Par Annadjib Ramadane
La semaine passée, 83.100 lycéens tchadiens ont passé les épreuves du baccalauréat. Un diplôme tellement convoité qu’il devient source de stress pour beaucoup.
Journées de travail interminables et veillées sous les lampadaires des rues, les lycéens en classe d’examen ont l’habitude de se transformer en véritables commandos à l’approche du bac. Un rythme de travail effréné qui rend optimiste et donne l’impression que tout ce beau monde est enfin conscient que la réussite au baccalauréat provient essentiellement du travail. Cependant, quand arrive le bac, on se rend compte que la réalité est tout autre.
Triche et fraude au bac
Bien que l’office tchadien en charge des examens met chaque année le paquet pour éviter la triche et la fraude au bac, notamment via les fouilles minutieuses et l’interdiction de smartphones aussi bien pour les candidats que les surveillants, les candidats toujours plus rusés, arrivent quand même à introduire dans les salles d’examens des cartouches (bout de papiers contenant des résumés de cours) et des smartphones.Que ce soit avec ou sans la complicité des surveillants.
Les candidats les plus téméraires content sur l’aide extérieure via sms pour espérer s’en sortir lors des examens. Lors de la semaine du bac, j’ai reçu divers appels de connaissances me faisant savoir qu’ils m’enverraient une fois en salle d’examen, des SMS avec leur sujet. La plupart du temps, c’est toujours le même refrain : « Envoi moi juste l’introduction et la conclusion. Le reste je vais me débrouiller ». Evidemment, j’ai trouvé des excuses pour éviter de les aider.
Un phénomène qui a conduit à l’expulsion pour fraude de cinquante candidats dans certaines villes du pays.
Recherche des fuites d’épreuves
À la veille du bac, beaucoup de candidats comptent sur les fuites des épreuves d’examens qui peuvent apparaître à tout moment. La plupart du temps, le candidat qui n’a pas confiance en lui, passe sa nuit à envoyer des SMS et passer en revue les différentes rumeurs sur les probables sujets d’examens au lieu d’utiliser son temps libre à bon escient. Un phénomène qui s’explique par l’attrait de la facilité et la perte de la culture de l’excellence dans nos écoles, car tous les moyens sont bon quand ils sont efficaces. La recherche des fuites d’épreuves est une méthode qui peut s’avérer dans certains payante. Cependant, l’office national des examens et concours riposte tant bien que mal en changeant à la dernière minute les épreuves.
Passer les épreuves du bac en province
Il y a quelques années, les candidats en classe d’examen portaient leur choix sur les provinces pour passer leur année scolaire, car c’est des lieux calmes et parfaits pour se focaliser uniquement sur les examens.
Mais malheureusement, beaucoup se tournent aujourd’hui vers les provinces pour des raisons pas très louables. Les centres d’examens en province sont réputés ne pas être aussi rigoureux que ceux de la capitale. Il y est plus facile de tricher, de communiquer et de trouver des fuites d’épreuves.
Ce nomadisme combiné à la recherche des fuites et de la triche lors des examens fait que l’on se retrouve parfois avec un bon taux de réussite au bac, mais un piètre niveau scolaire.
Le gouvernement tchadien devrait au plus vite plancher dessus, avant qu’il ne soit trop tard.