Depuis quelques années les prisons du Sénégal reçoivent des « pensionnaires » d’un autre genre. Il s’agit de citoyens sénégalais embastillés pour avoir exprimé verbalement ou par la plume un opinion sur la marche du pays. Dernier exemple en date, les arrestations de l’activiste Guy Marius Sagna et du journaliste Adama Gaye. Ces restrictions des libertés, par le régime en place, semblent sonner le glas de la liberté d’expression, et consacrer l’EMERGENCE de la liberté d’oppression.

Offense au chef de l’État, diffusion de fausses nouvelles, propos indécents... Ce sont là les délits les plus visés par le parquet de Dakar dans ce qu’il est convenu d’appeler la traque aux opposants et activistes sénégalais. La liberté des citoyens prend ainsi un sacré coup face aux agissements d’un pouvoir pour qui, tous les moyens sont bons pour étouffer l’opinion publique et bâillonner la contestation.

Pourtant, au Sénégal, la liberté d’expression est un droit acquis de haute lutte. Elle a valu au Sénégal d’être souvent citée en modèle et témoigne de la vitalité démocratique du pays. D’ailleurs dans les démocraties vivantes, la liberté d’expression garantit un débat contradictoire et constructif.  En effet, si nous ne sommes pas libres, il nous est impossible de choisir volontairement d’agir conformément au bien. Sa restriction ouvre donc la porte à toutes les dérives et dérapages.

La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme en son article 19 stipule « Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considération de frontière, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit. »

Malgré tout, le pouvoir en place, depuis 2012, oppresse et opprime au nom de la défense de la liberté. Cette même liberté est menacée pour une progression effrayante d’arrestations d’activistes et de citoyens dont le seul tort est d’avoir exprimer une opinion. Or l’oppression n’a d’une loi que la contrainte, même si elle prend le masque de la légalité. En brandissant à chaque arrestation le délit d’offense au chef de l’État, le régime de Macky Sall cherche à restreindre la parole des sénégalais. A preuve, l’oppression s’exerce sur tous sauf sur l’oppresseur. Sinon comment comprendre que les dérapages verbaux des partisans du pouvoir ne soient jamais sanctionnés d’une convocation à la police. Le procureur de la République, souvent prompt à agir, préfère faire la sourde oreille quand il s’agit des partisans du Président. Les propos injurieux de Penda Ba, militante APR, sur l’ethnie wolof et ceux irresponsables de Moustapha Cissé Lô, Vice-président àl’Assemblée Nationale, sur les casamançais en sont les preuves les plus patents.

L’oppression, la restriction des libertés s’exerce donc en vue d’un intérêt particulier, celui du chef. Au nom de l’intérêt général, l’État fait ainsi violence aux libertés individuelles. Or la confiscation de nos libertés consacrées par les lois au profit d’un intérêt particulier est la formule de la tyrannie. Toutefois, le droit de résister à l’oppression est un droit de chaque citoyen. Car, ce qui est constant c’est que la loi est en elle-même principe de justice. Ce qui implique qu’elle exige de donner à chacun son droit. Mais quand l’Etat, comme c’est le cas au Sénégal prend plus que sa part, c’est signe d’injustice. Le propre de la loi c’est de marquer le deuil de la toute-puissance.