L’une des plus grandes critiques que l’on a pu faire de l’Union Africaine (UA) a été d’avoir été financée par des fonds qui ne venaient pas du continent. Et pour cette raison, il est impossible de concrétiser la programmation soi-disant « dirigée vers l’Afrique », car quand les bailleurs donnent des fonds, ils ont d’autres mandats à remplir. Ce qui est caractéristique de toute entité vous donnant de l’argent. La situation a cependant évolué dans une certaine mesure.

L’année dernière, lors du 27e Sommet de l’UA à Kigali, au Rwanda, les chefs d’Etats ont décidé à l’unanimité qu’une taxe de 0,2 % serait prélevée sur toutes les importations éligibles et versée à l’UA afin de lui permettre de financer le budget de ses programmes ainsi qu’un Fonds pour la Paix. Le Fonds pour la Paix est destiné au Département Paix et Sécurité.

A l’heure actuelle, le budget opérationnel de l’Union Africaine est financé par les Etats membres, mais le budget des programmes accuse encore un retard. La décision prise à Kigali permettra aux Etats membres de financer le budget des programmes à hauteur de 75 % pour l’Union Africaine et de 25 % pour le Département Paix et Sécurité.

La raison pour laquelle le Fonds pour la Paix ne correspond qu’à 25 % est que la plupart des interventions militaires de l’Afrique sont menées de concert avec les Nations Unies. Il s’agit également d’un point réitéré par le Secrétaire général des Nations Unies, le Général Antonio Guterres, dans ses remarques lors de l’ouverture du 28e Sommet de l’Union Africaine à Addis-Abeba récemment. Il a indiqué que l’Afrique contribuait dans une large mesure aux missions de maintien de la paix dans le monde.

Depuis la réunion de l’année dernière, jusqu’à présent, le comité F10 a été sélectionné et s’est déjà réuni à deux reprises. F10 fait référence aux 10 ministres des Finances du continent, deux représentant chaque région. Ces pays sont l’Ethiopie, l’Egypte, le Tchad, le Ghana, la Côte d’Ivoire, le Congo, l’Afrique du Sud, l’Algérie, le Botswana et le Kenya

En discutant avec la Directrice de la programmation, du budget, des finances et de la comptabilité de l’Union Africaine, on ressent l’atmosphère d’optimisme laissant à penser que l’Afrique connaîtra la prospérité grâce à cette mesure. Selon Mme Assietpu Sylla Diouf, certains pays se conforment déjà à la directive. Le 15 septembre 2016, le Kenya avait déjà commencé à la mettre en oeuvre. Mais l’Union Africaine doit encore finaliser quelques points avec les Etats membres.

Ils doivent par exemple signer un Protocole d’accord avec les Banques centrales des Etats membres, et essayent toujours de trouver quelle sera la meilleure option – rédiger un Protocole, avec toutes les parties comme signataires, ou rédiger 54 Protocoles différents. Dans un cas comme dans l’autre, il ne s’agit que de « questions techniques ». Elles ne constituent pas une raison pour mettre un frein à la décision.

Seul un pays a exprimé sa réserve quand au Plan de financement, qui a été testé et éprouvé par la CEDEAO et la CEEAC.

Quelques informations sur le financement sur le développement  

Pourquoi introduire une taxe ?

La poursuite de la mise en oeuvre des programmes de l’union et sa réussite exigent des financements adéquats, prévisibles et viables. Cependant, en vertu des arrangements actuels, le budget de l’Union souffre toujours d’un manque de financement, tant de la part des Etats membres que des Partenaires du développement.

En moyenne, 67 % de la contribution assignée sont recueillis chaque année auprès des Etats membres. Et en moyenne, environ 30 Etats membres ne s’acquittent pas en partie ou en intégralité de leurs obligations chaque année. Ceci donne lieu à un déficit de financement conséquent entre le budget prévu et le financement réel, affectant la bonne réalisation du mandat de l’Union africaine

Budget opérationnel

Le Budget opérationnel sert essentiellement à financer le coût de fonctionnement de l’Union, de ses Comités techniques spécialisés, de ses bureaux et agences de représentation dans le monde, notamment le NEPAD et le MAEP. Les dépenses couvrent les frais administratifs, les coûts des services publics, les montants des investissements et frais de maintenance et les paiements statutaires pour tous les organes de l’UA. Les frais d’exploitation totalisent environ 110 millions d’USD en moyenne tous les ans pour les cinq dernières années et snt exclusivement financés par les Etats membres.

Le budget des programmes

Le budget des programmes de l’Union couvre l’exécution des programmes approuvée par l’Assemblée, et peut être globalement regroupé comme suit :

  • Programmes d’envergure continentale. Ceci inclut le rôle de l’UA dans des projets tels que la Zone de libre échange continentale et autres projets phares.
  • La mise en oeuvre de directives et décisions découlant des sommets, à titre de prérogative obligatoire et qui, relativement souvent, nécessitent des ressources financières.
  • Le maintien de la préparation aux interventions continentales pour des urgences politiques (par exemple la situation au Mali, au Burundi et en RCA) ou des aspects sociaux tels que l’épidémie d’Ebola et autres urgences imprévues.
  • La coordination de positions communes sur la scène internationale sur des questions sensibles pour le développement et la stabilité sociale du continent, comme le changement climatique, les migrations et les partenariats intercontinentaux.