Une plainte en diffamation de Monsieur Sani Mahamadou Issoufou, envoie en prison Sabou Samira, journaliste-bloggeuse.

Sani Mahamadou Issoufou alias Abba, est conseiller principal à la communication de la présidence et fils du Président Mahamadou Issoufou du Niger.

Envoyer en prison une journaliste pour un commentaire dont elle n’est pas l’auteure relève d’un intolérable abus de pouvoir.

En effet, l’accusation fait référence à une réaction publiée par un internaute sur Facebook concernant les personnalités impliquées dans l’affaire de ‘’l’audit du ministère de la Défense du Niger’’. Audit ayant révélé des détournements de fonds de plusieurs milliards de francs CFA destinés à l’achat d’équipements pour les soldats engagés sur les différents fronts de lutte contre les groupes armés entre 2017 et 2019.

Plusieurs professionnels de médias au Niger ont traité cette information ainsi que des acteurs de la société civile qui ont demandé que les personnalités impliquées puissent répondre de leurs actes.

La journaliste Sabou Samira n’est donc pas la seule à s’intéresser à un tel dossier et à aucun moment elle n’a fait mention dans son article du nom du fils du Président du Niger.

Plus curieux, l’Etat du Niger, par un communiqué signé du porte-parole du gouvernement reconnait les faits à lui reprocher et relève des insuffisances dans les procédures de passation de marchés, ainsi que dans le suivi de leur exécution.

En quoi Sabou Samira dans l’exercice règlementaire de son métier de journaliste peut être accusée de diffamation par quelqu’un qui n’a jamais été cité dans l’article publié?

Par quel procédé le commentaire d’une tierce personne sur un sujet d’intérêt national peut-il valoir la prison à un citoyen qui plus est, une journaliste?

Le mercredi 10 juin 2020, respectueuse des institutions de son pays et ne se reprochant d’aucun délit, Sabou Samira répond à la convocation du juge d’instruction. Elle ne pouvait s’imaginer qu’elle allait atterrir en prison. Fait curieux, le mandat de comparution n’avait aucun lien avec la procédure indiquée. Elle sera plutôt accusée de diffamation par le fils du Président telle dans une République bananière où les juges sont aux ordres du pouvoir exécutif.

Etre fils de Président ne doit en aucun cas être synonyme d’abus de pouvoir et de harcèlement judiciaire. Etre fils de Président ne doit signifier de disposer de droit de vie, de mort ou de prison sur de paisibles citoyens. Un fils de Président ne peut en aucun cas être au-dessus de la loi quelque que soit son influence, sa position ou ses privilèges.
L’Afrique a besoin des fils de Présidents soumis aux lois de la République, respectueux des citoyens et attachés aux valeurs de justice et de liberté.
Les enfants des Chefs d’Etats doivent aider à la promotion du libre exercice de la liberté de presse et d’expression.

Le Président du Niger Mahamadou Issoufou, qui s’est évertué à se donner des allures de démocrate convaincu ces dernières années à l’impérieux devoir de faire cesser ce désordre en faisant procéder a la libération immédiate de Sabou Samira ainsi que de tous les activistes envoyés en prison dans ce dossier d’audit du ministère de la Défense du Niger concernant les surfacturations dans l’achat d’équipements militaires.