Par Appolonaire Nishinimbere

L’Université du Burundi est la principale université publique comptant actuellement plus de 7 000 étudiants répartis dans 8 Facultés et 4 Instituts, elle a été créée en 1964 et est sous la tutelle du ministère de l’enseignement supérieur et la recherche scientifique. D’après le Professeur François HAVYARIMANA, elle « se veut être une université de référence dans la sous-région, voire dans toute l’Afrique ».

Cette université est en effet, depuis l’année académique 2011-2012, passée de l’ancien système où un cursus académique normal était de 4 ans plus une année de recherche/1er cycle, donc au total 5 ans pour le diplôme de licence après la défense d’un mémoire qui, pour moi équivaut à une thèse d’un master. Hélas ! Au même moment, dans les autres pays de l’EAC, la licence/bachelor degree s’obtenait en 3 ans, juste après un rapport de stage.

Il convient de signaler que l’Université du Burundi fait partie du Réseau Interuniversitaire des Pays des Grands Lacs et du Réseau Interuniversitaire des pays de l’EAC (East African Community). Imaginez par exemple, un licencié comme moi : j’ai fait 2 ans pour les candidatures (2008-2011) et deux ans de licence (2011-2012) en plus d’ une année de recherche (2013) pour mon mémoire de fin de cycle.

A chaque fois, je recevais un diplôme. Donc au total, j’ai deux diplômes de l’université du Burundi (diplôme des candidatures et un diplôme de licence). Quand le ministère a introduit un nouveau système BMD (3-2-3 /Bachelier-Maitrise-Doctorat), notre cher Ministère a décidé que les diplômés de l’ancien système soient considérés comme des bacheliers du nouveau système. Or, les bacheliers du nouveau système ne font que 3 ans pour le 1er cycle et un stage alors que nous, on faisait 4 ans et une année de recherche. Imaginez par exemple, un assistant de l’université du Burundi qui vient de passer 5 ans en enseignant les bacs et qui va être obligé de s’assoir avec ses étudiants pour faire sa maîtrise !

Si une fois ces mêmes trois ans pour le 1er cycle (bachelier) étaient respectés, on comprendrait et s’adapterait petit à petit, mais on me dit toujours que les années académiques deviennent plus élastiques qu’auparavant, il manquerait toujours de rigueur dans le suivi et le respect de l’année académique. Les professeurs y affiliés enseigneraient d’abord dans leurs universités privées où la plupart sont des actionnaires avant de s’acquitter de leurs cours à la seule et unique université publique.
Les conséquences ne manquent pas :

1. Sur le marché régional et international, nos diplômes sont toujours sous-estimés. A l’EAC par exemple, le minimum est d’avoir un diplôme de master pour être embauché. Alors que les anciennes licences devraient équivaloir au master vu les matières, recherche et période couvertes. Malheureusement, nos très chers décideurs qui ont reformé ce système ne doivent pas avoir eu l’intérêt des fils et filles du pays dans l’arène internationale.

2. Le nombre d’années passées à l’université impacte beaucoup sur le marché du travail. D’abord, l’âge de la retraite ne change pas, et puis, sous d’autres cieux, on y voit des docteurs de 25 ans. Il serait rare de voir un docteur de 25 ans diplômé de l’université du Burundi. Alors comment pourrions-nous compéter avec le monde sur le marché du travail ? Etc.

Chers décideurs burundais sur tous les plans, quand vous planifiez pour le pays, prière éviter de penser à vous-mêmes, penser aux générations futures et aux conséquences macro sur le pays.