La polémique enfle en RDC autour d’un projet de loi fixant le prix de la dot. Pour le député Daniel Mbau (auteur de cette loi), le prix de la dot ne peut dépasser 500 dollars américains en ville et 200 dans les villages. Ce qui a suscité une levée de boucliers chez les femmes congolaises qui s’estiment chosifiées lorsque la dot est considérée comme un prix d’achat ou de vente d’une femme qui va en mariage.

Beaucoup de femmes congolaises considèrent ce projet de loi comme une provocation et une insulte. Pourtant, elles ne prennent aucune initiative. Il y en a qui pensent qu’il faille laisser à la famille de la femme le droit de fixer le prix (de la dot) qui lui convient, selon les circonstances et en tenant compte de certains critères tels que : la beauté de la femme, son cursus universitaire, le fait qu’elle soit la seule fille de la famille, etc.

Le projet de loi est déjà déposé au bureau de l’Assemblée nationale. Sera-t-il voté ou non ? On le saura le moment venu. Néanmoins, la République démocratique du Congo est divisée entre les pro et les anti-loi Mbau (du nom de son initiateur).

Une loi qui sauve les hommes célibataires pauvres ?

Epouser en RDC, lorsqu’on est un homme, relève d’un exploit au vu de la facture exorbitante que dresse souvent la famille de la femme. Une bonne partie de Congolais soutient la loi Mbau pour deux raisons :

  1. À 500 ou 200 dollars, le prix est accessible aux célibataires qui n’ont pas assez de moyens

Dans des villes comme Kinshasa, se marier est un luxe réservé aux seuls riches. Un jeune homme qui veut se marier doit débourser jusqu’à 10 000 dollars de dot en liquide. Sans compter les biens en nature exigées par la famille de sa fiancée. A cela s’ajoutent les frais de festivités après la célébration coutumière, religieuse et à l’état civil. L’enveloppe globale peut aller jusqu’à 20 000 dollars ! Tout ça aux frais de l’homme.

Dans un pays où l’écrasante majorité des jeunes est au chômage, exiger 5 ou 10 000 dollars pour la dot c’est les condamner à rester dans le célibat jusqu’à la mort. Voilà pourquoi la loi Mbau est pour eux la très bienvenue. « 500 dollars comme dot, ça me soulage. Je peux même emprunter et me marier », exultait un jeune étudiant de l’Université de Kinshasa.

  1. La dot devrait être symbolique

Ceux qui soutiennent la loi Mbau se justifient également par le fait que la femme en tant qu’être humain n’a pas de prix. En la donnant en mariage, on ne devrait pas la considérer comme un bien qu’on vend ou qu’on achète. La famille de l’homme donne une somme d’argent symbolique pour sceller l’alliance avec la famille de son épouse. Dans l’ancien temps, selon nos différentes coutumes, on donnait des vaches, des chèvres, des fusils de chasse, etc.

Aujourd’hui la famille de la femme exagère en taxant très cher la dot. Certains vont jusqu’à dire qu’ils demandent 10 ou 12 000 dollars américains pour lancer un commerce. Beaucoup de célibataires, sans emplois, ne peuvent réunir une telle somme pour se marier. Voilà pourquoi à Kinshasa, certains ont 40 ou 45 ans d’âge, mais demeurent toujours célibataires et vivent encore sous le toit parental. La loi Mbau peut être une solution pour eux.

 

Photo : by aimee via Iwaria