Le terrible attentat à la bombe qui a eu lieu à Bulawayo, au Zimbabwe, le weekend du 23 juillet 2018 lors d’un rassemblement de la ZANU-PF nous a vraiment incité à prendre le temps de réfléchir sérieusement à la situation politique de notre pays (le Zimbabwe). Tout en exprimant notre vive émotion et notre tristesse pour les vies perdues et pour ceux qui ont été blessés au cours de ce terrible incident, nous ne pouvons qu’espérer qu’un tel événement, ne se produise plus jamais, que ce soit pendant cette période électorale ou à l’avenir, et quelles que soient les circonstances.

Nous ne connaissons pas encore les motivations de ce que le Vice-président Chiwenga a qualifié d’« acte terroriste »  Et à juste titre, tous les partis politiques de l’opposition dignes de ce nom ont condamné cet acte terrible.  Bien que les services de sécurité enquêtent toujours et que nous n’ayons aucune compétence pour formuler d’autre commentaires sur ce tragique incident, tous les Zimbabwéens doivent chercher à s’élever au-dessus de tout ça.

De nombreux récits circuleront, et circulent déjà, pointant vers diverses théories du complot sur ce qui aurait pu motiver cette attaque.

Et les médias sociaux zimbabwéens (les médias nationaux ainsi que les médias contrôlés par la diaspora) ont encore alimenté ces théories du complot.  Qu’il s’agisse de conjectures sincères ou de tentatives d’attirer l’attention des conspirationnistes, ou encore d’actions racoleuses visant à récupérer des clics (clickbait). 

Et ce jusqu’aux responsables de partis politiques qui commencent (à divers degrés) à mélanger perspectives officielles sur la tragédie et opinion personnelle dans les médias sociaux.  Et dans certains cas, ils en font de même dans les médias traditionnels. Mais je suis convaincu que tous les Zimbabwéens, en particulier ceux qui sont électeurs et même ceux qui voudraient être élus responsables politiques, quels que soient leurs horizons politiques, en dépit de tous leurs erreurs et opinions en la matière, veulent que le pays ne dévie jamais de sa culture électorale, malgré ses défauts. Et même si à cet égard, leurs intérêts et motifs sont entièrement personnels, ou liés à leurs propres ambitions politiques. Nous devons cependant tous prendre le temps réfléchir à notre culture politique nationale, aux motivations de nos responsables, partis et militants politiques dans leur quête du pouvoir politique.

A cet égard, nous devons aller au-delà des loyautés envers des personnalités politiques et vers une loyauté envers les valeurs politiques qui appellent à davantage de démocratie et à la prospérité démocratique nationale. J’entends par là que nous devons exercer notre militantisme politique moins pour le moment et plus pour atteindre une véritable démocratie qui va au-delà de nos propres vies, modes de vie et expériences personnelles. Bien que les évènements de novembre 2017 et « l’intervention militaire »/« le vrai-faux coup d’État » qui les ont engendrés fassent tâche dans notre politique (cela n’aurait jamais dû se produire), nous devons définir une nouvelle culture et un nouveau cheminement démocratiques nationaux.  Un cheminement qui doit s’élever au-dessus des incessantes dynamiques de succession du parti au pouvoir qui se sont malheureusement manifestées sur la scène politique nationale. Mais nous jouons avec les cartes que nous avons en main.  A la fois par défaut et du fait de l’incompréhension populaire quant à ce qui s’est produit ou, aujourd’hui, après l’incident de Bulawayo, du fait que nous n’en puissions plus d’attendre ce qui devrait maintenant être un processus électoral simple. Évitons les théories du complot, et parlons de ce que devrait être l’avenir politique du pays.  Cet avenir doit être fondé sur une aversion immédiate et directe de toute violence alimentée par des motifs politiques.  Sous quelque forme que ce soit.  Et nous devons valoriser la vie de chaque Zimbabwéen, quelle que soit sa position politique, et au-delà des slogans, convictions et loyautés politiques. Mais nos niveaux de conscience politique nationale et démocratique sont inquiétants. En particulier après la tragédie nationale de Bulawayo.

Au risque de me répéter, nous devons nous élever au-dessus de ces actes terribles et continuer à insuffler un sens démocratique plus profond à la politique nationale.  A ceux qui s’approprieraient l’« Opération Restaurer la légalité », à ceux qui parleraient de « Génération 40» et jusqu’à ceux qui appellent au « Consensus générationnel » et d’autres encore dont les « mantras et les principes » ne sont pas encore clairs, il doit leur être rappelé qu’ils ne dirigent pas pour eux-mêmes.  Ils dirigent pour d’autres et ils établissent les précédents de la nature de notre future situation politique démocratique telle que dirigée par des camarades plus jeunes qui pourraient ne pas avoir autant de patience qu’eux.  Que ce soit sur la base de leur expérience ou d’ambitions politiques à long terme, individuelles et organisationnelles. Il est donc bon que le gouvernement zimbabwéen se soit engagé à s’assurer que les élections soient organisées tel que prévu le lundi 30 juillet 2018. Peu importe les différences d’opinion politique et les rancunes politiques du passé.

Comme l’a chanté le légendaire musicien zimbabwéen Thomas Mapfumo, Hondo isu takairamba kare (« cela fait longtemps que nous avons rejeté les actes de guerre »). Nous devons nous tourner vers l’avenir et tout en reconnaissant le passé, chercher de meilleures solutions démocratiques aux séquelles de ce passé.  Avec des idées et contextes démocratiques centrés sur de meilleures personnes et une meilleure politique qui n’a rien à voir avec la violence alimentée par des motifs politiques.