Aujourd’hui, 8 mars, le monde fête la Journée Internationale des DROITS de la femme. En Afrique, cette célébration a désormais des airs de fête où les femmes mettent leurs plus beaux pagnes, défilent dans les rues et, dans certains pays ; s’attablent dans les bars pour un moment festif entre elles.

Entre 1910 où cette fête est « proposée » à ce qu’elle est devenue aujourd’hui en Afrique, la signification profonde de cette célébration s’est perdue en chemin.

Petit cours d’histoire

Au début du XX ème siècle, les femmes ouvrières réclament entre autres : le droit de meilleures conditions de travail, le droit de vote et l’égalité entre hommes et femmes, principalement au niveau de leurs salaires.

En 1910 à la conférence internationale des femmes socialistes, Clara Zetkin propose la création d’une « journée internationale des femmes ».

La date, elle ; n’est fixée qu’à partir de 1917 avec la grève des ouvrières de Saint Petersburg.

En 1977, les Nations Unies reconnaissent officiellement cette date

En Afrique, que célèbre t-on ?

Après 1977, année à laquelle l’ONU reconnaît officiellement le 08 mars ; de nombreux pays célèbrent désormais la journée internationale des Droits de la femme (ou journée internationale de la lutte pour les droits de la femme). L’Afrique n’est pas restée en marge de cette célébration.

Si au début, elle a gardé sa connotation engagée, en Afrique, la célébration de la journée internationale des droits de la femme a désormais pris une drôle d’allure.

Le « 8 mars » est présenté comme la « journée de la femme » et qui dit « journée de la femme », dit « attention particulière ».

Au Cameroun, au Congo, au Gabon notamment, il n y a pas de « journée de la femme » sans un pagne dédié à cet effet. Au Cameroun, « le pagne du 8 mars » est devenu une institution. C’est à qui le porte le mieux. Là-bas, c’est à qui « soulèvera son kaba ».

Ailleurs, en Afrique, la remarque est la même. Il n’est pas question de célébrer les droits de la femme ou de mieux se mobiliser pour atteindre ces fameux droits. Tout n’est que fête et ça, les annonceurs l’ont bien compris.

Les enseignes commerçantes rivalisent de promotions pour conquérir leur cible privilégiée, mais aussi les entreprises font un « geste » à l’intention du personnel féminin. Geste qui va d’un petit cadeau à un jour de congé. C’est selon.

Pourtant, nous sommes en 2018 et les mariages forcés, les violences faites aux femmes, les différences de salaires et bien d’autres maux sont encore une réalité. Ce qui devait être une commémoration militante est réduit à des détails qui n’aident en rien l’avancée d’une lutte qui reste profonde.

Et nos états dans tout ça ?

Doit-on encore énumérer les diverses revendications que portent les femmes aujourd’hui encore ?

Avec le récent #BalanceTonPorc qui a secoué le monde à propos des abus sexuels dont sont encore victimes les femmes ou encore les grilles salariales déséquilibrées entre hommes et femmes qui sont désormais le propre de notre société, que font nos Etats pour garantir aux femmes le respect de leurs droits ?

L’homme, encore présenté comme premier responsable des charges familiales, continue de recevoir un traitement de faveur, justifiant notamment les écarts salariaux par ses dépenses liées à ces fameuses charges.

De plus, aujourd’hui encore, là où un homme bénéficie de manière automatique de parts pour un mariage ou même pour les enfants déclarés ; une femme se devra –si elle a un enfant à charge – produire un jugement de tutelle pour certifier qu’elle prend effectivement en charge son enfant.

Les problèmes sociaux tels que les mariages précoces ou l’excision continuent d’être des préoccupation et les campagnes menées dans ce sens restent de simples gouttes d’eau dans un océan.

Que pouvons-nous faire ?

Une seule journée dans l’année ne saurait suffire à changer la donne, mais cette journée permet d’amplifier la voix et le cri des femmes à travers le monde.

Mesdames, ceci est un cri du cœur. Un appel à toutes nos sœurs à travers le monde et plus particulièrement, à travers le continent.

Chaque jour, les femmes voient leurs droits méprisés.

Et cela va de l’employeur qui exerce un harcèlement moral au maître d’école qui valorise davantage le travail d’un petit garçon, que celui d’une petite fille. Il est aussi question de la petite fille « prêtée » comme domestique afin de pouvoir payer la scolarité de son frère. Mieux, ces femmes bafouées parce qu’elles ne sont plus vierges ou même de celles qui doivent épouser de force leur « violeur » pour préserver l’honneur d’une famille.

Chaque jour, des jeunes filles n’ont pas accès aux soins de bases ou ne peuvent pas acheter un lopin de terre.

Le « 08 mars » devrait être l’occasion pour les femmes de magnifier leurs forces et leurs acquis, mais aussi de continuer le combat de nombreuses femmes grâce auxquelles, je n’aurais peut-être pas le droit de m’exprimer, de donner mon avis et d’assumer librement mes opinions.

A vous toutes qui me lisez, puissiez vous comprendre que le « 08 mars » n’est pas une fête et que aussi vrai que l’habit ne fait pas le moine ; le pagne ne saurait faire la femme.