Ouverte depuis le 19 novembre, la campagne électorale aborde sa dernière ligne droite en République démocratique du Congo. Il reste moins d’une semaine jusqu’à la tenue des scrutins prévus le 20 décembre 2023. Du coup, les différents candidats ont jeté toutes leurs forces dans la bataille pour convaincre les électeurs. D’autres semblent déjà essoufflés.

Au total, 26 candidats sont en lice pour l’élection présidentielle et un près de 24000 pour les législatives. Depuis le coup d’envoi de la campagne électorale, les provinces sont prises d’assaut par les candidats. À commencer par le président Félix Tshisekedi qui brigue un second mandat. Les meetings de campagne se suivent les uns après les autres, et aucune ville n’est épargnée dans le pays.

Après avoir lancé sa campagne électorale dans l’enceinte du mythique stade des Martyrs à Kinshasa, le chef de l’État sortant a mis le cap dans le Congo profond. A ce jour, il a parcouru plusieurs provinces : Kongo Central, Grand Équateur, Grand Katanga, Maniema, les deux Kivu, Grand Kasaï… « Je vous demande de me faire encore confiance et de m’accorder un deuxième mandat pour me permettre de poursuivre le travail que j’ai commencé », répète-t-il dans tous ses meetings de campagne.

Une opposition divisée !

L’opposition a fait le choix de faire la campagne en ordre dispersé et en étant très divisée. Ses leaders ne se sont pas accordés sur la désignation d’un candidat commun. Certes, l’ancien gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi, a bénéficié du ralliement à sa candidature par quatre autres candidats, mais les grandes figures de l’opposition ont refusé de se soumettre à Katumbi. C’est le cas du Prix Nobel Denis Mukwege et de Martin Fayulu, candidat malheureux à la présidentielle de 2018. Tous rivalisent de capacité à drainer des foules, mais de toute évidence, la victoire finale se joue entre Moïse Katumbi et Félix Tshisekedi.

Martin Fayulu se présente comme le « candidat de la rupture et de lutte contre les antivaleurs ». Il a commencé sa campagne électorale dans la province du Kwilu, avant de se rendre à Mai-Ndombe, mais aussi au Nord et au Sud-Kivu, dans le Grand Équateur, la Tshiopo, etc. Quant à Moïse Katumbi, son premier meeting de campagne à Kinshasa a eu lieu le samedi 9 décembre 2023 sur le célèbre terrain de Sainte Thérèse à Nd’jili. Selon lui, le président sortant Félix Tshisekedi doit dégager, car « il n’a pas de bilan » à défendre.

Commencée avec pompe le 19 novembre, la campagne du candidat à la présidentielle Denis Mukwege montre des signes d’essoufflement. A moins d’une semaine des élections, le célèbre gynécologue congolais et prix Nobel de la paix, se fait de plus en plus inaudible. D’aucuns commencent à se moquer de lui disant : « Il pensait que c’était la campagne de vaccination ! »

Il faut également noter que cette campagne électorale a connu plusieurs incidents malheureux. On peut noter la mort de six personnes piétinées lors d’une bousculade après un meeting de Félix Tshisekedi dans le stade de Mbanza Ngungu dans le Kongo Central. Ce qui a obligé le président à suspendre sa campagne pendant trois jours pour compatir avec les familles des victimes. Il y a eu également un mort lors du passage du candidat Moïse Katumbi à Kindu, dans la province du Maniema. A cela s’ajoute que les affiches et matériels de campagne des candidats sont fréquemment vandalisés ou purement et simplement brulés par les supporters de leurs adversaires.

Les discours de haine ethnique au rendez-vous

Autres faits notables pendant cette campagne électorale : les discours de haine. Ils circulent énormément parmi les partisans de différents candidats sur les réseaux sociaux. Sont visés particulièrement les ressortissants des provinces d’origine du président Tshisekedi et de son rival Moïse Katumbi. Une plainte a même été déposée contre l’opposant Katumbi à la Cour de cassation. Il est accusé d’avoir tenu des propos qui auraient incité à des violences contre les Kasaïens à Malemba Nkulu dans la province du Haut Lomami. Ces violences avaient causé la mort de plusieurs personnes de l’ethnie Luba du Kasaï.

A noter également que la Mission d’observation électorale de l’Union européenne s’est retirée de la République démocratique du Congo, évoquant des « contraintes techniques ». Un retrait salué par les partisans de Félix Tshisekedi. Par contre, Hervé Diakese, porte-parole du parti de l’opposant Moïse Katumbi, a vivement déploré ce retrait, accusant le régime de Félix Tshisekedi d’en être la cause dans l’objectif de mieux exécuter son plan de « fraude électorale ».

 

Photo : Vote election by AMISOM via Iwaria.jpg