Depuis son avènement au pouvoir, il y a un an, le capitaine Ibrahim Traoré, nouvel fort du Burkina Faso, semble en parfaite adéquation avec le peuple burkinabé.

Le peuple burkinabé a connu des dirigeants comme Maurice Yameogo, Sangoulé Laminezana, Sayé Zerbo, Jean-Baptiste Ouedraogo. Et surtout un certain Thomas Sankara, mort il y a 36 ans. Assassiné. Ce dernier a laissé des souvenirs indélébiles dans la conscience collective de cette nation. Par son état d’esprit, ses prises de position, ses ambitions et projets d’alors pour son pays.

Les Burkinabé vivent, depuis douze mois sous l’ère du capitaine Ibrahim Traoré, 35 ans. Le premier est unique en son genre. Incomparable au second. À tout point de vue. Cependant, les deux dirigeants ont des similitudes ; arrivés très jeunes au pouvoir, ils sont tous les deux militaires. Ils sont révolutionnaires dans l’esprit, par les actes et leurs visions respectives.

Depuis sa prise du pouvoir par les armes, le 30 septembre 2022, le capitaine Ibrahim Traoré, en dehors de ses alliés politiques, économiques et diplomatiques étrangers, a un soutien de poids qui légitime son pouvoir d’état ; le peuple burkinabé. Les Burkinabés, voient-ils en lui le messie politique qu’ils attendaient ?  On a la nette impression que le jeune capitaine incarne, à la perfection, le modèle de dirigeant politique auquel ce peuple aspirait. Bien que les violences djihadistes aient engendré 17.000 morts et fait deux (2) millions de déplacés internes, on a le sentiment que l’écrasante majorité du peuple burkinabé place son entière confiance en Ibrahim Traoré et son gouvernement quant à leur capacité à mieux combattre les djihadistes.

La preuve, lorsque le pouvoir a essuyé une nouvelle tentative de coup d’état militaire, les 26 et 27 septembre 2023 derniers, le peuple burkinabé ne s’en est pas laissé conter. C’est lui-même qui s’est levé, comme un seul homme, pour y faire barrage. Et le capitaine Ibrahim Traoré le lui reconnaît si bien.  » Le peuple a bien voulu nous confier son destin, chose que nous assumons pleinement. Et nous nous sentons de plus en plus confortés dans cette mission tant que le peuple est avec nous », confiait-il récemment, dans une interview accordée à la télévision nationale burkinabé.

Pour le dirigeant militaire, la sécurité des Burkinabé demeure la priorité régalienne principale qu’il place malheureusement                              au-dessus des élections reléguées au second plan. Lesquelles devraient mettre fin, en principe, à la transition militaire prévue pour juillet 2024. Ce qui  ne rentre pas dans les plan du militaire :  » C’est vrai qu’on espère toujours organiser les élections. Mais il n’y aura pas d’élection basée seulement à Ouaga et à Bobo. Il faut que tous les Burkinabé choisissent leur président. S’il doit y avoir des élections, il faut qu’elles se déroulent sur toute l’étendue du territoire national. L’élection présidentielle n’est donc pas une priorité, il faut d’abord qu’on assure la sécurité qui est la priorité ».

Concernant la sécurité des peuples et la sécurisation du Burkina Faso, le pays n’était souverain dira-t-il entre deux mots.  » Tant sur le plan organisationnel, de l’effectif que des munitions, il n’y avait pas d’armée. On n’avait pas préparé la guerre. On n’avait pas d’équipements, on ne pouvait pas communiquer. Toute l’armée n’avait pas 200 kalachs. On n’avait rien. Aujourd’hui, on a 10.000 fois plus que ça ».

Ce n’est pas tout. Des réformes dans tous les secteurs viables de la nation burkinabé sont en cours. De l’hémicycle aux partis politiques en passant par le social, l’administration, l’économie etc., la junte militaire dit travailler pour être en symbiose avec les populations.

La question des élections 

Le capitaine Ibrahim Traoré et le peuple burkinabé semblent certes être en phase. Mais pour respecter le standard international qui exige des élections libres et démocratiques dans la gouvernance d’une nation, il se doit, en dépit de la situation sécuritaire du pays, faire des pieds et des mains pour respecter sa promesse d’organiser des élections libres et transparentes d’ici à juin 2024. Cela éviterait au Burkina d’être dans l’œil du cyclone et se retrouver sous le coup des sanctions. Ce qui serait une pilule difficile à avaler dans la situation actuelle du Burkina.

 

Marie De Dieu

Cover Photo: Présidence du Faso