12 juin 2022. Je débarque à Paris, pour une formation de quelques jours et mes vacances. Ce n’est pas encore l’été, mais la douce chaleur qui s’installe me réjouit le cœur, moi, la petite Africaine qui craignait le froid après deux années d’études en Égypte.

La première semaine : passée sous silence. Je la mets véritablement à profit pour la formation pratique en Protection civile de paix, objet principal de ma présence sur le sol européen. Rien de particulier à dire.

La semaine d’après, fini la formation, c’est le début des visites. Les rencontres d’amis du collège et d’amies de promo de l’université Senghor d’Alexandrie. Les boutiques entament les soldes, et j’avoue que je ne peux me retenir. Je fais le tour des boutiques de beauté et d’accessoires, et de mode. Pour être sûre de pouvoir repartir avec tous mes achats souvenirs, je prends une valise supplémentaire en soute pour le voyage retour.

Des passagers sans leurs bagages et dans le désespoir

Chaque jour a son lot de bonheur. Arrive l’heure du départ. Je dois regagner Ouaga, puis Abidjan, pour célébrer la Tasbaki en famille. Mais j’ignorais que le vol Air France AF0914 avait un tout autre projet pour moi. Nous perdons près de deux heures à attendre dans l’avion avant de nous envoler. À l’arrivée à Ouaga, je fais partie des nombreux passagers que la compagnie choisit de convoyer sans bagages.

Deux agents commis à la tâche nous attendaient déjà. Comme des religieux, ils nous reçoivent deux à deux. Sans aucune forme d’explications ou d’excuses. L’un scanne notre ticket bagage et l’autre relève notre numéro de téléphone. Ensuite, on nous remet le ticket bagage et un papier comportant les instructions pour une réclamation en ligne.

Les jours passent et se ressemblent. Sans aucune lueur d’espoir. Nous devons attendre. Certains choisissent désespérément de rester chez eux et d’attendre un coup de fil miracle qui leur annoncerait le retour de leurs bagages. Puis, il y a moi qui décide d’aller quotidiennement aux nouvelles.

Chaque soir, je me rends désespérément à l’aéroport, pour savoir ce qu’il en est de mes bagages… Je subis le manque de courtoisie des agents. Je dois quémander pour pouvoir avoir accès aux dizaines de bagages que la compagnie convoie chaque jour.

Tous les soirs, je rencontre des voyageurs qui, comme moi, ont été convoyés sans leurs bagages. La liste ne cesse de s’agrandir. Et chaque jour, je perds espoir de pouvoir revoir mes deux valises chargées de souvenirs et de cadeaux. Je crains de voir mes économies envolées. J’attends, désespérément. Et je passerai la fête de Tabaski loin de la famille. Une première, pour moi.

Merci, Air France !