Par Annadjib Ramadane

CEO, CO-founder, Consultant et autres… les titres s’enchainent sur les biographies de plus en plus de jeunes tchadiens sur les réseaux sociaux. Tout le monde est entrepreneur, tout le monde est consultant. C’est à croire que le rêve de beaucoup de jeunes tchadiens, qui était de travailler à la fonction publique a changé.

Aujourd’hui chacun veut être son propre patron. A première vue, il n’y a aucun mal à travailler pour soi et gagner beaucoup d’argent – puisqu’il est connu que chez nous, les fonctionnaires du public gagnent mal leur vie – mais derrière cette « mode », se cachent des personnes qui font profit de ce « business » au détriment des jeunes parfois crédules etincompétents qui s’y lancent.

Les formations se multiplient, mais pas les entrepreneurs à succès

Un tour sur les réseaux sociaux, et on est sidéré par les multiples annonces et affiches sur des formations du genre : « Devenir entrepreneur Numérique en 1 semaines », « maitriser le développement web en 2 semaines », « Devenir Graphiste en 1 mois », « Devenir un entrepreneur grâce au leadership », « Entreprendre à partir de Zéro Francs » etc.

Derrière ses formations, se cache un business très lucratif pour ses initiateurs qui demandent jusqu’à plus de 100.000 francspour des formations ne durant que quelques jours et ne comportant aucun suivi.

Les jeunes crédules, attirés par des formateurs qui -paradoxalement, n’étant pas eux-mêmes des entrepreneurs -promettent succès, gros chiffres d’affaire et indépendance financière. Résulte alors de toute cette vaste arnaque de multiples personnes se présentant comme « Entrepreneur Digital » parce qu’ils ont une page Facebook, ou « Consultant » parce qu’ils ont un diplôme, où suivis une formation sur un domaine quelconque, sans avoir une réelle expérience sur leur supposé domaine d’expertise. Tout cela avec le silence complice des gouvernants.

Le silence complice des gouvernants

Pour rappel depuis 2016, le gouvernement tchadien a pour des causes économiques, suspendu l’intégration à la fonction publique. Une situation qui a laissé beaucoup de jeunes diplômés dans le doute quant à leur avenir et qui a fortement joué dans leur attrait dans l’entrepreneuriat.

Le gouvernement tchadien s’exonérant de sa responsabilité de trouver du travail aux jeunes diplômés à travers de grands discours louant le « retour à la terre » des jeunes et en parrainant des forums et autres évènements sur l’entrepreneuriat, l’auto-emploi etc.

Alors qu’en réalité, la plupart de ces forums accouchent de souris et les seuls qui en tirent profits se sont les organisateurset leurs partenaires qui ont trouvé un moyen efficace de récolter les fonds de divers donateurs qui ne jurent que par l’entrepreneuriat des jeunes en Afrique.

Pendant ce temps, « les jeunes entrepreneurs » perdus dans cette illusion, sont les seuls dont la situation ne change pas.