La République démocratique du Congo parviendra-t-elle un jour à éradiquer définitivement Ebola ? En tout cas, la question mérite d’être posée. D’autant plus que chaque fois qu’on le croit vaincu, le virus Ebola refait toujours surface dans le pays. A l’heure qu’il est, le Congo en est à sa quinzième épidémie. Qu’est-ce qui ne fonctionne pas ? Pourquoi cet incessant va-et-vient de la maladie ?

En effet, c’est le dimanche 21 août 2022 que la mauvaise nouvelle est tombée. Un nouveau cas de virus Ebola détecté en territoire de Beni dans l’est de la République démocratique du Congo. Il s’agit d’une femme de 46 ans qui est décédée de la maladie le 15 août, et 160 cas contacts ont été dénombrés.

Beni c’est une région déjà meurtrie par la guerre et les atrocités de groupes armés. C’est dans cette même partie du pays que le virus avait fait des ravages entre 2018 et 2019, causant la mort d’au moins 2000 personnes.

Décidément, Ebola semble devenir une maladie saisonnière en RDC. Presque chaque année, on enregistre un nouveau foyer. En avril 2022, c’est dans la province de l’Equateur que le virus avait resurgi, alors qu’il avait déjà frappé la province deux ou trois ans plus tôt. A chaque fois, ce sont des morts, mais aussi des veuves, des veufs et des orphelins qui eux-mêmes deviennent des cas sérieux à prendre en charge.

Cette résurgence cyclique et interminable du virus amène à poser des questions sur l’efficacité de toutes les campagnes de riposte menées jusqu’à présent dans le pays. Les malades de précédentes épidémies ont-ils été bien soignés ? Les guéris ont-ils été bien guéris ? Et que faire pour vaincre définitivement le virus ?

Les causes possibles de la circulation ininterrompue du virus

Nul doute qu’il y a une cause à chaque chose. Soit certains dans la population ont consommé la viande de brousse contaminée par des animaux connus comme des réservoirs naturels de virus Ebola, notamment les chauves-souris frugivores ; soit les précédentes ripostes n’avaient pas éradiqué totalement le virus dans la population.

Cette dernière hypothèse semble digne de foi. Car, selon les investigations révélées par le docteur Michel Tosalisana, médecin chef de zone de santé de Beni, la femme de 46 ans décédée d’Ebola, appartenait à une famille et une aire de santé où les gens refusaient non seulement de croire qu’Ebola existe, mais aussi étaient très hostiles à la riposte contre le virus. Dans cette province du Nord-Kivu, en février 2019, un centre de traitement d’Ebola avait été incendié par des inciviques et les malades mis en débandade, avec tous les risques de contamination massive possible.

Quoi qu’il en soit, le fait que le virus circule désormais presque chaque année en RDC et dans les mêmes zones, est une preuve que la riposte a dû connaître des failles qu’il faut absolument corriger.

Gérer à la fois Ebola et Covid-19

Désormais, la province du Nord-Kivu doit gérer plusieurs épidémies à la fois, notamment Ebola, Covid-19 et même le choléra. Un membre des équipes de riposte contre Ebola a lancé un appel à la population de Beni à observer les mesures anti-Ebola bien connues dans la région. Mais cette fois-ci, je pense qu’il faudra que le gouvernement mette les bouchées doubles pour bouter définitivement Ebola hors du Congo.

Tous les pays qui ont connu le virus n’enregistrent pas ce rythme de récidive comme c’est le cas en République démocratique du Congo. Nous osons espérer que cette quinzième épidémie sera la dernière chez nous.