2018 est une année électorale au Cameroun, et même si on attend encore que le président sortant, qui est au pouvoir depuis 35 ans déjà, annonce sa candidature, on observe déjà dans le camp de l’opposition différents signes qui montrent la préparation pour le scrutin dont la date n’est pas encore fixée. En attendant que toutes les candidatures soient déclarées, on peut déjà commencer à s’interroger sur les chances de voir un candidat autre que celui du parti au pouvoir emporter l’élection présidentielle.

Crise de confiance

Au fil des années, l’opposition camerounaise a progressivement perdu la confiance des populations, au vu du manque de sérieux dont certains candidats ont fait preuve lors des scrutins. Par exemple, la plupart de ceux qui critiquaient violemment le parti au pouvoir se sont subitement retrouvés à battre campagne pour celui-ci, ou à appeler à voter pour lui.

Récemment encore, le leader d’un parti dit d’opposition a organisé un meeting à l’issue duquel il a annoncé qu’il soutiendrait financièrement la campagne du parti au pouvoir. On peut également citer le cas de l’actuel ministre de la communication, jadis farouche opposant, qui aujourd’hui est le défenseur de la politique du gouvernement dans lequel il est devenu une pièce maîtresse. Les exemples de ce type sont légion.

C’est ce genre d’action ainsi que plein d’autres qui ont laissé à la population le sentiment que les leaders de l’opposition ne se préoccupent que de leur propre bien-être. En conséquence, quelles que soient les promesses que ces derniers font, c’est avec beaucoup de méfiance qu’ils sont accueillis par les populations.

L’improbable coalition

Selon certains observateurs de la scène politique camerounaise, seule une coalition pourrait donner à l’opposition une chance de l’emporter face au parti au pouvoir. Ces derniers temps, on a entendu certains candidats se déclarer prêts à se rassembler dans une coalition. Pourtant, à quelques mois de l’échéance, aucune information dans le sens de la concrétisation d’une telle alliance n’est parvenue aux électeurs.

Une coalition donnerait-elle plus de crédit à l’opposition ? Sans doute. Ce serait une preuve qu’ils ne sont pas là pour leurs propres intérêts mais pour l’intérêt du peuple camerounais. Une coalition assurerait-elle la victoire à l’opposition ? Pas sûr. Le fait est que l’exécrable réputation dont jouit l’opposition camerounaise fait que la plupart des citoyens ne se donne plus la peine de s’inscrire sur les listes.

Lors de l’élection de 2011, on comptait environ 8 millions d’inscrits, contre à peine plus de 6 millions cette année (les inscriptions sont toujours en cours). Il serait donc difficile, même avec une coalition, d’avoir suffisamment d’électeurs pour faire pencher la balance du côté de l’opposition.

Ce qui rend également cette coalition difficile c’est que l’opposition ne s’entend pas sur la stratégie à adopter pour renverser le régime en place.

En rangs dispersés

L’opposition camerounaise avance en rangs dispersés, ce qui réduit considérablement ses chances de victoire. Tandis que certains sont pour une coalition des partis politiques, et que d’autres préfèrent faire cavalier seul, ou encore s’allier au parti au pouvoir, il y en a qui ont opté pour le boycott pur et simple du scrutin.

Le parti de Mme Kah Wallah, le Cameroon People’s Party (CPP) est dans cette optique-là. Pour le CPP et ses militants, il faut une transition politique qui devrait faire partir le président actuel et son régime.

Aucune illusion

L’opposition politique camerounaise est plutôt désorganisée, et si la majorité des partis ont un but commun qui est de prendre le pouvoir que le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) conserve depuis plusieurs décennies, force est de constater que les méthodes pour le faire diffèrent d’un parti à l’autre. Tout ceci, combiné à la mauvaise réputation dont l’opposition jouit et au peu d’intérêt des populations pour le vote, profite au parti du pouvoir qui, sauf miracle, remportera une fois de plus le scrutin de cette année.