénommée chaque voix compte a été lancée par le groupe de travail ‘’GTJeunes’’ pour sensibiliser bénévolement les jeunes à se faire enrôler, pendant la période de la révision de la liste électorale.
« Faire de la Côte d’Ivoire un pays émergent impose à notre pays, au-delà des progrès économiques, d’améliorer son cadre institutionnel et de créer le terreau d’un meilleur développement avec des reformes sociales, politiques et institutionnelles à même de favoriser le changement social et la transformation démocratique. Et cela passe par l’émergence d’une nouvelle classe politique et de citoyens. C’est donc pour contribuer à cet objectif de bonne gouvernance, GTJeunes se propose de mettre en place un groupe de travail sur des thématiques pouvant contribuer au renforcement démocratique des institutions et à la promotion des droits de l’homme », révèle Magloire Dehi, bénévole ‘’GTJeunes’’.
La jeunesse n’est pas l’avenir d’un pays, mais le présent. La réduction du chômage la baisse du taux de migration illégale, etc. tout est possible avec des dirigeants soucieux du devenir de leurs nations.
La passivité, le laxisme des jeunes, leur manque d’engagements pour le changement sont une menace pour l’Afrique.
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